Le 1er avril 2024, lors du massacre le plus violent depuis le début de l’attaque génocidaire israélienne, Israël a tué plus de 300 Palestiniens qui se réfugiaient au sein de l’hôpital Al-Shifa. La même soirée, l’armée israélienne a volontairement ciblé et assassiné 7 membres de l’ONG humanitaire World Central Kitchen dans la région de Deir al-Balah.
Par l’Agence Média Palestine, le 2 avril 2024
Le 1er avril dernier, les soldats israéliens ont tué plus de 300 Palestiniens se réfugiant dans l’hôpital Al-Shifa, ou étant venus rejoindre de la famille qui s’y réfugiait, en entendant la nouvelle du retrait des troupes du centre médical assiégé. Il s’agit du massacre le plus violent depuis le début de l’agression génocidaire qu’Israël inflige à la population de Gaza depuis maintenant presque 6 mois.
Les images rapportées témoignent de l’horreur de cette opération : les soldats israéliens ont pulvérisé et pratiquement entièrement brûlé ce qu’était autrefois l’hôpital le plus important de la bande de Gaza. Des corps calcinés, en décomposition, ligotés pieds et poings liés derrière le dos, gisent à travers les décombres. Certaines images montrent des corps écrasés par des bulldozers, réduits à néant.
Des témoins, victimes de l’assaut, et médecins du centre médical décrivent la zone de l’Al-Shifa comme un cimetière de masse. Selon des témoins du massacre, les soldats israéliens se seraient également livrés à des exécutions sommaires de Palestiniens dans l’enceinte de l’hôpital.
Selon l’OMS, 21 personnes ont été tuées depuis le début du siège dans l’hôpital, alors que 107 autres patients y attendaient toujours des soins médicaux
Le journaliste Hossam Shabat, opérant dans le nord de la bande de Gaza depuis le 7 octobre, a livré sur son compte X (ex-Twitter) un témoignage de ce qu’il a pu observé ces dernières heures à l’hôpital Al-Shifa :
« Je travaille sans relâche depuis six mois pour couvrir ce qui se passe à Gaza, mais ce que j’ai vu aujourd’hui en visitant l’hôpital Al-Shifa ne ressemble à rien de ce que j’ai pu voir auparavant :
Les forces d’occupation israéliennes ont exécuté 300 Palestiniens à l’intérieur et autour de l’hôpital, et ce matin, j’ai vu des centaines de corps à l’extérieur de l’hôpital, il n’y avait pas un seul corps entier, tous les corps étaient soit en morceaux, soit gravement mutilés.
Les corps étaient dans des conditions horribles ; beaucoup avaient les mains et les jambes attachées dans le dos et avaient été écrasés par un bulldozer.
De nombreux corps ont été brûlés et laissés à l’abandon.
Plusieurs corps étaient décomposés et en partie dévorés par des chiens errants.
La plupart des corps étaient méconnaissables ; les familles ne pouvaient les identifier que par leurs vêtements.
L’hôpital Al-Shifa était considéré comme le plus grand complexe médical de la bande de Gaza, prenant en charge de nombreux cas complexes. Il a été complètement détruit ; ils l’ont incendié et ont détruit tout l’équipement médical. Les forces d’occupation israéliennes n’ont qu’un seul objectif : détruire chaque parcelle de la bande de Gaza. »
Le médecin Ghassan Abu Sitta, déplore lui aussi sur sa plateforme l’infamie de l’attaque israélienne sur l’hôpital, une attaque qui s’inscrit dans le contexte global d’agression génocidaire que mène Israël depuis maintenant plus de 180 jours contre la population de la bande de Gaza.
Abu Sitta pleure l’assassinat de son collègue Ahmad Maqadmeh, chirurgien plastique travaillant à Al-Shifa depuis le 7 octobre, assassiné aux côtés de sa mère Yusra al-Maqadmeh, elle aussi médecin à Al-Shifa. Leurs corps ont été retrouvés criblés de balles aux abords de l’hôpital, le 1er avril dernier.
Il rappelle également lors d’une interview avec Democracy Now la responsabilité de tous de stopper la « machine génocidaire » israélienne.
Dans un nouveau massacre le 1er avril au soir, Israël a délibérément ciblé et assassiné sept membres de l’ONG humanitaire World Central Kitchen (WCK), qui étaient sur place pour alimenter des femmes, hommes et enfants contre la famine.
Selon un rapport de l’ONG, l’équipe de WCK se déplaçait dans une zone « éloignée des bombardements et des conflits » à bord de deux voitures blindées portant le logo de WCK. Le convoi a été ciblé et touché alors qu’il quittait l’entrepôt de Deir al-Balah, où l’équipe avait distribué plus de 100 tonnes d’aide alimentaire humanitaire acheminée à Gaza par voie maritime.
Le journaliste Muhammad Shehada, responsable des communications chez EuroMed Monitor, explique dans une récente publication sur son compte X (ex-Twitter) que le ciblage délibéré des membres de l’ONG WCK se comprend à la lumière des différents bombardements des différents véhicules ayant transporté les membres de l’organisation. Il explique :
« La distance entre chaque véhicule WCK bombardé et l’autre montre sans l’ombre d’un doute que les FDI ont pris leur temps pour éliminer délibérément et chirurgicalement l’ensemble de l’équipage.
La deuxième voiture a été bombardée après avoir secouru les survivants de la première, et la troisième après avoir secouru les survivants de la deuxième ! »
Dans leur communiqué, la PDG de l’organisation WCK déclare que « Il ne s’agit pas seulement d’une attaque contre WCK, mais aussi d’une attaque contre les organisations humanitaires qui interviennent dans les situations les plus désastreuses où la nourriture est utilisée comme arme de guerre. C’est impardonnable ».
Les sept personnes tuées étaient originaires d’Australie, de Pologne, du Royaume-Uni, des États-Unis et du Canada, et de Palestine.
Dans une déclaration du 2 avril 2024, le coordinateur humanitaire pour le territoire palestinien occupé, M.Jamie McGoldrick affirme que « Il ne s’agit pas d’un incident isolé. Au 20 mars, au moins 196 humanitaires avaient été tués dans le territoire palestinien occupé depuis octobre 2023. Ce chiffre est près de trois fois supérieur au nombre de morts enregistrés dans un seul conflit au cours d’une année ».
Il ajoute également que « Depuis octobre 2023, le territoire palestinien occupé est devenu l’un des endroits les plus dangereux et les plus difficiles dans lesquels travailler au monde. Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza ».
Après plus de 180 jours de bombardements israéliens sur la bande de Gaza, Israël a assassiné plus de 32 623 Palestiniens, dont 12 300 enfants depuis le 7 octobre 2023.