Nouveaux massacres à Gaza : plus d’une centaine de civils assassinés

L’armée israélienne a massacré de nombreux civils ces deux derniers jours dans trois attaques ciblant des zones censées être « sûres ».

Par l’Agence Média Palestine, le 15 juillet 2024

Une femme palestinienne pleure devant le cadavre d’un membre de sa famille à la morgue de l’hôpital Nasser à Khan Yunis le 13 juillet 2024.

88 morts dans un campement déclaré « sûr » à Mawasi

Un nouveau massacre a eu lieu samedi 13 juillet dans le quartier de Mawasi, dans la localité de Khan Younis, touchant un camp de réfugiés dans une zone qui avait pourtant été déclarée « sûre » par l’armée israélienne. Le ministère de la santé de Gaza a déclaré qu’au moins 92 Palestiniens avaient été tués dans l’attaque de samedi, ajoutant que 289 autres avaient été blessés.

Selon Nabil Walid, un habitant basé à Khan Younis, un missile a touché le complexe gazier d’Ajrar, ce qui a entraîné une explosion, tandis qu’un autre a frappé une usine de dessalement d’eau. « L’horreur. Environ six avions F-16 ont lâché des bombes sur nous dans la rue Nasser, autour de la station d’eau Sultan », a-t-il déclaré, précisant que des personnes avaient été projetées sur le sol.

« Tous les martyrs sont des civils, et ce qui s’est passé est une grave escalade de la guerre de génocide, soutenue par les États-Unis et le silence du monde », a déclaré le porte parole du gouvernement de Gaza Abu Zuhri, ajoutant que l’attaque prouvait qu’Israël n’était pas intéressé par un cessez-le-feu.

L’explosion a touché des tentes qui abritaient des personnes déplacées, venues se réfugier ici car la zone leur avait été désignée comme « sûre ». Les survivants de cette attaque décrivent des cadavres démembrés, pour beaucoup des enfants. Le bilan pourrait s’alourdir encore car de nombreux corps seraient encore enfouis dans le sable.

 » Une jambe m’a frappée, et j’ai vu des corps démembrés à quelques mètres de là « , déclare Shaima, une habitante du camp, dans un article de Mondoweiss. « J’ai vu un jeune enfant qui criait. Il avait perdu ses membres inférieurs et rampait sur les mains en criant. Les bombes n’ont pas cessé, et soudain le garçon a disparu. J’ai vu comment il s’est volatilisé devant moi alors que nous courrions et que nous baissions les yeux vers le sol, incapables de faire autre chose que de courir ».

« Al-Mawasi est très fréquenté et possède un grand marché où les gens se déplacent pour essayer de satisfaire leurs besoins de base », déclare Mohammed Al Khatib, employé de Medical Aid for Palestinians basé à Khan Younis. Son organisation a été contrainte d’évacuer temporairement l’un de ses points médicaux destiné à fournir des services de soins de santé primaires, en raison de l' »insécurité ».

Un responsable de l’hôpital Nasser de Khan Younis a déclaré que l’établissement était submergé de corps et de blessés à la suite de l’attaque de Mawasi, a rapporté Al Jazeera, ajoutant que les équipes médicales n’avaient pas la capacité de traiter davantage de personnes.

Au moins 20 morts à Al-Shati

Le même jour, la Défense civile palestinienne fait état de 20 morts dans une frappe sur le camp de réfugiés d’al-Shati, à l’ouest de Gaza-ville. Les avions de combat israéliens ont pris pour cible une salle de prière dans le camp, a précisé WAFA.

« Ce massacre s’inscrit dans la continuité du génocide perpétré par l’armée d’occupation contre le peuple palestinien pour le dixième mois consécutif », a déclaré le bureau des médias du gouvernement de Gaza dans un communiqué. « Nous tenons l’occupation israélienne et l’administration américaine entièrement responsables de la poursuite de ces massacres contre les personnes déplacées et les civils ».

À propos de ce nouveau massacre, la rapporteuse spéciale à l’ONU déclarait sur son compte X « La guerre génocidaire d’Israël à Gaza est si intense qu’un nouveau massacre de 20 civils aujourd’hui, dans un camp de réfugiés (dans la ville de Gaza) n’a pratiquement pas été couvert par les médias, compte tenu du massacre simultané beaucoup plus important à al-Mawasi (dont le bilan s’élève désormais à 90 morts). »

17 morts dans une école à Nuseirat

Dimanche 14 juillet, les forces israéliennes ont tué au moins 17 personnes après avoir frappé une école abritant des Palestiniens déplacés dans le camp de réfugiés de Nuseirat, selon l’agence de défense civile de Gaza. Plus de 80 personnes ont été blessées dans l’attaque de dimanche contre l’école Abu Oraiban, gérée par l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNWRA).

Scott Anderson, coordinateur humanitaire adjoint et directeur des affaires de l’UNRWA à Gaza, déclare dans un communiqué avoir « assisté à certaines des scènes les plus horribles que j’ai vues au cours des neuf mois que j’ai passés à Gaza » lors de sa visite à Nuseirat dimanche. « Faute de lits, de matériel d’hygiène, de draps ou de blouses en nombre suffisant, de nombreux patients ont été soignés à même le sol sans désinfectant. Les systèmes de ventilation étaient éteints en raison du manque d’électricité et de carburant, et l’air était empli de l’odeur du sang. J’ai vu des bébés doublement amputés, des enfants paralysés et incapables de recevoir un traitement, et d’autres séparés de leurs parents. J’ai également vu des mères et des pères qui ne savaient pas si leurs enfants étaient en vie », a-t-il conclu, ajoutant que la région avait été qualifiée de « zone humanitaire » par l’armée israélienne.

L’école abritait « des milliers de personnes déplacées », a déclaré le porte-parole de la défense civile palestinienne, Mahmoud Basal, ajoutant que la plupart des morts étaient des femmes et des enfants. Cette attaque est la cinquième à viser une école transformée en refuge en huit jours. L’Union européenne, la France et l’Allemagne ont demandé mercredi 10 juillet l’ouverture d’une enquête sur les grèves dans les écoles. Depuis le 7 octobre, deux tiers des écoles réhabilitées par l’UNRWA en abri pour les palestiniens déplacés ont été touchées, certaines ont été « bombardées », beaucoup ont été « gravement endommagées ».

Dans une interview accordée à Al-Jazeera, Adnan Abu Hasna, conseiller média de l’UNRWA, déclare dimanche que l’agence fournit constamment à l’armée israélienne les coordonnées de ses écoles. Il ajoute que les bombardements envoient un message clair qu’il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza et a décrit la situation comme extrêmement dangereuse, avec 1,8 million de Palestiniens poussés dans un espace très étroit.

Des milliers de déplacés ne savent plus où aller

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) condamnait la semaine dernière les ordres contradictoires d’évacuation émanant de l’armée israélienne, qualifiant de dangereusement « chaotique » les mouvements de milliers de personnes dans Gaza. « L’on voit les gens fuir dans toutes les directions, sans savoir où trouver un lieu sûr. Beaucoup circulent sous les échanges de tirs et les bombardements avec très peu d’effets personnels ».

Le 9 juillet, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies dans le territoire palestinien occupé (TPO) s’est dit consterné que l’armée israélienne ait de nouveau ordonné aux habitants de la ville de Gaza d’évacuer vers des zones où « les opérations militaires se poursuivent et où des civils continuent d’être tués et blessés ». Israël demande parfois aux civils déplacés de passer par des quartiers où des combats ont lieu. S’adressant à la presse le 10 juillet, le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric, a averti que le niveau des combats et des destructions observés à Gaza ces derniers jours est « vraiment choquant » et a souligné que, indépendamment des derniers ordres d’évacuation, « les civils doivent être protégés et leurs besoins essentiels doivent être satisfaits, qu’ils fuient ou qu’ils restent ».

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