Gaza, jour 361 : la matinée la plus meurtrière depuis des semaines

Bien que tous les regards soient tournés vers le Liban, où Israël poursuit ses attaques meurtières qui ont fait plus de 1000 mort·es, l’armée israélienne n’a pas cessé ses intenses bombardements sur Gaza. Point sur la situation dans l’enclave palestinienne ces derniers jours, au lendemain de ce qui pourrait être la nuit la plus meurtrière depuis des semaines.

Par l’Agence Média Palestine, le 2 octobre 2024

CHIFFRES CLÉS — jour 361

41 615 palestinien-nes assassiné·es
96 359 blessé·es
33 % d’enfants (au moins 115 avaient moins d’un an)
18,4 % de femmes
8,6 % de personnes âgées

Le dernier rapport de l’OCHA, daté du 30 septembre 2024, fait état de 81 Palestinien·nes assassiné·es entre le 26 et le 30 septembre, lors de différentes frappes aériennes et opérations terrestres à Jabalya, dans les camps de réfugié·es An Nuseirat à Deir al-Balah, à al-Mawasi et an-Naser près de Rafah, et dans les quartiers Ash Shabia et Ad Daraj.

Le rapport alerte sur les conditions de vie à Gaza qui ne cessent de s’aggraver, et notamment sur les risques entrainés par la saison des pluies qui commence, exposant des centaines de milliers de personnes à un risque accru de déplacement supplémentaire, de perte de biens, de risques sanitaires et d’accès limité aux services essentiels.

Les Nations unies et leurs partenaires humanitaires déclarent avoir élaboré un plan d’hivernage visant à répondre aux besoins essentiels de plus de 2,1 millions de personnes à Gaza pendant les mois d’hiver, dont plus de 850 000 personnes vivant dans des zones inondables dans 49 quartiers. La mise en œuvre de ces interventions est entravée par le siège imposé par Israël, puisqu’elle nécessiterait une entrée sans entrave des articles humanitaires nécessaires à Gaza, la disponibilité de quantités suffisantes de carburant et la facilitation d’un trafic humanitaire sûr entre les entrepôts et les points de distribution. Les difficultés rencontrées par les acteur·ices humanitaires pour accéder au nord de la bande de Gaza sont particulièrement préoccupantes, car certaines parties de la bande de Gaza sont exposées à des risques d’inondation.

Les journalistes à nouveau ciblés

Une frappe aérienne israélienne a tué la journaliste palestinienne Wafa Aludaini et sa famille lors d’une attaque directe sur sa maison dans le centre de la bande de Gaza, ont déclaré les autorités locales lundi. Co-fondatrice du collectif du 16 octobre, Wafa Aludaini travaillait pour des organes de presse internationaux, elle est décédée aux côtés de son mari, Mueir Aludaini.

« Aludaini était bien connue des médias européens et transmettait les souffrances de notre peuple en anglais, langue qu’elle maîtrisait parfaitement », déclare Ahmed Abu Artema, journaliste palestinien et ami d’Aludaini. « Ce sont ses paroles et son travail de journaliste qui justifient le fait qu’elle soit prise pour cible », a-t-il ajouté.

Mercredi 2 octobre matin, des avions de combat israéliens ont pris pour cible la maison familiale du journaliste Ahmed al-Zard dans le sud-est de Khan Younis, selon l’agence de presse Wafa. La frappe a entraîné la mort du frère, de l’oncle et de deux cousins de Zard. Zard lui-même, ainsi que sa mère et un autre frère, ont été gravement blessés et sont actuellement soignés à l’hôpital.

Au moins 165 journalistes ont été assassiné·es à Gaza depuis le 7 octobre 2023, et nombre d’entre elles et eux ont été directement pris pour cible par les forces israéliennes.

L’enfance perdue de Gaza

Une nouvelle étude réalisée par l’Université de Cambridge, le Centre d’études libanaises et l’UNRWA, indique que la crise actuelle à Gaza va retarder l’éducation des enfants de cinq ans, et risque de créer une génération perdue de jeunes Palestinien·nes traumatisé·es à vie.

Education Cluster prévient également que bon nombre des 215 espaces temporaires d’apprentissage (TLS), qui desservent près de 34 000 enfants, risquent maintenant d’être gravement affectés par les inondations à venir.

Dans un article de Mondoweiss traduit cette semaine par l’Agence Média Palestine, Tareq S Hajjaj et Qassam Muaddi expliquent comment, de multiples manières, l’enfance est prise pour cible à Gaza et dans toute la Palestine, en faisant « l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant »

Un homme pleure sa famille après les frappes aériennes sur des tentes à Khan Younis, le 14 septembre 2024 (image : AP News)

Une nuit sanglante

Dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 octobre, des frappes israéliennes simultanées sur un orphelinat et une école transformée en refuge dans la ville de Gaza ont tué au moins 25 personnes, dont des enfants, selon les médias palestiniens. Les attaques ont visé l’école Muscat dans le district de Tuffah et l’orphelinat al-Amal dans le quartier de Rimal.

Mardi soir, les forces israéliennes ont également bombardé une école dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de Gaza, tuant au moins 13 personnes, dont des enfants. Cette attaque a coïncidé avec un bombardement intense du camp de réfugiés de Nuseirat, situé au sud du corridor de Netzarim occupé par Israël, après que des Palestiniens déplacés aient tenté de regagner le nord de la bande de Gaza depuis le sud

Deux autres attaques israéliennes ont été rapportées mardi soir, assassinant au moins cinq Palestinien·nes à Rafah, dans le sud de l’enclave, et dans la banlieue de Zeitoun, dans la ville de Gaza, selon le ministère de la santé de Gaza. Dans le sud de la bande de Gaza, des attaques aériennes ont accompagné l’arrivée des chars dans trois quartiers de Khan Younis. Au moins 32 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées, a indiqué l’hôpital européen de la ville, selon l’agence de presse Associated Press.

Au moins 79 Palestinien·nes auraient été tué·es dans la bande de Gaza au cours de cette seule nuit, selon un bilan provisoire des sources médicales, soit la plus meurtrière dans l’enclave assiégée depuis des semaines.

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