Gaza, jour 405 : un nouveau « massacre de la farine »

Israël poursuit sa guerre génocidaire à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. Point sur la situation cette semaine à Gaza, alors que l’armée israélienne assassine des civil·es palestinien·nes qui attendent de l’aide humanitaire ou encore dans les zones « sûres »

Par l’Agence Média Palestine le 15 novembre 2024

CHIFFRES CLÉS
à Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
43 736 mort·es
103 370 blessé·es
1,9 million de déplacé·es

au Liban depuis le 7 octobre 2023 :
3 386 mort·es
14 417 blessé·es
1,2 million de déplacé·es

en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023 :
783 mort·es
dont 146 enfants
19 031 déplacé·es

70 Palestinien·nes assassiné·es dans un nouveau « massacre de la farine »

Mercredi 13 novembre, des dizaines de Palestinien·nes étaient rassemblé·es au nord de la ville de Gaza suite à l’annonce de l’arrivée d’un convoi humanitaire transportant des vivres, alors que cette zone de l’enclave palestinienne en avait été privée depuis plus de 50 jours consécutifs.

L’armée a ouvert le feu sur elles et eux avec des obus et des balles, les obligeant à se mettre à l’abri dans une maison résidentielle située à proximité. Le bâtiment a été aussitôt bombardé et détruit. Les cris de celles et ceux qui se trouvaient encore dans la maison visée ont été entendus, mais les secours n’ont pas pu les atteindre en raison des tirs nourris sur la zone.

Les premiers rapports indiquent qu’il y avait environ 200 personnes rassemblées dans la zone au moment de l’attaque, dont 70 ont été tuées et blessées. De nombreuses autres personnes sont toujours portées disparues et probablement coincées sous les décombres, et aucune opération de sauvetage n’a pu être menée car l’armée israélienne a effectivement mis fin aux services de défense civile et d’ambulance palestiniens après avoir menacé, confisqué, bombardé et brûlé des camions de pompiers et des ambulances dans le nord de la bande de Gaza depuis maintenant 23 jours.

Le siège du nord de Gaza

L’agence WAFA rapporte que depuis ce matin, l’armée israélienne a tué au moins sept Palestinien·nes au nord de Gaza, dans différentes attaques terrestres et aériennes sur le camps de Jabalia, dans le quartier de Sheikh Radwan et à Beit Lahia.

Le 9 novembre, les Nations unies et leurs partenaires estimaient qu’entre 100 000 et 130 000 personnes avaient été déplacées depuis le nord vers la ville de Gaza, et qu’il restait entre 50 000 et 75 000 personnes dans la zone assiégée. La défense civile palestinienne (PCD) estime qu’au moins 1 300 Palestinien·nes ont été assassiné·es depuis le début de cette opération.

Selon le Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA), « six tentatives d’acheminement d’une aide vitale dans les zones assiégées du gouvernorat du nord de Gaza ont été bloquées », rien qu’au cours des deux derniers jours. Depuis le début du mois de novembre, toutes les tentatives des Nations unies pour accéder aux zones assiégées du gouvernorat du nord de Gaza avec des missions alimentaires et sanitaires afin de soutenir les dizaines de milliers de personnes qui y restent ont été soit refusées, soit entravées.

Le directeur de l’hôpital Kamal Adwan, l’un des derniers à fonctionner partiellement dans la zone, alerte sur l’augmentation dramatique des cas de sévère malnutrition, principalement des enfants. Le 8 novembre, le Comité d’examen de la famine (CEF) de la classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire (IPC) avait lancé une alerte, mettant en garde contre une probabilité imminente et substantielle de famine dans les zones situées au nord de Gaza.

L’OMS rapporte que l’accès aux hôpitaux est par ailleurs gravement restreint en raison des tirs nourris qui empêchent les Gazaoui·es de se déplacer et les ambulances de rejoindre les blessé·es. Depuis le 3 novembre, en raison d’une grave pénurie de carburant, l’hôpital Al Awda a été contraint de faire fonctionner ses générateurs seulement trois heures par jour, ce qui a interrompu des opérations chirurgicales vitales et d’autres services de santé, a ajouté l’OMS.

Un camp de civils réfugiés bombardé à Deir al-Balah, le 9 novembre à Gaza – Omar Ashtawy apaimages/SIPA

Les civil·es assassiné·es dans les zones humanitaires

Alors qu’Israël continue de délivrer des ordres d’évacuation au nord de Gaza et que de nombreux·ses civiles témoignent de « marches de la mort » où les soldat·es menacent, blessent et tuent celles et ceux qui tentent de fuir, les zones désignées comme « sûres » sont également attaquées. De nombreux assauts meurtriers ont été rapportés ces derniers jours dans des zones humanitaires, notamment au camp de réfugié·es de Nuseirat et à Khan-Younis.

Le camp de Nuseirat, situé sur le « corridor de sécurité » désigné par Israël comme passage pour les gazaoui·es qui fuient le nord, a été bombardé à plusieurs reprises au cours des derniers jours, et des tanks israéliens y ont mené une attaque dimanche, assassinant plus de 11 Palestinien·nes.

Le 12 novembre, l’armée israélienne a assassiné plusieurs Palestinien·nes qui attendaient de recevoir de la nourriture dans une « zone humanitaire » désignée comme sûre par les ordres d’évacuation israéliens. La frappe aérienne meurtrière a touché un véhicule tuk-tuk près d’un point de distribution d’aide dans la zone de Miraj, au nord de Rafah. Des images troublantes de la scène montrent le sang des victimes mélangé à de la farine sur le sol.

« Quelle zone humanitaire ? Les Israéliens se moquent de nous. Je jure que nous étions dans la zone humanitaire », a déclaré Mahmoud Abu Taha, en pleurant devant le corps de son frère Mazen, qui a été tué dans l’attaque.

Selon les dernières données du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de ses partenaires, un total de 64 attaques contre des écoles, qui servent principalement d’abris pour les personnes déplacées, ont été documentées en octobre, dont 25 dans le nord de Gaza, avec environ 128 personnes tuées, dont beaucoup d’enfants.

Les attaques du mois dernier, deux par jour en moyenne, représentent 28 % du nombre total d’attaques contre des écoles enregistrées depuis octobre 2023 (226 attaques), selon l’UNICEF. Réitérant l’appel de l’agence à toutes les parties pour mettre fin aux violations graves contre les enfants et aux attaques contre les civils et les infrastructures civiles, la Directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell, a déclaré : « Les écoles ne devraient jamais se trouver sur les lignes de front de la guerre, et les enfants ne devraient jamais être attaqués sans discernement alors qu’ils cherchent un abri », ajoutant que les enfants “doivent être protégés des dangers, et leur droit à l’éducation doit être respecté, même au milieu d’un conflit”.

L’ONU qualifie les pratiques d’Israël de génocide

Un comité de l’ONU affirme que les méthodes de guerre d’Israël dans la bande de Gaza « correspondent aux caractéristiques d’un génocide », dénonçant notamment l’utilisation par Israël de la famine comme « arme de guerre ».

« A travers son siège de Gaza, son obstruction de l’aide humanitaire, ses attaques ciblées et en tuant des civils et des travailleurs humanitaires, malgré les appels répétés de l’ONU, les ordonnances contraignantes de la Cour internationale de justice et les résolutions du Conseil de sécurité, Israël cause intentionnellement la mort, la famine et des blessures graves », estime le comité dans un communiqué.

Les méthodes de guerre employées par Israël « correspondent aux caractéristiques d’un génocide », selon ce comité spécial de l’ONU, créé en 1968 et chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, conquis l’année précédente par Israël (Cisjordanie et bande de Gaza). Human Rights Watch, de son côté, a déclaré que le déplacement forcé à répétition des Gazaouis constituait un crime contre l’humanité.

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