Le soutien à la Palestine, parmi les étudiant-es des universités françaises, reste fort malgré une répression violente l’an dernier. Ces dernières semaines, la mobilisation reprend de l’ampleur et pourrait redonner du souffle au mouvement national de solidarité avec le peuple Palestinien.
Par l’Agence Média Palestine, le 25 novembre 2024
Depuis plus d’un an, les étudiant·es se mobilisent pour la Palestine avec des revendications qui portent avant tout sur la reconnaissance publique par leurs institutions du génocide et scolasticide en cours. Les étudiant·es réclament aussi la fin des partenariats avec des universités israéliennes, la fin des partenariats avec des entreprises visées par des campagnes internationales de boycott, et la facilitation de l’accueil d’étudiant·es et chercheur·ses palestinien·nes ou libanais·es.
Depuis le début du mois de novembre, les comités de solidarité avec le Palestine, pour la plupart mis en place dès l’an dernier, reprennent leurs activités sur les campus, notamment à Paris où les universités de toute la région sont bloquées, ponctuellement ou en continu depuis des semaines par les comités Palestine : à Tolbiac Paris 1, Clignancourt P4, Sorbonne Nouvelle Paris 3, Paris 8, l’ENS, Sciences-Po, etc.
Sur le campus Jourdan, les étudiant·es de l’ENS-PSL (Ecole Normale Supérieure, Paris Sciences et Lettres) et PSE (Paris School of Economics) ont décidé le blocage le 6 novembre. Cette journée de mobilisation a été l’occasion d’une grande assemblée, d’une formation anti-répression et de l’intervention d’une chercheuse spécialisée sur l’économie coloniale, qui devait faire un séminaire ce jour-là et a accepté de venir spécialement pour soutenir les étudiant·es dans leur lutte et animer un débat sur l’histoire coloniale de la Palestine. Le lendemain, le blocage est reconduit, et les étudiant·es décident d’essaimer leur mouvement à l’école des Mines, voisine du campus, qui se voit également bloquée pendant plusieurs heures avant d’être expulsé·es par les forces de l’ordre.
Au campus de Paris 8, ce sont les mobilisations contre la tenue du gala organisé par l’association Israel is Forever, et le match de football opposant l’équipe de France à celle d’Israël le lendemain, qui ont amené les étudiant·es à décider le blocage du site les 13 et 14 novembre 2024. Suite à ces journées d’actions très suivies, les étudiant·es mobilisé·es ont décidé d’une nouvelle journée d’actions le 26 novembre.
À Clignancourt, sur le campus Sorbonne Université (anciennement appelé Paris 4), les militant·es du Comité Palestine ont organisé plusieurs assemblées générales depuis la rentrée, avant de décider collectivement le blocage du site au début du mois de novembre. Depuis, le campus a été bloqué chaque jour, à quelques exceptions, et les étudiant·es sont déterminé·es à maintenir leur action jusqu’à ce qu’ils et elles soient entendu·es.
Un mouvement invisibilisé
Jusqu’ici, nous explique Mustafa, militant·e du Comité Palestine du campus de Clignancourt, « il n’y a pas vraiment de discussion ». Lors d’une discussion avec la doyenne du campus, celle-ci leur a proposé pour toute réponse au comité la mise à disposition d’une salle pour que les étudiant·es puissent se réunir. « C’est hors sujet : si on veut un amphi, on le prend, ça n’a jamais posé un problème. Nos revendications ne sont simplement pas écoutées. »
Mustafa voit dans le refus de discussion de la part de sa direction une volonté d’épuiser le mouvement étudiant sans avoir à le confronter. Car si les blocages se passent globalement sans heurts lorsqu’ils se situent sur des sites excentrés, les étudiant·es sont aussitôt évacué·es par la police lorsqu’ils et elles tentent de manifester à « la maison mère », soit le campus historique de l’université de la Sorbonne. Un enjeu de visibilité fort, qui pourrait décider du rapport de force.
Car outre la surdité des directions universitaires, le silence sur ce mouvement pourtant très soutenu est pour le moins étonnant. Alors que les manifestations massives de soutien à la lutte du peuple palestinien se font plus espacées, la mobilisation étudiante pourrait cependant lui insuffler une nouvelle énergie.
« Il n’y a eu aucune couverture médiatique de notre lutte, à part pour donner la parole à des militant·es d’extrème droite qui prétendent avoir été agressé·es, ce qui est complètement faux », raconte Mustafa. « Il y a un enjeu majeur à lutter contre l’invisibilisation et la criminalisation du soutien à la Palestine, dans les universités comme ailleurs. »
Un nouveau souffle pour le mouvement de solidarité avec la Palestine
Mais malgré le silence qui entoure leur mobilisation, les étudiant·es restent déterminé·es et continuent d’amplifier leur mouvement. Mercredi dernier, une première assemblée générale a rassemblé plus de 200 militant·es venus de tous les campus parisiens, qui ont décidé collectivement de leur participation commune à des manifestations et journées d’actions prévues dans les prochaines semaines.
Les liens forts entre les campus sont déterminants, chacun pouvant faire appel à d’autres pour se renforcer. Cette semaine, de nombreuses initiatives s’organisent, rejoignant plusieurs appels internationaux. De blocage en assemblée, sur chaque campus, la mobilisation s’amplifie. Les étudiant·es s’entraident et les liens entre les campus sont renforcés autour de journées d’actions qui mobilisent largement.
Ce mardi 26 novembre par exemple, le Comité Solidaire Palestine Sorbonne 4 appelle à perturber la participation du groupe Safran, vendeur d’armes complice d’Israël, à l’« atrium des métiers » organisé par la faculté de Sorbonne Université. Cet appel a été rejoint par plusieurs syndicats étudiants et mouvements de solidarité, dont la campagne Stop Arming Israel.
Vendredi 29 novembre, journée internationale de solidarité avec la Palestine, les étudiant·es appellent à se mobiliser massivement, à bloquer leurs établissements et à multiplier les actions pour faire entendre leurs voix.