Gaza, jour 426 : Israël bombarde des tentes à Gaza alors que la condamnation internationale grandit

Israël poursuit sa guerre génocidaire à Gaza, en Cisjordanie et au Liban, alors qu’Amnesty international vient de publier un rapport concluant qu’Israël commet un génocide. Point sur la situation à Gaza cette semaine.

Par l’Agence Média Palestine, le 6 décembre 2024

CHIFFRES CLÉS

à Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
44 580 mort·es
105 739 blessé·es
1,9 million de déplacé·es

au Liban depuis le 7 octobre 2023 :
3 961 mort·es
16 520 blessé·es
1,2 million de déplacé·es

en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023 :
806 mort·es
dont 146 enfants
19 031 déplacé·es

Encore un matin

Depuis ce matin, l’agence Wafa décompte au moins 30 Palestinien·nes assassiné·es par Israël dans plusieurs bombardements, qui ont visé plusieurs zones de l’enclave.

Deux civil·es ont été tué·es dans le bombardement israélien de l’école Ra’afi dans la ville de Jabalia, où des personnes déplacées étaient réfugiées. Trois Palestinien·nes ont été tué·es lors d’une frappe aérienne israélienne visant la zone de Khirbet al-Adas, au nord de la ville de Rafah. Les forces israéliennes ont également frappé plusieurs bâtiments dans la ville de Gaza ainsi que dans les zones centrales de la bande, notamment le village d’al-Musaddar et les camps de réfugiés de Maghazi et de Bureij.

Le correspondant de Wafa confirme que les forces israéliennes ont bombardé un quartier résidentiel à proximité de l’hôpital Kamal Adwan à Beit Lahiya, tuant plus de 30 Palestinien·nes, et de nombreuses personnes sont encore coincées sous les décombres. Le correspondant d’Al Jazeera sur le terrain décrit les patient·es et le personnel de l’hôpital assiégé comme étant « trempé·es de sang ».

Du nord…

L’hôpital Kamal Adwan est le dernier hôpital du nord de Gaza à fonctionner, encore que très partiellement. Avec seulement deux médecins, dont le directeur de l’hôpital, lui-même blessé la semaine dernière. Une centaine de patient·es palestinien·nes et leurs familles continuent de trouver refuge dans l’établissement, qui subit depuis le début de la semaine une nouvelle série d’attaques qui comprend des bombardements israéliens sur les bâtiments environnants, des tirs ciblés de drones et de snipers israéliens ainsi que des incursions terrestres dans l’enceinte-même de l’hôpital.

« Nous n’arrivons pas à suivre le nombre d’attaques contre l’hôpital Kamal Adwan et ses environs, car les dernières heures ont été très violentes et sanglantes. » témoigne le journaliste d’Al Jazeera Hani Mahmoud depuis Deir Al-Balah, avant d’ajouter : « Ces attaques ne sont pas accidentelles. Elles sont délibérées et visent les installations de l’hôpital, son personnel médical et les patients qui s’y trouvent. »

Le nord de l’enclave subit un siège depuis maintenant plus de deux mois, qui semble marquer une nouvelle étape dans le génocide perpétré par Israël à Gaza. Il ne reste plus que 70 000 Palestinien·nes dans le nord de Gaza, contre plus de 350 000 avant le 7 octobre de l’année dernière. Mercredi dernier, de nouveaux ordres d’évacuations ont été délivrés dans la ville de Beit Lahiya, forçant des milliers de Palestinien·nes à fuir. Nombre d’entre elles et eux étaient déjà des réfugié·es ayant fuit des ordres d’évacuation précédents.

Les réfugiées qui arrivent à la ville de Gaza affirment que l’armée les ont forcées à fuir en passant par un checkpoint où des centaines d’hommes ont été arrêtés pour être interrogés, leurs familles forcées de les laisser en arrière. « Nous avons été contraints de partir, laissant nos hommes derrière nous, soumis à une interrogation de la part de l’armée israélienne », elle déclare Amna Hussein, une réfugiée qui a dû quitter l’école Abu Tammam, où elle et sa famille étaient abritées. Elle explique que des drones équipés de hauts parleurs leur ont ordonné de quitter les lieux, créant la panique parmi les réfugié·es, alors que le bâtiment était assiégé par des soldat·es israélien·nes et que des bombardements visaient quotidiennement les environs.

Dans un reportage d’Al Jazeera, on voit une femme marchant avec un groupe de personnes fuyant l’un des derniers abris dans le nord de Gaza. « Le monde entier nous regarde », déclare Eman Abu Amsha, qui porte un enfant dans ses bras. « Continuez à nous regarder nous faire massacrer. Ce que nous vivons ne peut être décrit avec des mots ». Selon elle, les soldats ont tué ou arrêté tous les hommes qu’ils ont vus. « J’ai 62 ans. Je marche depuis des heures et je porte ma petite-fille. Destruction, tuerie, peur et famine, que reste-t-il d’autre ? Et le monde entier regarde en silence. »

Dans un post sur X, le journaliste Anas Sharif décrit la situation au nord de Gaza comme « dépassant l’entendement » : « Des enfants, des malades, des femmes et des personnes âgées ont été délogé·es de force par les forces israéliennes et doivent maintenant dormir dans les rues, dans le froid et sous la pluie. Elles et ils endurent des conditions humanitaires désastreuses, complètement privé·es des éléments de nécessité de base de la vie ».

… Au sud

Les attaques israéliennes, particulièrement meurtrières au nord de l’enclave, concernent pourtant l’entièreté de la bande de Gaza et les zones désignées comme « sûres » sont également prises pour cibles par l’armée israélienne.

Mercredi 4 décembre, plusieurs bombardements israéliens ont visé des bâtiments et des camps abritant des réfugié·es, tuant plusieurs dizaines de civil·es. Au moins 10 Palestinien·nes ont été tué·es lors d’une frappe aérienne israélienne sur le quartier de Sheikh Radwan, dans la ville de Gaza. 5 autres, tous des enfants, ont été assassinés dans une frappe sur le camp de réfugié·es de Nuseirat, dans le centre de l’enclave.

Le même jour, deux frappes consécutives ont visé le camp de réfugié·es d’Al-Mawasi, au sud. Plusieurs tentes ont pris feu, et la proximité des tentes entre elles a rendu l’incendie très difficle à contrôler. Au moins 20 Palestinien·nes, dont des enfants, sont mort·es brulé·es, et des dizaines de personnes ont été blessées. Les médecins ont affirmé que le bilan pourrait s’alourdir car les blessé·es qui affluaient à l’hôpital présentaient des traumatismes graves dus à l’intensité des explosions, et que de graves pénuries de médicaments, de fournitures et de personnel médical entravent les soins.

Ce campement est situé dans l’une des dernières « zones de sécurités », désignées comme telles par l’armée israélienne qui y oriente les civil·es qu’elle évacue. Ce n’est pourtant pas la première fois que les réfugié·es d’Al-Mawasi sont pris pour cible et subissent des assauts violents. 98% de la population de Gaza a été déplacée au cours de l’année écoulée, et plus d’un quart d’entre elles et eux l’a été plus de dix fois. Pour les Palestinien·nes de Gaza, aucune zone n’est sûre.

« Il s’agit d’un génocide. Il doit cesser maintenant ».

Amnesty International s’est jointe hier au nombre croissant d’experts des droits de l’homme qui affirment qu’Israël est en train de perpétrer un génocide à Gaza. Appelant à « mettre fin immédiatement aux atrocités commises par Israël », l’ONG publie un rapport de près de 300 pages démontrant qu’Israël a commis trois des cinq actes interdits par la convention sur le génocide de 1948 « dans l’intention spécifique de détruire les Palestiniens de Gaza. Ces actes comprennent des meurtres, des atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale et des conditions de vie délibérément infligées aux Palestiniens de Gaza dans le but d’entraîner leur destruction physique. Mois après mois, Israël traite les Palestiniens de Gaza comme des sous-hommes indignes des droits humains et de la dignité, démontrant ainsi son intention de les détruire physiquement », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.

Le rapport comprend des entretiens avec 212 personnes, dont des survivant·es et des témoins des frappes aériennes israéliennes, des victimes de déplacements et de détentions, et des victimes de la paralysie par Israël de l’acheminement de l’aide.

C’est la première fois qu’Amnesty parvient à une telle conclusion dans le cadre d’un conflit en cours, et l’organisation espère que la mesure de la gravité de la situation soit entendue. « Nos conclusions accablantes doivent servir de signal d’alarme à la communauté internationale : il s’agit d’un génocide. Il doit cesser maintenant ».

La publication de ce rapport intervient quelques jours après que l’ancien chef d’état-major et ministre de la guerre israélien, Moshe Yaalon, ait suscité une polémique en Israël, déclarant dans une interview à la télévision locale qu’Israël se livrait à un nettoyage ethnique à Gaza.

Des proches portent le corps d’Abu Zalfa, un enfant palestinien de trois ans, qui a été tué lors d’une attaque israélienne sur le quartier de Shujayea dans la ville de Gaza, le 5 décembre 2024 [Mahmoud İssa/Anadolu].

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