Selon Reporter Sans Frontières, Israël est responsable de plus d’un tiers des assassinats de journalistes dans le monde en 2024.
Par l’Agence Média Palestine, le 16 décembre 2024
Ahmed Baker al-Louh, 39 ans, correspondant du média Al Jazeera, couvrait l’offensive génocidaire d’Israël contre Gaza depuis son déclenchement en octobre 2023, embarqué au sein des équipes de la défense civile palestinienne de la bande de Gaza. Il a été assassiné par Israël dans une frappe aérienne sur le camp de réfugié·es de Nuseirat, alors qu’il couvrait les opérations de sauvetage d’une famille blessée lors d’un précédent bombardement. Il portait son gilet et son casque de presse et était clairement identifiable comme journaliste.
« C’est une nouvelle journée déchirante pour les Palestinien·nes, les équipes de la défense civile et les journalistes. Nous nous demandons combien de fois nous allons encore rendre compte de l’assassinat de nos collègues et de nos proches ». a déclaré la journaliste Hind Khoudary pour Al Jazeera, en direct de Deir el-Balah.
La frappe a également tué trois travailleurs de la défense civile, dont le chef local de l’agence, selon l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa. La défense civile est la principale agence de secours de Gaza, et est régulièrement prise pour cible par l’armée israélienne.
La chaîne Al Jazeera a déclaré dimanche que le journaliste palestinien Mohammed Jabr al-Qrinawi avait été tué avec sa femme et ses enfants lors d’une attaque aérienne israélienne qui a visé leur maison dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de Gaza, samedi en fin de journée. Plus tôt dans la journée de samedi, le média Hani Mahmoud a déclaré que son journaliste Mohammed Balousha avait été tué lors d’une attaque israélienne à Gaza.
Selon le Syndicat des journalistes palestinien·nes (PJS), Israël a assassiné au moins 188 journalistes depuis le début de son offensive génocidaire à Gaza.
« Le pays le plus dangereux pour les journalistes »
Dans son bilan annuel publié le 12 décembre 2024, l’organisme Reporter Sans Frontières (RSF) pointe «l’hécatombe sans précèdent» à Gaza, dont «les forces armées israéliennes sont responsables». Si l’estimation du nombre de journaliste est en deçà du chiffre confirmé par le PJS (145 contre 188), en raison de modes de calculs différents, le rapport de RSF est sans équivoque : «La Palestine est le pays le plus dangereux pour les journalistes, enregistrant un bilan de morts plus élevé que tout autre pays depuis cinq ans», affirme-t-il.
Le rapport dénonce aussi l’enfermement par Israël de nombreux journalistes, notamment par la systématisation de la détention administrative, qui permet à Israël d’incarcérer des Paestinien·nes sans procès ni renseignements des charges retenues. RSF alerte aussi sur les méthodes de tortures utilisées dans les prisons israéliennes.
Le rapport classe l’armée israélienne en tête des « principaux prédateurs de la liberté de la presse en 2024. Il indique que « pour au moins 40 d’entre eux, RSF dispose de suffisamment d’éléments indiquant qu’ils ont été pris pour cible en raison de leur qualité de journaliste. » RSF a déposé une nouvelle plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour «crimes de guerre commis contre les journalistes par l’armée israélienne». C’est la quatrième plainte déposée par l’oragnisme depuis le début de l’offensive génocidaire d’Israël.
« Tant que ces homicides resteront impunis, leurs auteurs n’auront aucune raison de s’arrêter. La protection des journalistes de Gaza et du Liban commence par la lutte contre l’impunité. Sans les journalistes de Gaza, nous perdons l’accès à l’information sur la situation à Gaza », déclare Antoine Bernard dans son plaidoyer pour RSF.