L’agence Média Palestine traduit cet article de Tarq S Hajjaj et Qassam Muaddi, qui font le récit des libérations de prisonniers dans le cadre de l’accrod de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier dernier.
110 Palestiniens ont été libérés des geôles israéliennes en échange de trois prisonniers israéliens à Gaza, alors qu’Israël avait initialement tenté de suspendre la libération des prisonniers palestiniens en se plaignant du « chaos » qui régnait lors de la remise des prisonniers israéliens.
Par Tareq S. Hajjaj et Qassam Muaddi 30 janvier 2025

La remise de trois captifs israéliens et de cinq ressortissants thaïlandais à la Croix-Rouge a commencé aujourd’hui à Gaza à la suite de l’accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. Il s’agit du troisième groupe de captifs remis depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier. Conformément aux termes de l’accord, les prisonniers israéliens ont été échangés contre plus de 110 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, y compris ceux condamnés à la prison à vie ou purgeant de longues peines.
La remise a eu lieu aujourd’hui en deux endroits différents : à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, et à Khan Younis, dans le sud. Les prisonniers israéliens étaient Agam Berger, Arbel Yehoud et Gadi Moses.
À Jabalia, Agam Berger a été remise à la Croix-Rouge portant un uniforme militaire, indiquant qu’elle faisait partie des soldats capturés par les factions palestiniennes le 7 octobre. La remise a eu lieu au milieu des décombres de Jabalia, qui a été soumise à un siège de plusieurs mois et à une campagne de nettoyage ethnique, entraînant le rasage de toute la zone depuis le début du mois d’octobre 2024. Des foules de personnes se sont rassemblées autour de membres armés de l’aile militaire du Hamas, les Brigades Qassam, et ont applaudi et scandé des chants de soutien à la résistance pendant que la Croix-Rouge prenait Berger en charge.
« Le fait que la remise ait eu lieu dans le camp de réfugiés de Jabalia, qui a été le théâtre de l’un des génocides les plus inouïs de l’histoire de l’humanité, est un message qui montre que notre peuple palestinien restera attaché à chaque centimètre de terre palestinienne », a déclaré Hazem Qassem, porte-parole du Hamas à Gaza, à Mondoweiss. « Aujourd’hui, notre peuple palestinien réalise un nouvel exploit en forçant l’occupation à poursuivre la mise en œuvre des accords d’échange. Le peuple se rassemble autour de la résistance dans un message indiquant que toute cette guerre n’empêchera pas notre peuple de se tenir aux côtés de la résistance, à la fois en paroles et en actes. »
Selon les termes de l’accord de cessez-le-feu, pour chaque captif militaire libéré par les factions de la résistance dans la bande de Gaza, 50 prisonniers palestiniens condamnés à de longues peines ou à la perpétuité seront libérés, tandis que pour chaque captif civil israélien, 30 prisonniers seront libérés.
À Khan Younis, près des ruines de la maison de Yahya Sinwar, chef du Hamas tué lors d’une bataille à Rafah en octobre dernier, deux autres captifs israéliens ont été remis à la Croix-Rouge au milieu d’une foule nombreuse et d’un défilé militaire auquel participaient trois factions palestiniennes : Les Brigades Qassam du Hamas, les Brigades Qassam du Jihad Islamique Palestinien et les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa du Fatah.
La restitution à Khan Younis a été décrite comme « chaotique » par les journalistes locaux sur place, avec un grand nombre d’hommes armés affiliés aux factions palestiniennes de la bande de Gaza essayant d’organiser les foules de personnes venues assister au défilé militaire. Des images vidéo obtenues par Mondoweiss montrent une foule dense autour de la prisonnière israélienne Arbel Yehuda, alors que des combattants palestiniens armés la conduisaient du véhicule de détention aux véhicules de la Croix-Rouge.
Cinq ressortissants thaïlandais capturés le 7 octobre ont également été remis à la Croix-Rouge, ce qui porte à 8 le nombre total de captifs libérés aujourd’hui.
Les médias ont fait état du mécontentement des Israéliens quant à la manière dont l’échange de prisonniers s’est déroulé, notamment la foule et le défilé militaire à Khan Younis. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié les scènes chaotiques de « choquantes », considérant cette désorganisation comme « une preuve supplémentaire de la cruauté inimaginable de l’organisation terroriste du Hamas ».
Les médias israéliens ont d’abord rapporté la suspension de la remise des prisonniers palestiniens qui devaient être libérés plus tard dans la journée, citant le chaos et la foule comme une menace pour la sécurité des otages israéliens, malgré le fait que la Croix-Rouge ait reçu tous les captifs dans de bonnes conditions. La suspension a finalement été annulée, le bureau d’information des prisonniers palestiniens ayant annoncé qu’après avoir suivi la question avec des médiateurs, les prisonniers palestiniens seraient libérés à 17 heures aujourd’hui.
110 prisonniers arrivent à Ramallah
A Ramallah, les prisonniers palestiniens libérés sont arrivés dans deux bus de la Croix-Rouge au centre de loisirs de la municipalité de Ramallah vers 18 heures. A Beitunia, près de la prison militaire israélienne d’Ofer où les prisonniers palestiniens ont été confiés à la Croix-Rouge, les forces israéliennes ont fait une incursion dans la ville palestinienne et ont dispersé par la force les foules de Palestiniens qui attendaient l’arrivée des prisonniers. Les soldats israéliens ont tiré des balles en caoutchouc, des grenades lacrymogènes et des grenades assourdissantes sur les Palestiniens. Aucune victime n’a été recensée.
Les prisonniers palestiniens libérés, tous vêtus de survêtements gris, le crâne rasé et portant pour la plupart des ecchymoses sur la tête, ont été accueillis à Ramallah par une foule nombreuse qui les a portés sur ses épaules, agitant des drapeaux palestiniens nationaux et de factions au milieu de chants en faveur de Gaza, des prisonniers et en soutien à la résistance. Le plus jeune des 110 prisonniers était Saif Darwish, 14 ans. Sa mère, venue de Bethléem pour l’accueillir à Ramallah, s’est adressée aux médias à l’extérieur du centre de loisirs, déclarant : « Je ne sais pas comment je vais serrer mon fils dans mes bras – en tant que mère ou en tant que sœur, parce qu’il est devenu un homme ».
Le plus célèbre des prisonniers libérés aujourd’hui est Zakaria Zubeidi, ancien combattant, écrivain et dirigeant emprisonné par Israël depuis 2019. Zubeidi, qui fait partie du mouvement Fatah et est membre de son Conseil révolutionnaire, était l’un des six Palestiniens qui se sont échappés de la prison de haute sécurité de Gilboa en 2019 avant d’être capturés à nouveau. À sa sortie du bus de la Croix-Rouge, la foule a porté Zubeidi sur ses épaules en scandant son nom. Les premiers mots de Zubeidi à la foule auraient été « merci à tous ceux qui ont soutenu le peuple palestinien dans cette guerre ».
Zubeidi a été transféré à l’hôpital après des examens initiaux effectués par des médecins palestiniens sur le site du centre de loisirs.
Tareq S. Hajjaj est le correspondant de Mondoweiss à Gaza et membre de l’Union des écrivains palestiniens. Suivez-le sur Twitter à @Tareqshajjaj.
Qassam Muaddi est rédacteur pour la Palestine au sein de Mondoweiss. Suivez-le sur Twitter à l’adresse @QassaMMuaddi.
Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss