Notre point hebdomadaire sur la situation à Gaza, où Israël multiplie les violations de l’accord de cessez-le-feu, mettant en danger son maintien.
Par l’Agence Média Palestine, le 11 février 2025

Dans son point quotidien ce matin, le ministère de la santé de Gaza annonçait avoir ajouté 11 nouveaux noms à la liste des Palestinien·nes tué·es par Israël dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, qui atteint maintenant le chiffre de 48 219. Parmi ces 11 nouvelles victimes, 8 ont été retirées des décombres, tuées dans des bombardements avant l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier. Les 3 autres ont en revanche été assassinées par l’armée israélienne hier, en violation de ce même accord.
En outre, les autorités de Gaza reprochent à Israël de ne pas respecter l’accord concernant les entrées de véhicules humanitaires dans l’enclave palestinienne. Le protocole humanitaire prévoit l’entrée quotidienne de 600 camions d’aide à Gaza, dont 50 camions de carburant, en plus des engins de travaux publics lourds et du matériel de reconstruction. Le protocole humanitaire prévoit également l’entrée d’unités de logement préfabriquées et de tentes. Israël n’a autorisé que 15 camions de carburant, et très peu de bulldozers et de tentes. Au total, 8 500 camions ont été autorisés à entrer, au lieu des 12 000 prévus par l’accord.
Les Nations Unies ont confirmé que trop peu de tentes entraient dans Gaza, quand seules 10% des 200 000 tentes promises ont été autorisées, et aucun des 60 000 mobil-homes. Des matériaux de construction, ainsi que des engins destinés à déblayer les décombres sont également bloqués par Israël. Les évacuations médicales, par ailleurs, sont largement en dessous des chiffres prévus par l’accord, eux-mêmes en deçà des recommandations de l’OMS qui estime que estime que 14 000 patients palestiniens, dont 5 000 enfants, attendent d’urgence d’être évacués pour recevoir des soins avancés en dehors de Gaza. À ce jour, 120 patient·es ont été évacué·es par le passage de Rafah, alors que l’accord prévoyait que 1 000 auraient pu avoir traversé à cette date.
L’accord de cessez-le-feu toujours plus précaire
La semaine dernière, le Qatar avait averti Israël que ses violations du protocole humanitaire de l’accord pourraient compromettre non seulement la deuxième phase de l’accord, mais aussi la première phase en cours.
De fait, le Hamas a déclaré ce lundi 10 février dans un communiqué qu’il suspendrait la libération des prisonniers israéliens à Gaza en réponse à ce qu’il a qualifié d’« obstruction par Israël du protocole humanitaire de l’accord de cessez-le-feu ». Cette décision pourrait entériner la fin de l’accord. Le prochain échange de prisonniers étant prévu samedi, les deux parties ont désormais 4 jours pour trouver une résolution qui conduirait à la poursuite de cette phase de l’accord.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a convoqué une réunion d’urgence de son cabinet de guerre à la suite de la déclaration du Hamas. Pour sa part, le ministre israélien de la Guerre, Israel Katz, a qualifié la déclaration du Hamas de « violation de l’accord », donnant à l’armée israélienne l’ordre de se préparer « à tous les scénarios ». À Gaza, les drones israéliens ont repris leur vol à basse altitude au-dessus de la bande de Gaza pour la première fois depuis des semaines.
En réaction aux déclarations de Donald Trump qui appelait à l’annulation pure et simple de l’accord de cessez-le-feu si le Hamas ne libérait pas la totalité de otages samedi, le Hamas a dénoncé un « langage de menaces » et réaffirmé que les captif·ve·nes détenu·es à Gaza ne pourraient être libéré·es tant qu’Israël viole l’accord qu’il a lui-même signé.
Les prix des produits de première nécessité ont recommencé à augmenter à Gaza, et les habitant·es attendent avec anxiété l’évolution de la situation jusqu’à samedi, craignant une reprise des bombardements israéliens.
La météo aggrave encore la situation dans les camps de réfugié·es
Des centaines de milliers de familles, dont les maisons ont été détruites, sont sans abri et subissent les conséquences du blocage de l’entrée de caravanes et de tentes, qui les expose à des conditions hivernales difficiles. De fortes pluies et des vents violents ont obligé de nombreux Palestinien·nes à se déplacer à nouveau, leurs campements ayant été inondés, parfois d’eaux souillées.
Dans sa dernière mise à jour mercredi, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a déclaré qu’avec plus de 500 000 personnes retournant dans les gouvernorats de Gaza et du nord de Gaza, « les besoins en nourriture, en eau, en tentes et en matériaux de construction d’abris dans cette zone restent critiques ».
La grave pénurie d’eau potable et d’eau en général oblige les gens à utiliser des sources contaminées ou à parcourir de longues distances pour trouver de l’eau propre. Avec la destruction, par les bombardements et raids Israéliens, d’une très grande majorité des infrastructures de santé de Gaza, l’hiver gazaoui risque de continuer à faire de nombreuses victimes, en particulier parmi les personnes les plus fragiles, les malades chroniques, les enfants et les personnes agées.
« Pour les enfants, dans ces conditions, il est non seulement effrayant d’être dehors, exposés et dans le froid, mais c’est aussi très dangereux pour leur bien-être », a déclaré Tess Ingram, responsable de la communication de l’UNICEF. « Nous avons eu un certain nombre d’enfants à Gaza morts d’hypothermie et il est clair ici, lorsque vous rencontrez des familles, qu’elles n’ont pas ce dont elles ont besoin pour se protéger du froid. Les familles manquent de vêtements chauds. Il y a beaucoup d’enfants sans chaussures. »
