Notre point sur la situation cette semaine à Gaza, alors qu’Israël multiplie les violations de l’accord de cessez-le-feu et menace de le faire s’effondrer.
Par l’Agence Média Palestine, le 24 février 2025

Samedi 21 février devait se tenir un nouvel échange de captif·ves israélien·nes et palestinien·nes, conformément à la première phase de l’accord de cessez-le-feu entrée en vigueur à Gaza le 19 janvier.
Pour ce septième échange, le Hamas a libéré six prisonniers israéliens et les corps de quatre Israélien·nes tué·es à Gaza. Au même moment, les services pénitentiaires israéliens transféraient des dizaines de prisonniers palestiniens au centre de détention d’Ofer, à l’ouest de Ramallah, afin de les libérer en Cisjordanie. Des familles palestiniennes attendaient pour certaines depuis le petit matin, à Gaza comme en Cisjordanie, de pouvoir accueillir les quelque 620 prisonniers qui devaient être libérés.
Après la libération des prisonniers israéliens cependant, le Service pénitentiaire israélien a déclaré qu’il n’avait pas reçu d’instructions du gouvernement israélien pour libérer les prisonniers palestiniens. En fin d’après-midi, les médias israéliens ont rapporté que la libération des prisonniers palestiniens avait été suspendue, puis le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé tard dans la nuit qu’Israël suspendrait la libération des Palestinien·nes jusqu’à ce qu’il reçoive des garanties que les derniers prisonniers israéliens seraient libérés « sans rituels dégradants ».
Les autorités gazaouies dénoncent une violation par Israël de ses engagements, et l’accusent de vouloir saboter l’accord de cessez-le-feu, ajoutant qu’Israël ne s’engage pas dans les négociations pour la deuxième phase de l’accord qui devait prendre fin le 1er mars.
Israël multiplie les violations de l’accord de cessez-le-feu
Lundi dernier, le bureau des médias du gouvernement de Gaza déclarait que seulement 30 % des fournitures qui étaient censées entrer dans la bande de Gaza conformément à l’accord de cessez-le-feu y avaient été autorisées. Selon l’accord, Israël est censé laisser entrer 600 camions d’aide par jour, dont 50 camions de carburant, et un total de 200 000 tentes et 60 000 maisons mobiles préfabriquées pendant la première phase du cessez-le-feu. Le Bureau des médias du gouvernement a ajouté qu’Israël n’avait laissé entrer que 8 500 camions sur un total de 12 000 (dans le nord de Gaza, seulement 2 916 au lieu de 6 000), soit moins de la moitié du nombre prévu de tentes, et seulement une poignée de maisons mobiles.
Selon une étude menée par l’agence de vérifications des faits d’AL-Jazeera, Sanad, Israël a détruit des dizaines de maisons à Rafah, dans le sud de Gaza, malgré le cessez-le-feu. Par l’analyse d’images satellites prises entre le 19 janvier et le 1er février, Sanad a démontré montre que l’armée israélienne a démolit et rasé 64 bâtiments dans la ville de Rafah, en particulier dans les quartiers d’as-Salam, d’Idari et de Tel Zaarab.
Plus d’un mois après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza, les habitant·es continuent de subir les conséquences des destructions massives des habitations et infrastructures, qui ont rendu Gaza inhabitable, et les entraves aux livraisons humanitaires et de matériaux de construction aggravent la situation.
‘La guerre n’est pas finie’
Alors qu’ils vivaient dans des tentes à l’ouest de la ville de Gaza avant le cessez-le-feu, les membres d’une famille gazaouie rêvaient de petits conforts, surtout lorsqu’ils ont appris que des maisons mobiles seraient installées dans le cadre du cessez-le-feu, « Nous étions si heureux », raconte Faten Abu Haloub, « Les gens se sont même disputés pour savoir qui allait recevoir ces caravanes. »
De retour dans le Nord de Gaza cependant, « la réalité était différente », ajoute-t-elle. « Pas de caravanes, pas de services, pas de reconstruction, pas d’eau, pas d’enlèvement des décombres. Rien. Nous sommes simplement retournés vivre au milieu de la destruction. La guerre n’est pas finie. Nous la vivons toujours. Son ombre n’a jamais quitté nos vies. »
Dans le Nord de Gaza, les habitant·es sont confronté·es à une grave pénurie d’eau. Oxfam affirme que les réserves d’eau sont à 7 % de leur niveau d’avant le conflit, car les bombardements israéliens de l’enclave assiégée ont détruit les infrastructures d’eau et d’assainissement.