Gaza, jour 556 : Israël bombarde à nouveau les hôpitaux

Notre point sur la situation en ce début de semaine à Gaza, alors que le sinistre décompte des Palestinien·nes assassiné·es par Israël approche des 51 000 morts.

Par l’Agence Média Palestine, le 15 avril 2025

Chiffres clés :

À Gaza depuis le 18 mars 2025 :
1 630 Palestinien·nes assassiné·es
4 302 Palestinien·nes blessé·es
390 000 Palestinien·nes déplacé·es

À Gaza pendant le cessez-le-feu (19 janvier- 17 mars 2025) :
170 Palestinien·nes assassiné·es
2 200 Palestinien·nes décédé·es des suites de leur blessures, ou extrait·es mort·es des décombres

À Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
50 983 Palestinien·nes assassiné·es
116,343 Palestinien·nes blessé·es
11 000 Palestinien·nes disparu·es


Les sources médicales affirment qu’Israël, poursuivant ses frappes aériennes sur l’ensemble de l’enclave palestinienne, a assassiné plus de 17 Palestinien·nes au cours des dernières 24 heures, et blessé au moins 69 personnes.

La population traquée, du Nord au Sud

Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz a déclaré publiquement que, depuis la rupture du cessez-le-feu avec le Hamas le 18 mars, l’objectif d’Israël était de faire pression sur la population civile. Environ 2,1 millions de Palestiniens, fuyant les bombardements et les ordres d’évacuations d’Israël, sont aujourd’hui entassés dans un tiers de la bande de Gaza, alors qu’aucun camion transportant de l’aide, de la nourriture, du gaz de cuisine ou du carburant n’est entré dans la bande depuis qu’Israël a réimposé un blocus le mois dernier.

L’armée israélienne a annoncé samedi 12 avril avoir achevé la construction du « corridor de Morag », qui coupe la ville de Rafah du reste de Gaza, tout en intensifiant ses attaques sur la partie sud de l’enclave. L’armée avait auparavant ordonné des déplacements forcés massifs couvrant la majeure partie de Rafah, indiquant qu’elle pourrait bientôt lancer une autre attaque terrestre majeure.

Le ministre israélien de la Défense Israel Katz a déclaré que ce corridor faisait de Rafah une « zone de sécurité israélienne » et a ajouté que le corridor de Netzarim, qui divise la bande de Gaza en deux, serait également élargi. Il a par ailleurs affirmé que le « passage volontaire » serait accordé aux Palestinien·nes souhaitant fuir Gaza, faisant allusion au plan de Trump visant à expulser les Gazaoui·es.

De nouveaux ordres d’évacuations ont par ailleurs été émis samedi pour plusieurs quartiers de Khan Younis, au Sud de l’enclave Palestinienne, avertissant d’une attaque imminente « avec une grande force ». Les habitants de Qizan an-Najjar, Qizan Abu Rashwan, al-Salam, al-Manara, al-Qurain, Maen, al-Batn al-Sameen, Jurt al-Lot, al-Fakhari et des quartiers sud de Bani Suheila ont reçu l’ordre de quitter leurs maisons et de se rendre à al-Mawasi, sur la côte de Gaza.

Israël bombarde les hôpitaux, encore

Dimanche 13 avril à l’aube, deux frappes israéliennes ont visé l’hôpital al-Ahli de la ville de Gaza, le dernier grand hôpital fournissant des soins de santé essentiels dans le nord de Gaza, détruisant le laboratoire de génétique de deux étages de l’hôpital et endommageant la pharmacie et les bâtiments des urgences.

Un ordre d’évacuation sur le centre hospitalier avait été délivré peu de temps avant, vers une heure du matin. « Ceux qui pouvaient se lever et partir sont partis. Certains ont traîné leurs patients sur le lit d’hôpital jusqu’à la rue, et d’autres comme moi ne pouvaient pas bouger ; je ne pouvais pas porter mon mari et le sortir de l’hôpital, alors j’ai attendu la mort à ses côtés », a déclaré Zeinat al-Jundi, qui veillait sur son mari récemment amputé.

Elle explique que le bâtiment débordait déjà de personnes, dont beaucoup d’enfants, blessées lors de frappes aériennes les jours précédents. « Il y avait des corps mutilés, des enfants – je jure que c’étaient des enfants – avec les mains déchirées et amputées. »

« Nous avons été contraints d’interrompre les services », a déclaré le Dr Fadel Naim, directeur d’Al-Ahli, à Mondoweiss. « L’hôpital souffrait déjà avant cette frappe. Désormais, il ne peut même plus fournir le strict minimum de services. Les dégâts sont considérables et difficiles à réparer. Cela pourrait prendre des semaines, voire des mois. »

Ce n’est pas la première fois que l’armée israélienne prend pour cible l’hôpital al-Ahli ; il a été bombardé le 17 octobre 2023, lors d’un massacre qui a tué plus de 400 personnes déplacées qui s’étaient réfugiées dans la cour bondée de l’hôpital. Israël a attaqué à plusieurs reprises des hôpitaux dans l’enclave palestinienne en toute impunité tout au long de sa guerre dévastatrice – selon le bureau des médias du gouvernement à Gaza, Israël a pris pour cible 36 hôpitaux depuis octobre 2023.

Ce matin, un hôpital de campagne situé dans le camp de déplacé·es d’Al Mawasi a été pris pour cible par Israel lors d’une attaque aérienne, tuant au moins une personne et en blessant neuf autres. La personne tuée était un médecin, les autres étaient tous·tes des patient·es ou des médecins, a rapporté le porte-parole de l’hôpital Saber Mohammed.



Un garçon palestinien dans les décombres de l’hôpital Al-Ahli, le 13 avril 2025. (REUTERS/Dawoud Abu Alkas)

Retour en haut