Un communiqué publié samedi 26 avril par le Syndicat des Journalistes Palestiniens (PJS) alerte à nouveau sur la persécution systématique de la presse à Gaza et en Cisjordanie, répertoriant plus de 343 attaques israéliennes à l’encontre de professionnel·les des médias, de leurs proches ou de leurs locaux en 2025 seulement.
Par l’Agence Média Palestine, le 28 avril 2025

Depuis la reprise fin mars des bombardements israéliens après le cessez-le-feu de deux mois, les journalistes sont à nouveau visé·es par la brutalité de l’armée israélienne. Comme tous et toutes les gazaoui·es, les journalistes font face à des déplacements massifs de populations, ainsi qu’à une famine et une situation sanitaire catastrophique du fait du blocage de l’aide humanitaire. L’électricité est également très rare, ce qui rend difficile pour les journalistes de recharger leur matériel et d’envoyer leur images et textes.
Au delà de ces difficultés matérielles, tous et toutes souffrent de la perte de proches et de parents, et des traumatismes liés aux bombardements et à la violence à laquelle ils et elles sont confronté·es. Malgré cela, les journalistes palestinien·nes continuent sans relâche de documenter les crimes israéliens et le quotidien difficile d’un territoire assiégé et soumis au génocide.
Mais outre les dangers encourus par tous et toutes les gazaoui·es, les journalistes font face à de plus grands dangers encore, car ils et elles sont directement visé·es par l’armée israélienne. Le gilet de presse à Gaza ne garanti en effet plus une protection internationale au nom de la liberté de la presse ; il semble même être devenu une cible.
Dans les trois premiers mois de l’année 2025, Israël a assassiné 15 journalistes à Gaza : 7 en janvier et 8 en mars, rapporte le PJS. Cela porte à 212 le nombre total de journalistes palestiniens tués à Gaza depuis le début de la campagne génocidaire d’Israël à Gaza, le 7 octobre 2023.
Des cibles directes
L’un des derniers massacres date du 7 avril, lorsqu’Israël a frappé une tente abritant des journalistes, à Khan Younis dans le sud de la bande de Gaza. L’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor a documenté le meurtre de Helmi Al-Faqaawi, un correspondant de Palestine Today News Agency, et de Youssef Al-Khazandar, un civil qui assistait le groupe de journalistes, lors de l’attaque. Neuf autres journalistes ont été blessé·es, dont le photojournaliste Hassan Islayeh. Le bombardement a mis le feu à certains des journalistes alors qu’ils étaient encore en vie, dans une scène horrible qui souligne le ciblage systématique par Israël des journalistes palestinien·nes dans la bande de Gaza.
Cette attaque, qui ciblait précisément cette tente et n’avait fait l’objet d’aucun avertissement, a par la suite été revendiquée par Israël, qui a affirmé dans un communiqué que le photojournaliste Hassan Islayeh était la cible visée. Sans fournir aucune preuve, l’armée israélienne prétend que cet homme serait affilié à une faction palestinienne et qu’il opérerait sous le couvert du journalisme par l’intermédiaire de sa société de presse.
Les accusations par Israël d’agissements terroristes sous couvert de journalisme sont courantes mais ne sont par ailleurs jamais documentées ni prouvées, et font l’objet de nombreuses réfutations sourcées. Si cette réthorique est devenue récurrente dans les communications israéliennes, elle n’en constitue pas moins la preuve d’une grave atteinte aux libertés de la presse, car elle constitue un aveu de la part d’Israël que son armée cible délibérément des journalistes, qui ne sont donc pas des victimes collatérales du génocide.
343 attaques contre des journalistes en 2025
Le dernier rapport du PJS documente « une série de crimes, d’attaques et de violations commis par le régime d’occupation israélien, dont le plus grave est le meurtre de 15 journalistes ». Il note également que 17 membres de la famille de journalistes ont été tués à leurs côtés, que 11 journalistes ont été gravement blessé·es et que 12 maisons de journalistes ont été détruites par des roquettes et des bombardements israéliens.
Le syndicat a également enregistré 49 cas où des journalistes ont été averti·es d’évacuer les zones qu’ils et elles couvraient par des tirs à balles réelles dans leur direction ou juste à côté d’elles et eux. Ces menaces de mort, qualifiées de « terroristes » par le PJS, sont sans précédent dans le monde et semblent pourtant se banaliser à Gaza. En outre, le comité a enregistré 15 arrestations de journalistes, soit à leur domicile, soit pendant leur mission. Certains sont toujours en détention, tandis que d’autres ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard.
En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d’agressions, de répression ou ont été interdits de reportage, en particulier dans des villes telles que Jénine et Jérusalem. Le rapport documente également la confiscation ou la destruction de matériel de travail dans 16 cas.
Le Syndicat conclut son rapport en réitérant son appel urgent au Conseil de sécurité des Nations unies pour qu’il agisse rapidement et adopte une résolution visant à mettre fin à ces massacres et au génocide en cours contre l’ensemble du peuple palestinien, y compris les journalistes.