Notre point sur la situation en ce début de semaine à Gaza, alors qu’Amnesty International publie aujourd’hui un rapport condamnant le génocide commis par Israël et que s’ouvre à la Cour de Justice Internationale des audiences qui incriminent le blocage israélien de l’aide alimentaire imposé aux gazaoui·es depuis plus de 50 jours.
Par l’Agence Média Palestine, le 29 avril 2025

Chiffres clés — à Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
52 314 Palestinien·nes assassiné·es
117 792 Palestinien·nes blessé·es
11 000 Palestinien·nes disparu·es (présumé·es sous les décombres)
Amnesty International publie ce mardi 29 avril son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde, un document de 500 pages, fruit d’enquêtes et d’analyses menées dans plus de 150 pays, intitulé cette année « 2025 : au bord du précipice ». Dans sa préface, la secrétaire générale d’Amnesty International Agnès Callamard dénonce : « le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct ». Amnesty International avait déjà qualifié les crimes d’Israël à Gaza de génocide l’an dernier, et dénonce à présent fermement l’inaction de la communauté internationale.
« Les Etats ont regardé, comme s’ils étaient impuissants, Israël tuer des milliers de Palestiniennes et de Palestiniens, massacrant des familles entières sur plusieurs générations et détruisant des habitations, des moyens de subsistance, des hôpitaux et des établissements scolaires », ajoute-t-elle. « Les recherches d’Amnesty International ont montré qu’Israël avait perpétré des actes interdits par la Convention sur le génocide, dans l’intention spécifique de détruire la population palestinienne de Gaza, commettant ainsi un génocide ». Le rapport cite notamment des « homicides », des « atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de civils », des « déplacements et disparitions forcées » et l' »imposition délibérée de conditions de vie destinées à entraîner la destruction physique de ces personnes ».
La famine comme « arme de guerre »
« Nourriture, produits, médicaments, fournitures, même pas une goutte d’eau : rien n’a pu entrer à Gaza depuis plus de 50 jours, rien », explique la journaliste palestinienne Bisan Owda sur son compte Instagram. « Plus de 55 personnes sont mortes de faim déjà, et 50 sont des enfants. Au moins 350 autres enfants sont hospitalisés en ce moment, avec leurs familles désespérées, risquant la mort à cause des pénuries imposées par Israël. »
À La Haye, la Cour de Justice Internationale (ICJ) a ouvert hier des audiences consacrées aux obligations humanitaires d’Israël envers les Palestiniens, soumis depuis plus de cinquante jours à un blocus total de l’aide humanitaire. Le haut responsable palestinien Ammar Hijazi a déclaré aux juges qu’Israël bloquait l’aide humanitaire pour l’utiliser comme « arme de guerre« .
L’OCHA annonçait le 23 avril dernier avoir diagnostiqué (ou dépisté) au cours des deux premières semaines d’avril, près de 21.000 enfants : 641 souffrent de malnutrition aiguë modérée et 64 de malnutrition aiguë sévère. Le 25 avril, le Programme alimentaire mondial a annoncé que ses réserves alimentaires à Gaza étaient épuisées, et l’ONU a déclaré que la situation à Gaza avait atteint son point de rupture.
« Ce sont les faits. La famine est là. L’aide humanitaire est utilisée comme une arme de guerre », a déclaré M. Hijazi hier devant la ICJ. Les audiences vont se poursuivre toute la semaine. Après le réquisitoire palestinien hier, sont attendus aujourd’hui l’Afrique du Sud, l’Espagne et la Belgique, entre autres. La France s’exprimera demain, de même que les États-Unis et la Hongrie, qui pourraient être les deux seuls pays à soutenir Israël dans cette affaire.
Des tentes bombardées
Les chiffres quotidiens des massacres sont accablants : Israël a assassiné 59 Palestinien·nes le 24 avril, 78 le lendemain, 13 le surlendemain, plus de 70 au cours du week-end. Au moins 44 nouvelles personnes ont été tuées dans la seule journée d’hier.
« À Gaza, des tentes sont bombardées », rapporte Bisan Owda, « c’est devenu quotidien dans le sud ou dans la zone d’Al-Mawasi » –une zone censée être « sûre » et désignée par Israël comme destination pour les milliers de déplacé·es de l’enclave palestinienne. « Des tentes, » reprend-elle. « Avec des personnes déplacées. Des personnes sans ressources, qui attendent là depuis au moins 19 mois sans que personne ne fasse quoi que ce soit pour les aider. »
Ce matin encore, le camp de tentes de réfugié·es d’Al-Mawasi a été bombardé par les forces israéliennes, tuant quatre personnes dont trois enfants, et faisant une quarantaine de blessé·es. Des tirs d’artillerie israéliens ont également été signalés dans les zones orientales du centre de Gaza, notamment dans le camp de réfugiés de Maghazi.
« La situation empire d’heure en heure, et cela rappelle véritablement les premières semaines de cette guerre génocidaire », rapporte le journaliste palestinien Hani Mahmoud sur Al Jazeera. « En ce qui concerne les attaques d’aujourd’hui, les hôpitaux nous ont informés que les attaques israéliennes visent désormais des zones densément peuplées. Le fait est que davantage de blessés vont mourir en raison de la grave pénurie de fournitures médicales. Notre système de santé est paralysé et incapable de fournir des soins médicaux adéquats. »
La défense civile dans la bande de Gaza annonçait hier que les réserves nécessaires au fonctionnement de ses véhicules (ambulances, pompiers et secours) dans le sud du territoire palestinien étaient épuisées, entraînant « l’arrêt de la circulation de huit véhicules sur douze », explique un communiqué de l’organisation publié sur Telegram, une situation qui « menace la vie de centaines de milliers de citoyens et de personnes déplacées ».