Gaza, jour 587 : Israël assassine plus de 143 personnes le jour de la Nakba

Notre point sur la situation à Gaza au lendemain de la journée internationale de commémoration de la Nakba, alors que le sinistre bilan vient de dépasser le chiffre symbolique de 53 000 Palestinien·nes assassiné·es par Israël au cours de sa campagne génocidaire lancée en octobre 2023.

Par l’Agence Média Palestine, le 16 mai 2025

Chiffres clés
À Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
53 010 Palestinien·nes assassiné·es
119 919 Palestinien·nes blessé·es
14 000 Palestinien·nes disparu·es (présumé·es sous les décombres)



« Une nouvelle journée sanglante »

Le journaliste Tareq Abu Azzoum, journaliste d’Al Jazeera à Deir el-Balah, raconte une « nouvelle journée sanglante » à Gaza, alors qu’Israël a assassiné au moins 143 personnes en moins de 24h jeudi 15 mai. Les sources médicales rapportent qu’au moins 61 Palestinien·nes ont été assassiné·es dans la nuit et tôt jeudi matin lors d’une série d’attaques israéliennes contre la ville de Khan Younis, dans le sud de Gaza.

« Des avions de combat israéliens ont directement pris pour cible neuf maisons sans aucun avertissement dans la ville de Khan Younis », rapporte Tareq Abu Azzoum, ajoutant que des familles entières avaient été « complètement anéanties ». Parmi les victimes figure le journaliste Hasan Samour, tué avec 11 membres de sa famille lorsque leur maison a été touchée. Samour travaillait pour la chaîne de télévision qatarie Al Araby TV et la radio locale Al-Aqsa Voice Radio.

Un autre journaliste, Ahmad al-Helo, a également été tué dans une autre frappe, selon les médias locaux. La mort de Samour et d’al-Helo porte à 217 le nombre total de journalistes tués depuis le début de la guerre d’Israël contre Gaza en octobre 2023, un bilan qualifié par les groupes de surveillance de « pire conflit jamais connu » pour les journalistes.

« L’armée israélienne a pris pour cible des civils pendant leur sommeil », lançant 13 raids aériens sur le camp de réfugiés de Jabalia et les zones environnantes. Une frappe israélienne a tué au moins 15 personnes et blessé plusieurs autres dans un immeuble comprenant la clinique médicale al-Tawbah et une salle de prière. Des images choquantes prises sur les lieux montrent des enfants parmi les morts, tandis que leurs proches recherchent frénétiquement des survivants.

Cette vague d’attaques est l’une des plus intenses en une seule journée depuis qu’Israël a rompu l’accord de cessez-le-feu de janvier et repris ses bombardements sur Gaza il y a près de deux mois. Ces frappes reflétent « une stratégie d’attaques qui ne visent pas des cibles militaires, mais détruisent systématiquement le tissu social de Gaza », conclut Abu Azzoum.

De nouvelles attaques sur les hôpitaux

L’armée israélienne a également attaqué trois hôpitaux cette semaine dans le nord et le sud de Gaza : l’hôpital al-Awda à Jabalia, l’hôpital indonésien à Khan Younis et l’hôpital européen, qui, selon le ministère de la Santé de Gaza, est désormais hors service.

L’armée israélienne a largué plusieurs bombes antibunker sur le complexe médical de l’hôpital européen de Gaza à Khan Younis mardi, faisant plus de 28 morts, selon la défense civile palestinienne. Le même jour, Israël a également frappé l’unité des grands brûlés de l’hôpital Nasser à Khan Younis, tuant le célèbre journaliste Hassan Eslayeh, parmi plusieurs autres personnes.

Dans les environs de l’hôpital européen de Gaza, des survivants ont décrit avoir vu « l’enfer s’abattre sur eux ». Les missiles sont tombés à plusieurs endroits, piégeant les passants dans des nuages de fumée et des incendies, ont déclaré des témoins à Mondoweiss. Ahmad Atallah, un vendeur qui se tient tous les jours devant la porte de l’hôpital, dit avoir vu le sol « s’ouvrir et engloutir des gens », créant de profonds cratères dans le trottoir. « Les bombardements ont commencé de tous les côtés de l’hôpital, et personne ne savait dans quelle direction fuir », a déclaré Atallah. « Tout le monde est resté figé et s’est mis à l’abri. Les frappes semblaient aléatoires : les bombes tombaient dans la rue, sur l’hôpital et près des intersections. »

« Il ne reste plus rien des horreurs du Jour du Jugement dernier que nous n’ayons déjà vu à Gaza », a déclaré Atallah. « Nous avons vu le sol engloutir des gens. Nous avons vu des gens brûlés vifs. Nous avons vu des chiens déchiqueter les cadavres des martyrs. Nous avons vu des gens mourir de faim. Ils nous ont infligé toutes les formes de mort possibles. »

L’hôpital européen, seul établissement de santé encore en mesure de traiter les cancers, a cessé ses activités jeudi après que de nouvelles frappes israéliennes ont endommagé encore ses infrastructures essentielles et routes environnantes.

Déplacements massifs

L’armée israélienne a émis mercredi soir des ordres d’expulsion massifs visant des zones clés et densément peuplées du nord de Gaza, notamment les environs de l’hôpital al-Shifa et le quartier de Rimal. Jeudi, des milliers de personnes ont fui la ville de Gaza, et les témoins rapportent des scènes de panique et de confusion.

« Nous voyons des familles transporter leurs biens et descendre dans les rues », a déclaré Hani Mahmoud sur Al Jazeera. « Les enfants et les personnes âgées transportent tout ce qu’ils peuvent… Ils ne savent pas où aller. Il n’y a aucun endroit sûr pour ces personnes – les soi-disant abris ont déjà été détruits par les bombes israéliennes. »

Les journalistes locaux rapportent un climat de grande inquiétude alors que les Palestinien·nes commémorent le 77e anniversaire de la Nakba, ou catastrophe, au cours de laquelle plus de 750 000 Palestiniens ont été expulsés de force par des groupes paramilitaires sionistes lors de la création d’Israël en 1948.

Ces nouveaux ordres d’évacuation, accompagnés de l’intensification des bombardements et des déclarations israéliennes à propos d’un plan visant à « conquérir Gaza » font craindre une nouvelle étape de ce nettoyage ethnique qui conduirait toute la population de Gaza à être déplacée de force.

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