Quatre jours après l’attaque israélienne contre l’Iran, les deux pays intensifient leurs attaques. Pendant ce temps, les Palestiniens qui cherchent de l’aide à Gaza continuent d’être abattus, tandis qu’Israël encercle et isole la Cisjordanie.
Par Qassam Muaddi, le 16 juin 2025

Depuis quatre jours, les sirènes d’alarme et les traînées de feu illuminant le ciel sont devenues monnaie courante dans les villes israéliennes, alors que l’Iran continue d’envoyer des vagues de missiles balistiques en représailles à l’attaque lancée par Israël à son encontre. Les frappes israéliennes se poursuivent également, les deux camps étant déterminés à intensifier le conflit militaire.
Dimanche, Israël a annoncé avoir bombardé plusieurs cibles à travers l’Iran, dont l’aéroport de la ville de Mashhad, à plus de 2 300 kilomètres des bases israéliennes. L’armée israélienne a affirmé avoir neutralisé toutes les défenses aériennes iraniennes et avoir libéré l’espace aérien iranien pour les opérations de l’armée de l’air israélienne, tandis que les médias iraniens continuent d’affirmer que les défenses aériennes iraniennes sont toujours opérationnelles et ont été activées lors de chaque attaque israélienne.
Israël a également annoncé avoir tué d’autres hauts responsables des institutions militaires et sécuritaires iraniennes, dont le chef des services de renseignement militaire des Gardiens de la révolution islamique.
Vendredi 13 juin, la chaîne israélienne Channel 14 a rapporté que le cabinet de guerre israélien avait approuvé un plan visant à forcer le déplacement des Iraniens de Téhéran afin de faire pression sur le gouvernement iranien. Inspiré de la « doctrine Dahiya » bien rodée par Israël au Liban et à Gaza, ce plan vise à détruire les infrastructures civiles par une force écrasante et à tuer des civils, afin de faire pression sur les dirigeants ennemis à travers leur population civile.
Lundi, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a déclaré que « les habitants de Téhéran en paieraient le prix ». Il a ensuite répondu aux critiques selon lesquelles il admettait avoir attaqué des civils, affirmant qu’il voulait dire qu’Israël avertirait les Iraniens d’évacuer les lieux proches des cibles gouvernementales.
Le même jour, des frappes israéliennes ont visé le cœur de Téhéran, notamment la chaîne de télévision d’État qui a diffusé le moment où son présentateur a dû interrompre l’émission alors que le studio tremblait. Katz a admis dans un communiqué qu’Israël avait effectivement pris pour cible le bâtiment de la télévision, ajoutant qu’Israël « continuerait à attaquer le régime iranien partout ».
« Destruction sans précédent » dans les villes israéliennes
Des missiles iraniens ont frappé des villes israéliennes en salves répétées de dizaines de missiles au cours du week-end, pénétrant les défenses aériennes israéliennes et frappant plusieurs cibles à Haïfa, Tel-Aviv et dans d’autres villes de la région métropolitaine de Tel-Aviv. Des missiles iraniens ont frappé des bâtiments à Bat Yam, à l’est de Tel-Aviv, détruisant et endommageant plusieurs bâtiments, tandis qu’à Rohovot, au sud de Tel-Aviv, un missile iranien a frappé l’Institut Weizman des sciences, où les médias israéliens ont fait état de dégâts importants.
Des missiles iraniens ont également frappé une raffinerie de pétrole à Haïfa et l’usine d’armement Rafael dans le golfe d’Akka, au nord de Haïfa, ainsi que la ville palestinienne de Tamra, près de Haïfa, tuant quatre Palestiniens de nationalité israélienne.
Selon des responsables israéliens, la chaîne israélienne Channel 13 a déclaré que les destructions dans la région de Tel-Aviv étaient « inédites » et « sans précédent ».
Dans le même temps, le Premier ministre israélien a réaffirmé que l’objectif d’Israël était de détruire les « menaces nucléaires et balistiques » iraniennes, appelant les habitants de Téhéran à fuir. La Garde révolutionnaire iranienne a quant à elle appelé les Israéliens à quitter Tel-Aviv, tandis que les médias d’État iraniens ont rapporté que l’Iran se préparait à une « attaque de grande envergure » contre Israël.
Dimanche, l’agence de presse iranienne Tasneem a rapporté que l’Iran étudiait la possibilité de fermer le détroit d’Ormuz, qui sépare le golfe Persique de la mer d’Oman et par lequel transite environ 20 % du pétrole mondial. Si cette décision était prise, elle aurait des répercussions économiques mondiales.
Lundi, le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que le parlement iranien préparait un projet de loi visant à se retirer du traité de non-prolifération nucléaire.
La guerre a mis en évidence le rôle joué par les États-Unis et la possibilité d’une implication directe de ces derniers dans une attaque contre l’Iran. Lundi, le président américain Donald Trump a déclaré à la presse lors du sommet du G7 au Canada qu’un accord entre Israël et l’Iran « était toujours possible », exhortant l’Iran à revenir à la table des négociations. Il convient de noter que l’Iran était déjà en pourparlers avec les États-Unis sur un accord nucléaire lorsque Israël a lancé son attaque contre l’Iran la semaine dernière.
Lorsqu’on lui demande ce qu’il faudrait pour que les États-Unis entrent directement en guerre, Trump a répond ne pas souhaiter aborder le sujet.
La guerre entre l’Iran et Israël éclipse les massacres à Gaza
Pendant ce temps, Israël poursuit son offensive sur Gaza, dont le bombardement incessant n’a pas cessé depuis le début de son attaque contre l’Iran. Rien que lundi, des sources médicales palestiniennes ont fait état de 43 Palestiniens arrivés morts dans des centres médicaux, dont l’hôpital de campagne de la Croix-Rouge à Gaza. Parmi les morts, 38 Palestiniens ont été abattus alors qu’ils attendaient de recevoir de l’aide sur un site géré par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation controversée soutenue par Israël et contrôlée par les États-Unis, chargée de distribuer l’aide aux Palestiniens à la place de l’ONU. Les forces israéliennes ont commis plusieurs massacres contre des Gazaouis affamés aux points de distribution de la GHF dans le sud et le centre de Gaza. Ces massacres ont fait des dizaines de morts parmi les civils sur les sites de la GHF presque quotidiennement, souvent après que l’armée israélienne a ouvert le feu sur des foules de civils en détresse.
Israël a également coupé l’accès à Internet et aux services de télécommunications dans une grande partie de la bande de Gaza dimanche, imposant un black-out médiatique et informationnel à des millions de Palestiniens alors que les frappes israéliennes continuent de s’abattre sur eux.
Les forces israéliennes ont également continué d’imposer un bouclage total de la Cisjordanie occupée depuis vendredi, y compris les routes entre les villes et les villages de Cisjordanie. Ces bouclages ont entraîné l’arrêt total des transports publics dans plusieurs parties de la Cisjordanie.
Parallèlement à ces fermetures, les forces israéliennes ont mené des raids dans les villes palestiniennes de Hébron, Bethléem, Naplouse et Ramallah, arrêtant au moins 35 Palestiniens, dont une femme et quatre enfants, selon l’agence de presse Wafa. À Hébron, des habitants ont rapporté que des soldats israéliens avaient menacé des familles palestiniennes pendant les raids, évoquant des « conséquences » non précisées pour quiconque célébrerait les frappes de missiles iraniens sur Israël.
Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss



