Malgré l’intensification des bombardement israéliens ces derniers jours, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a annoncé dimanche le lancement officiel des préparatifs pour la tenue de l’examen général secondaire (Tawjihi) pour les élèves de la bande de Gaza, dans le cas où un cessez-le-feu entrerait en vigueur.
Par l’Agence Média Palestine, le 11 juillet 2025

Les examens de fin d’année ont commencé la semaine dernière en Cisjordanie, malgré de nombreuses attaques israéliennes envers les institutions scolaires palestiniennes depuis le début du génocide à Gaza. 46 000 étudiant-es palestinien-nes passent leurs examens sous haute sécurité, en particulier dans les gouvernorats de Jénine et de Tulkarem, où l’armé israélienne mène des raids brutaux depuis des mois. « Nous entendons des coups de feu en arrière-plan pendant que nous écrivons », raconte Alaa Jaradat, un étudiant du camp de réfugiés de Jénine.
Il raconte : « Le premier jour des examens, les forces d’occupation israéliennes sont entrées dans le camp à l’aube. Nous sommes allés à la salle d’examen, terrifiés à l’idée qu’elles puissent nous attaquer à tout moment. Nous entendons des coups de feu en arrière-plan pendant que nous écrivons. Ce n’est pas normal, mais nous n’avons pas d’autre choix que de continuer. »
Dans un rapport publié mardi, le ministère de l’éducation de Gaza recense 152 écoles et 8 universités prises d’assaut en Cisjordanie, des murs d’écoles détruits à Jénine, Tulkarem, Bruqin et Kafr al-Dik, et 6 écoles de l’UNRWA à Jérusalem fermées depuis le 8 mai.
Étudier à Gaza
Pendant ce temps à Gaza, 788 000 ont privé-es d’école depuis le 7 octobre 2023, et les examens de fin d’année n’ont pas pu se tenir cette année encore, pour la deuxième fois consécutive. 78 000 élèves de la bande de Gaza ont été privé-es de passer les examens du Tawjihi, diplôme d’études secondaires, au cours des deux dernières années.
« Avant que toute la maison ne soit bombardée, j’étudiais à la lueur d’une bougie sous l’escalier », raconte Mai Al-Saqqa, une élève de Gaza qui devait passer ses examens scientifiques cette année. Elle ajoute : « Je ne dormais jamais sans mon cahier de chimie sous moi. J’étudiais à la lueur d’une bougie, blottie sous l’escalier, puis la maison a été touchée. Le cahier a disparu… tout comme mon petit frère. Le Tawjihi n’était pas seulement un rêve… Le Tawjihi était une promesse que j’avais faite à ma mère : devenir médecin. Et aujourd’hui, même l’école a disparu. »
En octobre 2023, les écoles de Gaza sont devenues des abris pour les milliers de familles forcées de quitter leurs maison, puis ces abris sont devenus des cibles pour l’armée israélienne. 352 écoles publiques ont été endommagées, dont 111 complètement détruites, 20 établissements d’enseignement supérieur ont été gravement touchés, et 60 bâtiments universitaires détruits.
Le nombre total d’élèves assassiné-es par l’armée israélienne au cours des 21 derniers mois dépasse les 16 470, auxquels s’ajoutent 25 374 blessé-es et 914 enseignant-es et membres du personnel éducatif assassiné-es.
Déplacé-es à de nombreuses reprises, confronté-es aux bombardements et à la famine, les élèves de Gaza n’ont guère le temps d’étudier. Les pénuries de carburant rendent rare l’accès à l’électricité comme à internet, limitant par ailleurs la possibilité même de suivre des cours en ligne. Nombreux-ses sont celles et ceux, néanmoins, qui rêvent de retrouver le chemin de l’école, synonyme de dignité, de résistance et d’espoir.
Préparatifs incertains
Malgré les destructions, le ministère de l’Éducation affirme qu’il est déterminé à défendre le droit à l’éducation de ces élèves. Le porte-parole du ministère de l’Éducation, Sadeq Al-Khodour, a confirmé que les autorités préparaient un plan spécial pour permettre aux élèves de Gaza de passer leurs examens par voie électronique, même en cas d’agression. Des discussions entre le ministre de l’Éducation, le cabinet du Premier ministre et la commission d’examen ont abouti à un accord pour commencer à mettre en place les dispositions techniques nécessaires à ce scénario d’urgence.
Les examens devraient se dérouler en trois phases : la première concerne les élèves qui n’ont pas pu obtenir leur diplôme lors de la troisième session de 2023, le seconde pour 2024, et la troisième pour 2025. Les élèves de la première phase devraient passer un examen « pilote » le 17 juillet, puis l’examen réel le 19 juillet.
Le porte-parole a reconnu que l’obstacle le plus urgent est la sécurité, les attaques quotidiennes mettant en danger la vie des élèves. L’effondrement des infrastructures numériques est tout aussi préoccupant. Le ministère explore toutefois des alternatives pour s’assurer qu’aucun élève ne soit laissé pour compte. M. Al-Khodour a réaffirmé que l’examen est un droit fondamental et que des « efforts inlassables » sont déployés pour assurer l’avenir des jeunes de Gaza malgré la guerre.
Le ministère de l’Éducation devrait annoncer prochainement de plus amples détails. Pour l’instant, les étudiant-es de Gaza restent dans l’incertitude, résilient-es, déterminé-es et s’accrochant à la promesse que leurs rêves ne seront pas ensevelis sous les décombres de la guerre.



