D’après le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, les déplacements forcés de la population palestinienne en Cisjordanie ont atteint un niveau jamais enregistré depuis le début de l’occupation de la zone en 1967. Ce mardi 15 juillet, un village de plus a été pris d’assaut par des colons.
Par l’Agence Média Palestine, le 15 juillet 2025.

L’attaque a commencé au matin. Des colons débarquent dans le petit village bédouin de Shallalat al-Auja, au nord de Jéricho. Des colons soutenus par l’armée d’occupation “ont agressé les habitants avec des bâtons, ont lâché des chiens dressés sur eux et ont menacé de brûler leurs biens s’ils ne quittaient pas la zone.”, d’après Hassan Malihat, superviseur général de l’organisation Al-Baidar pour la défense des droits des Bédouins.
D’après l’agence palestinienne WAFA, cette attaque est loin d’être un cas isolé : “Comme d’autres communautés bédouines de la vallée du Jourdain, les habitants de la communauté d’Al-Auja Shallalat souffrent d’attaques répétées sur leurs terres et leurs maisons”.
Les colons agressent sans relâche les Palestiniens
Le rapport du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (OHCHR) publié ce mardi 15 juillet établit une augmentation des violences à l’égard des Palestiniens en Cisjordanie depuis le début de l’année : 757 actes d’agression contre des Palestiniens ou leurs terres ont été recensés depuis le mois de janvier, une augmentation de 13% par rapport à la même période l’année dernière.
A Hébron ce matin encore une nouvelle agression s’est déroulée. Le témoignage d’un militant anticolonial, Osama Makhamreh, a été recueilli par l’agence WAFA. Il a déclaré que des colons de la colonie de Susya, construite sur des terres palestiniennes, avaient attaqué les maisons de plusieurs habitants de Nawajaa et d’autres familles, ainsi que des bergers de la région. Ils leur ont jeté des pierres et, sous la menace d’une arme, les ont empêchés de quitter leurs maisons, proférant des menaces de mort.” Pendant cette attaque, un Palestinien de 62 ans a été roué de coups par les colons et a dû être transféré à l’hôpital de Yatta pour être pris en charge.
Ce matin, une autre attaque, cette fois-ci des soldats de l’occupation, a eu lieu dans le village d’Al-Lubban Al-Sharqiya près de Naplouse. Un immeuble résidentiel a été saisi par des soldats qui ont hissé le drapeau israélien sur le toit de l’habitation. Pour l’agence Wafa, cette saisie vise à “resserrer l’étau sur les centres de population palestiniens”.
Derrière les attaques, un déplacement massif des Palestiniens de Cisjordanie
Le dénominateur commun de toutes ces attaques, c’est la volonté de terroriser les Palestiniens pour les pousser à quitter les zones visées par l’expansionnisme colonial israélien. C’est le cas par exemple dans la région de Masafer Yatta où se trouve le village attaqué ce mardi matin par des colons qui ont blessé un homme de 62 ans. Cette région subit de nombreuses pressions et une véritable politique de terreur menée par les colons israéliens souvent soutenus par l’armée d’occupation.
C’est ce que confirme le rapport publié par l’office des Nations unies pour les droits humains, qui affirme que les déplacements de Palestiniens en Cisjordanie du fait des violences, du harcèlement, et des mouvements de l’armée d’occupation, se multiplient notamment depuis le lancement de l’opération “Mur de fer” au début de l’année.
Les conséquences de l’opération israélienne “Mur de fer”
Cette opération qui visait officiellement à sécuriser les colonies israéliennes et à lutter contre des milices palestiniennes locales, a abouti à l’évacuation forcée de trois camps de réfugiés palestiniens à Jénine, Tulkarem et Nour Shams. L’armée refuse qu’ils reviennent dans ces camps. Au total, plus de 30.000 Palestiniens ont été déplacés de force en Cisjordanie depuis le lancement de l’opération.
L’opération “Mur de fer” a aussi été l’occasion pour l’armée israélienne de procéder à des assassinats sauvages, comme celui de la petite Laila Khatib, deux ans. Elle a été tuée d’une balle dans la tête par un soldat israélienle 25 janvier dernier, dans sa maison du village de Ash-Shuhada près de Jénine. Il y a seulement deux semaines, un homme qui rentrait en bicyclette de la mosquée a été abattu par l’armée israélienne dans les faubourgs du camp de Nour Shams. Il s’appelait Walid Badir. Avec Laila, ils font partie des 964 palestiniens tués par les forces israéliennes et les colons en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023.
La situation empire mois après mois : en juin, les Nations unies ont enregistré le bilan mensuel des blessés palestiniens par des colons le plus élevé depuis 20 ans : 93 personnes au total.
En parallèle , les forces de sécurités israéliennes ont déposé des ordres de démolition pour plus de “1400 logements” depuis le début de l’opération “Mur de fer” d’après l’ONU. Les démolitions de ce type ont déjà entraîné le déplacement de 2907 Palestiniens depuis octobre 2023, tandis que “près de 2400 Palestiniens, dont la moitié d’enfants, ont été déplacés par la force à cause des actes des colons israéliens, vidant des pans entiers de la Cisjordanie de ses habitants palestiniens”.
L’OHCHR a de nouveau exhorté Israël à garantir la sécurité des Palestiniens en Cisjordanie occupée face à la multiplication des actes de violence à leur encontre, rappelant de nouveau le caractère illégal de cette occupation qui dure depuis 1967.



