Point sur la situation à Gaza, alors que la famine imposée par le siège israélien a tué plus de 20 personnes dans les deux derniers jours. Israël continue de cibler quotidiennement les personnes qui tentent d’obtenir une aide alimentaire, mais aussi les soignant-es et les journalistes, tuant plus de 231 personnes en deux jours.
Par l’Agence Média Palestine, le 21 juillet 2025

Les forces israéliennes ont assassiné au moins 115 Palestinien-nes à travers Gaza hier, dimanche 20 juillet, dont 92 qui tentaient de se procurer de la nourriture auprès d’un centre de distribution « humanitaire ». Le même jour, les autorités ont annoncé que 19 personnes étaient mortes de faim au cours de la journée écoulée.
La veille, samedi 19 juillet, Israël a assassiné 116 Pallestinien-nes dans des attaques ciblant l’ensemble de l’enclave. Deux autres sont mort-es des suites de la famine imposée par Israël depuis des mois.
Israël tue par la faim et les balles
Les responsables palestinien-nes de la santé affirment que des centaines de personnes pourraient bientôt mourir, les hôpitaux étant submergés de patient-es souffrant de vertiges et d’épuisement dus à la pénurie alimentaire. « La crise alimentaire à Gaza a atteint un nouveau niveau de désespoir. Des gens meurent faute d’aide humanitaire. La malnutrition augmente, 90 000 femmes et enfants ont besoin d’un traitement urgent. Près d’une personne sur trois n’a pas mangé depuis plusieurs jours », a averti le programme alimentaire mondial (PAM).
« Les parents se rendent aux sites de distribution de la GHF [Fondation humanitaire de Gaza] au risque de se faire tuer ou de laisser leurs enfants mourir de faim », raconte le journaliste Hind Khoudary sur Al Jazeera. « Nous avons rencontré une mère qui donne de l’eau à ses enfants juste pour leur remplir l’estomac. Elle n’a pas les moyens d’acheter de la farine, et quand elle le pouvait, elle n’en trouvait pas. »
À Zikim, les forces israéliennes ont tiré sur au moins 79 Palestinien-nes affamé-e qui attendaient un convoi d’aide des Nations Unies dimanche 20 juillet. Neuf autres personnes ont été tuées près d’un point d’aide à Rafah, où 36 autres avaient perdu la vie seulement 24 heures plus tôt. Quatre autres personnes ont été tuées près d’un deuxième site d’aide à Khan Younis, selon la défense civile palestinienne.
Dans le sud de Gaza, les soldat-es israélien-nes ont tué au moins 13 personnes qui attendaient de la nourriture près des points de distribution gérés par la GHF, soutenue par les États-Unis, à Rafah et Khan Younis. Ces meurtres portent à près de 1 000 le nombre de Palestiniens-nes tués sur les sites de la GHF ou à proximité depuis mai.
Rizeq Betaar, un Palestinien qui a survécu à l’attaque de Zikim, a aidé à transporter une jeune victime à l’hôpital : « Nous avons vu ce jeune homme gisant sur le sol, et c’est nous qui l’avons transporté à vélo. Nous essayons de lui venir en aide. Mais il n’y a rien », déplore-t-il. « Il n’y a pas d’ambulances, pas de nourriture, pas de vie, plus aucun moyen de survivre. Nous nous accrochons à la vie. »
Philippe Lazzarini, le chef de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a déclaré que le personnel à Gaza, lui-même affaibli par la famine, envoyait des messages désespérés. « Tout cela est le fait de l’homme, en toute impunité. La nourriture est disponible, à seulement quelques kilomètres de là », dénonce-t-il sur X, ajoutant que l’UNRWA dispose de suffisamment de provisions à la frontière pour nourrir Gaza pendant trois mois.
Le Conseil américain des relations américano-islamiques (CAIR), basé aux États-Unis, a dénoncé les attaques continues d’Israël contre les personnes qui cherchent de l’aide : « l’escalade des massacres de Palestinien-nes affamé-es, femmes, enfants et hommes, assassinés avec des armes fournies par les États-Unis et avec la complicité de notre gouvernement alors qu’ils cherchent désespérément de quoi nourrir leurs familles, n’est pas seulement une tragédie humaine, c’est aussi une condamnation de l’ordre politique occidental qui a permis ce génocide par son inaction et son indifférence », a déclaré Nihad Awad, directeur exécutif national du CAIR.
« Les gouvernements occidentaux ne peuvent prétendre ignorer la situation. Ils regardent en temps réel des civils innocents être délibérément affamés, déplacés de force et massacrés, et choisissent de ne rien faire. L’histoire se souviendra longtemps de l’indifférence du monde occidental face à la famine forcée, au nettoyage ethnique et au génocide à Gaza. »
« Faire taire la vérité »
Les forces spéciales israéliennes ont enlevé le Dr Marwan al-Hams, directeur de l’hôpital Abu Youssef al-Najjar et porte-parole du ministère palestinien de la Santé à Gaza, devant l’hôpital de campagne du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans le sud de l’enclave. Le médecin se rendait à son travail en répondant aux questions du journaliste Tamer Rabhi Rafiq Al-Za’anin et du photo-reporter Ibrahim Atef Abu Ushaibeh.
Les soldat-es israélien-nes ont assassiné le journaliste, blessé le photographe et kidnappé le médecin. Un porte-parole du CICR a déclaré avoir admis et soigné des patients blessés lors de l’incident et s’est dit « très préoccupé par la sécurité » autour de l’hôpital de campagne.
« Cet acte lâche visait l’une des voix humanitaires et médicales les plus éminentes qui ait jamais fait connaître au monde la douleur des enfants affamés, la souffrance des patients blessés privés de médicaments et les cris des mères aux portes des hôpitaux », a déclaré le ministère palestinien de la Santé dans un communiqué. « Il reflète clairement une intention délibérée de faire taire la vérité et d’occulter les souffrances de tout un peuple qui subit l’une des pires catastrophes sanitaires et humanitaires de son histoire. »
La semaine passé, un avocat représentant le Dr Hussam Abu Safiya, arrêté par l’armée israélienne à Gaza et emprisonné depuis à la prison d’Ofer, a fait part de ses inquiétudes concernant la détérioration de son état de santé et les tortures régulières qu’il subit dans les prisons israéliennes, où les détenus ne reçoivent que deux cuillères de riz par jour.
Hussam Abu Safiya, qui reste en isolement cellulaire à la prison militaire d’Ofer, qui abrite 450 détenus de la bande de Gaza, ne pèse pas plus de 60 kilos, selon son avocat.
De plus, le Dr Abu Safiya est détenu dans une cellule souterraine complètement isolée et sans lumière naturelle. « Les prisonniers de la prison d’Ofer endurent des conditions incroyablement dures et catastrophiques », explique son avocat. « Il ne sait rien du monde extérieur et porte toujours des vêtements d’hiver ».
Le docteur a également été victime de violentes agressions physiques qui lui ont valu des contusions à la tête, au cou, à la cage thoracique et au dos. Sa demande d’assistance médicale sa demande a été rejetée, alors qu’il présente pour des complications liées aux coups, notamment des battements cardiaques irréguliers. La négligence médicale et les mauvais traitements dans les prisons gérées par Israël sont bien documentés, et ces pratiques se seraient intensifiées depuis les événements du 7 octobre 2023.



