Gaza, jour 664 : la famine s’aggrave et Israël bombarde sans relâche

Point sur la situation à Gaza, alors que la famine continue de s’aggraver malgré les déclarations en faveur de l’aide humanitaire. Israël poursuit son siège et ses opérations meurtrières dans l’ensemble de l’enclave palestinienne.

Par l’Agence Média Palestine, le 31 juillet 2025



L’armée israélienne tire sur les affamé-es

La famine continue de s’aggraver à Gaza, et l’armée israélienne d’assassiner les civils affamés qui se rendent aux points de distribution d’aide alimentaire. Dans la seule journée d’hier, la faim a tué 12 Palestinien-nes, et Israël 71, si on ne compte que les meurtres directement liés aux distributions humanitaires.

Les livraisons d’aide alimentaires sont toujours insuffisantes, donnant lieu à des mouvements de foule dangereux parmi les habitant-es qui cherchent à atteindre les rares camions qui pénètrent dans l’enclave palestinienne. Mais le danger principal encouru par ces foules est l’armée israélienne, qui ouvre le feu sans motif apparent ni sommation.

Mardi 29 juillet, au moins 13 personnes ont été tuées et au moins 105 autres blessées lors de frappes contre des personnes qui attendaient près du point de distribution militarisé de Wadi Gaza. Un peu plus tard, au moins huit Palestinien-nes ont été tué-es et 126 autres blessé-es lors de tirs à balles réelles et de tirs d’artillerie lourde contre des personnes qui attendaient des convois humanitaires dans la zone du point de passage de Zikim, au nord-ouest de Beit Lahiya, dans le nord de Gaza.

Le lendemain, mercredi 30 juillet, une seule attaque israélienne a tué au moins 51 Palestinien-nes et blessé 648 autres au même point de passage de Zikim. Vingt autres personnes qui cherchaient de l’aide ont été tuées près du « corridor Morag », près de Khan Younis, dans le sud de Gaza, selon le complexe médical Nasser.

L’armée israélienne reconnait avoir tiré mais sans faire de victime. De nombreux témoignages, d’ancien-nes soldat-es ou employé-es de sécurité auprès de la GHF, rapportent que les tirs meurtirers envers les civils sont quotidiens et délibérés.

Famine à grande échelle

Malgré les risques, les Palestinien-nes continuent de se rendre aux points de distribution ou sur le chemin des camions humanitaires, poussé-es par la faim. « Gaza est aujourd’hui au bord d’une famine à grande échelle. Les gens meurent de faim non pas parce qu’il n’y a pas de nourriture, mais parce que l’accès est bloqué, que les systèmes agroalimentaires locaux se sont effondrés et que les familles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins les plus élémentaires », a déclaré le directeur général de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), QU Dongyu.

Alors que les largages aériens reprennent, l’ONU avertit que cette méthode pourrait tuer ou blesser des civils et qu’elle est insuffisante pour répondre aux besoins considérables à l’intérieur de Gaza, entre autres préoccupations. Quand ils n’ont pas atterri sur des civils en les blessant et abimant leurs abris, de nombreux colis sont tombés dans des zones sous le coup d’ordres d’évacuation, tandis que d’autres ont plongé dans la mer Méditerranée, obligeant les gens à nager pour récupérer des sacs de farine détrempés.

Les rares produits disponibles sur les marchés se vendent à des prix prohibitifs, et les habitant-es sont dépendant-es de l’aide humanitaire, qui ne parvient pas à la majorité de la population. Jihan al-Quraan s’est entretenue avec Al Jazeera tout en tenant sa jeune fille dans ses bras : « Regardez son ventre ! Il n’y a plus de chair, seulement des os à cause du manque de nourriture – un mois entier sans pain », déclare-t-elle. Elle raconte avoir essayé de se procurer de la nourriture dans une soupe populaire bondée, mais être revenue les mains vides. « Je n’ai trouvé que quelques pâtes sèches par terre ».

Selon l’ONU, Gaza a besoin d’au moins 500 à 600 camions d’aide par jour pour répondre aux besoins humanitaires fondamentaux. Or, seuls 269 camions sont entrés sur le territoire au cours des quatre derniers jours.

« La plupart d’entre eux ont été pillés par des foules affamées », a rapporté Tareq Abu Azzoum, journaliste d’Al Jazeera à Gaza. « Aujourd’hui, le pillage de l’aide humanitaire n’est plus très surprenant. C’est une conséquence prévisible d’une situation qui dure depuis longtemps, avec une population affamée qui se voit refuser l’accès à l’eau, à la nourriture et aux fournitures médicales. »

De nouveaux décès dûs à la faim et à la malnutrition sont rapportés chaque jour, et l’observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a déclaré que le bilan pourrait être plus lourd. « Beaucoup de ces décès ont été enregistrés comme étant dus à des causes naturelles, en raison de l’absence d’un mécanisme de signalement clair au sein du ministère et de la tendance des familles à enterrer immédiatement leurs proches », a déclaré le groupe dans un communiqué publié sur X. Il ajoute que les hôpitaux et les centres de soins primaires ont connu une « augmentation sans précédent » du nombre de décès quotidiens au cours des deux dernières semaines, avec l’arrivée de centaines de personnes âgées « dans un état d’épuisement extrême, à la recherche de liquides nutritifs ».

Les bombardements israéliens se poursuivent

Au moins 15 personnes ont été tuées mercredi lors d’attaques israéliennes à Gaza, indiquent des sources médicales. Au moins trois personnes, dont le photojournaliste palestinien Ibrahim Mahmoud Hajjaj, 35 ans, tuées lors de deux frappes aériennes israéliennes distinctes dans la ville de Gaza.

Le syndicat des journalistes Palestinien-es (PJS) a déclaré dans un communiqué qu’il considère que le ciblage de Hajjaj et d’autres journalistes comme une politique d’exécution systématique sur le terrain, destinée à faire taire la voix de la vérité palestinienne et à intimider les journalistes, accusant l’occupation de la responsabilité totale de ce crime et appelant la communauté internationale à agir immédiatement pour protéger les journalistes et tenir les tueurs pour responsables. 

Depuis l’aube d’aujourd’hui, jeudi 31 juillet, l’armée israélienne a assassiné 27 personnes, dont 10 qui cherchaient de l’aide alimentaire. L’agence de presse palestienienne Wafa rapporte qu’une famille composée d’un père, une mère et de leurs deux enfants ont été assassiné par une frappe de drone israélien dans leur tente au centre de Deir al-Balah. Ils ont été transférés à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa. Wafa rapporte également le bombardement israélien d’un immeuble à à Jabalia, au nord de la ville de Gaza, qui a tué trois personnes et fait quatre blessé-es. Deux enfants ont également été assassiné-es lorsqu’un drone israélien a bombardé des tentes abritant des personnes déplacées dans le quartier d’Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younis.

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