Nous naviguerons vers Gaza

 

Par Un collectif soutenant l’initiative «Un bateau français pour Gaza»

Les conclusions du dernier rapport des Nations unies concernant la situation économique à Gaza sont, malheureusement, limpides : le blocus imposé à la petite bande côtière a des conséquences catastrophiques pour le million et demi de Palestiniens qui y résident. Lors du deuxième semestre de l’année 2010, le chômage a augmenté pour atteindre 45,2%, tandis que les salaires réels poursuivaient leur baisse : au cours des cinq dernières années, ils ont chuté de 34,5%. Près de 70% des Gazaouis dépendent aujourd’hui des aides alimentaires internationales.

Même si les communicants d’Israël tentent de nous expliquer que «tout va bien à Gaza», chacun doit se rendre à l’évidence : le blocus, malgré les promesses d’«assouplissement», est toujours en place, et la population gazaouie continue d’être victime d’une punition collective, illégale au regard des conventions de Genève. Chris Gunness, porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), déclarait la semaine dernière, avec une amère ironie, que le blocus «a sans aucun doute été un grand succès pour punir certains des plus pauvres d’entre les plus pauvres du Moyen-Orient». Il ajoutait qu’«il est difficile de comprendre la logique d’une politique pensée par l’homme qui appauvrit de façon délibérée tant de gens et qui condamne des centaines de milliers de personnes potentiellement actives à une vie de misère».

Depuis que le siège a été imposé, nombre de voix se sont élevées pour le condamner : ONG, agences de l’ONU, personnalités de la société civile… Rien ne peut justifier le châtiment imposé aux Gazaouis par Israël, et surtout pas les résultats d’élections démocratiques. Certains dirigeants occidentaux ont émis des réserves quant au blocus, mais aucune mesure concrète n’a été prise pour contraindre Israël à cesser d’asphyxier les Gazaouis. C’est pour ces raisons qu’il y a un an, une première flottille faisait route vers Gaza, pour tenter de briser le siège et dénoncer la passivité complice des gouvernements. Elle a été interceptée dans la violence : 9 morts et 28 blessés parmi les passagers. Une brutalité à l’image de la brutalité du blocus.

Un an plus tard, au terme d’une campagne internationale de longue haleine, plus d’une dizaine de bateaux s’apprêtent à partir vers Gaza. Un bateau français sera parmi eux. Durant plusieurs mois, des centaines d’initiatives ont été organisées aux quatre coins du pays, réunissant des milliers de participants, dont la détermination, l’enthousiasme et la générosité ont permis de réunir les fonds nécessaires pour permettre à un navire français de se joindre à la deuxième flottille de la liberté. Le formidable écho recueilli par la campagne «Un bateau français pour Gaza» est à l’image du large sentiment d’exaspération suscité par les agissements d’Israël et révèle le décalage entre la politique du gouvernement français et l’indignation de nos concitoyens.

Nous naviguerons vers Gaza. Parce que nous ne pouvons nous résoudre au silence. Parce que nous n’acceptons pas d’être complices des autorités françaises qui se refusent à sanctionner Israël. Parce que nous n’acceptons pas qu’un Etat puisse bafouer les règles élémentaires du droit international et fouler aux pieds les droits humains. Parce que nous considérons que la position exprimée par le Comité international de la Croix-Rouge en 2010 est plus que jamais d’actualité : «Pour sortir le million et demi de Gazaouis de la situation précaire dans laquelle ils se trouvent, l’assistance humanitaire à elle seule ne suffit pas. La seule solution durable consiste à lever le blocus.»

Nous n’agissons pas par charité : nous prenons nos responsabilités. Aucun Etat ne devrait être au-dessus des lois, aucun Etat ne devrait pouvoir impunément violer les résolutions de l’ONU et les conventions de Genève tout en prétendant hypocritement être dans son bon droit. Aujourd’hui, le gouvernement israélien promet le pire à tous ceux qui s’approcheront de Gaza. Même si nous prenons au sérieux ces menaces, nous ne renoncerons pas. Les intimidations et la désinformation israéliennes n’auront pas raison de notre révolte face à la tragédie palestinienne.

Signataires : Julien Bayou Collectif Jeudi noir Olivier Besancenot Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) Ismahane Chouder Participation et Spiritualité musulmanes (PSM) Jean-François Courbe Confédération générale du travail (CGT) Raymond Fabrègues Confédération paysanne Patrick Finel Parti de gauche (PG) Georges Gumpel Union juive française pour la paix (UJFP) Nicole Kiil-Nielsen Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) Jean-Paul Lecoq Parti communiste français (PCF)

 

https://www.liberation.fr/monde/01012345138-nous-naviguerons-vers-gaza

 

 

Retour haut de page