La Ligue de Défense Juive : Depuis plus de quarante ans, agressions et crimes racistes, par Vivian Petit


La Ligue de Défense Juive.

Depuis plus de quarante ans : agressions et crimes racistes.

 

Le mardi 12 juin 2012, Jason Tibi et David Bennaroche, deux membres de la Ligue de Défense Juive ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour une affaire remontant à avril 2009, où les deux militants avaient agressé des participants à une soirée de solidarité avec le peuple palestinien. Cela nous donne l’occasion de revenir sur les nombreux « faits d’armes » de cette organisation, qui est depuis 1968 à l’origine de plusieurs dizaines d’assassinats dans le monde.

 

La Ligue de Défense Juive aux États-Unis, une organisation criminelle :
Fondée en 1968 par le rabbin Meir Kahane, la LDJ, groupe d’extrême droite se revendiquant du sionisme religieux, a été considérée pendant 20 ans par le FBI comme la deuxième organisation terroriste la plus puissante des États-Unis. A cette époque, dans le contexte de la guerre froide, la LDJ a tenté plusieurs détournements d’avions soviétiques, avant de poser des bombes aux sièges de ces compagnies aériennes. Elle a à plusieurs reprises menacé de mort des diplomates d’États arabes à l’ONU ainsi que Yasser Arafat. En 1978, ses militants incendient les locaux du Parti Démocrate à Los Angeles, et posaient une bombe dans un restaurant libanais. La LDJ a aussi créé la polémique en 1985, après le meurtre du président de l’American-Arab Anti Discrimination Comittee, lorsqu’ Alex Odeh, porte-parole de la LDJ, déclara que celui-ci avait « eu ce qu’il méritait ». En 2001, Irb Urbin fut arrêté alors qu’il planifiait des attentats dans une mosquée ainsi que dans le bureau de Darell Issa, député américain d’origine libanaise. Cette tentative est le dernier événement d’ampleur en lien avec la LDJ aux États-Unis. En effet, après avoir compté plusieurs dizaines de milliers de membres, la LDJ américaine n’en compte plus que quelques dizaines. Jusqu’en 2009, la LDJ figurait sur la liste des organisations terroristes aux États-Unis et au Canada.

 

En Israël, un parti d’extrême droite responsable de dizaines de morts :

 

Meir Kahane, fondateur de la LDJ, est aussi à l’origine du Kach, parti israélien d’extrême droite, dont le logo était le même que celui de la LDJ (un poing dans une étoile de David, sur fond jaune).

Aujourd’hui dissous, le Kach se revendiquait du sionisme religieux et avait pour but l’élargissement d’Israël à tout ce qu’il nomme« Eretz Israël », c’est à dire un État Israélien englobant la Cisjordanie, Gaza et le Golan, ceci impliquant le transfert des Palestiniens en Jordanie. En raison de sa montée préoccupante, le Kach a poussé la Knesset à voter en 1985 une loi interdisant aux partis racistes de se présenter. Cela a empêché Meir Kahane de briguer un second mandat de député en 1988. Le Kach est un temps resté actif dans les communautés de colons les plus dures. C’est ainsi qu’en 1994, en protestation contre les accords d’Oslo, Baruch Goldstein, colon et militant ultra-nationaliste membre du Kach, a massacré 29 fidèles musulmans qui priaient dans le tombeau des Patriarches, à Hébron. La LDJ américaine écrivit alors : « nous n’avons pas honte de dire que Goldstein fut un membre fondateur de la Jewish Defense League ». C’est cette affaire qui a poussé le gouvernement israélien à interdire le Kach, au titre des lois antiterroristes. Cependant, dans cette même ville d’Hébron, des colons armés agressant les Palestiniens et taguant « gas the arabs » se revendiquent toujours de la LDJ.


En France, de multiples agressions depuis une dizaine d’années :
En octobre 2000, s’est créée en France l’association Liberté Démocratie et Judaïsme, se donnant pour but d’organiser des manifestations de soutien à la politique israélienne, et d’intimider des journalistes, ainsi que des militants solidaires des Palestiniens. Le 7 avril 2002, à l’occasion d’une manifestation pro-israélienne organisée par le CRIF à laquelle appelaient aussi la LDJ et le Bétar, des militants des « Amis de la paix maintenant » (organisation sioniste de centre gauche) étaient agressés par la LDJ. Un commissaire de police tenant de s’interposer fut alors poignardé. A la suite de cette affaire, Liberté Démocratie et Judaïsme fut dissoute par le Ministère de l’Intérieur. Malgré cela, les membres de La LDJ décidèrent de continuer leur activité, renommant leur organisation en Ligue de Défense Juive. Ses membres n’ont jamais été accusés de reconstitution de ligue dissoute.

Sans statut légal, la LDJ est donc une « association de fait », et a pu reprendre ses agressions. En 2003, ses militants ont notamment agressé Mouloud Aounit, président du MRAP, ainsi que des étudiants de l’Association Générale des Etudiants de Nanterre, en raison de leur soutien au peuple palestinien. L’émission Complément d’enquête du 20 septembre 2004 a montré des membres de la LDJ s’entraînant au krav-maga, art martial de l’armée israélienne, dans des bâtiments gardés par la Police nationale.* En 2009, des membres de la LDJ ont notamment agressé des lycéennes musulmanes à Sailly lors d’une distribution de tracts de l’organisation. La même année, des membres du Parti Communiste furent frappés lors de la nomination de Salah Hamouri comme citoyen d’honneur de Vitry-sur-Seine. Toujours en 2009, des militants de la LDJ saccageaient la librairie Résistances de l’association Europalestine. En 2010, deux de ses membres étaient condamnés pour menace de mort à l’encontre d’Olivia Zemor, présidente d’Europalestine. Cette même année, le Musée d’art moderne de Paris était attaqué en raison d’une exposition de photographies de Gaza . L’année suivante, dans la mairie du XIVème arrondissement, ils interrompaient violemment une conférence de l’Association France Palestine Solidarité, lançant des chaises et menaçant les participants. Récemment, en juillet 2012, Jacob Cohen (écrivain antisioniste proche d’Europalestine) et Olivia Zémor ont de nouveau été agressés physiquement par des membres de la LDJ.

La LDJ organise régulièrement des manifestations de soutien à l’armée israélienne (par exemple lors des bombardements de Gaza ou après l’assaut sanglant contre la flottille de la Liberté), où l’on peut notamment entendre « mort aux Arabes ». Ne comptant qu’une centaine de membres, et une vingtaine de militants actifs, la LDJ tente de développer à la fois ses liens avec d’autres français de confession juive (par exemple en proposant de « sécuriser » des commerces ou des lieux de culte) et avec les autres organisations d’extrême droite. Le 18 décembre, elle assurait ainsi le service d’ordre lors des « Assises sur l’islamisation de l’Europe », rassemblement organisé par Riposte Laïque et le Bloc Identitaire, dans la lignée des « apéros saucisson-pinard » à la Goutte d’Or. Beaucoup de membres de la LDJ ont servi dans l’armée israélienne, et participe à des « missions » pour défendre les colonies en Cisjordanie.** Dans des propos rapportés par Politis, Richard Prasquier, président du CRIF, déclarait « Je ne pense pas que la LDJ ait été accusée de méfaits graves. J’en n’en sais d’ailleurs pas grand-chose. » ***

 

* Un extrait de l’émission est disponible ici : 

http://www.dailymotion.com/video/xu9tj_sionisme-patrouille-de-la-ldj_videogames

** Rue89 a consacré un article à cette « mission » :

http://www.rue89.com/2011/09/15/israel-des-extremistes-francais-en-renfort-aupres-des-colons-juifs-221823

*** Cet article assez complet sur la LDJ française est disponible ici :

http://www.politis.fr/La-Ligue-de-defense-juive-continue,19031.html

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