Par Ali Younes, le 27 Décembre 2017
Moins de deux pourcents de Palestiniens vivant en Palestine historique sont chrétiens [Anadolu/Issam Rimawi]
Beit Jala, Palestine – L’occupation israélienne de la Palestine est le principal facteur responsable de l’exode des chrétiens palestiniens de la région, révèle une nouvelle étude.
Les recherches menées par l’Université Dar al-Kalima à Beit Jala en Cisjordanie occupée, conclut que seul un petit pourcentage de chrétiens a quitté la Palestine à cause d’inquiétudes liées au conservatisme religieux musulman.
Les chercheurs ont interviewé plus de mille personnes (dont environ la moitié était chrétienne et l’autre musulmane) sur leur vision de la vie ; et si celle-ci se révélait négative, les causes de leur pessimisme.
L’étude rapporte : « La pression de l’occupation israélienne, les restrictions permanentes, les politiques discriminatoires, les arrestations arbitraires, les confiscations de terres, s’ajoutent à un désespoir général parmi les chrétiens palestiniens. »
Ces conditions ont mis les chrétiens palestiniens dans « une situation désespérée dans laquelle ils ne peuvent plus concevoir un futur pour leurs enfants ni pour eux-mêmes » ajoute l’étude.
Bernard Sabella, membre du Conseil Législatif palestinien et co-auteur de l’étude, nous dit : « Ce n’est pas de disparaître que les chrétiens palestiniens redoutent le plus, c’est davantage le fait de perdre leur place dans la société ».
Il souligne que le conflit avec Israël et le manque de solution politique à l’occupation des territoires palestiniens représentent les principales causes de la réduction du nombre de chrétiens palestiniens.
À Jérusalem et à Bethléem, soit les lieux de naissance traditionnels du christianisme, les chrétiens palestiniens disparaissent rapidement avec les conditions politiques et économiques actuelles.
« L’identité palestinienne doit être mise en avant et soulignée », ajoute Sabella.
L’étude montre aussi que 50 pourcents des chrétiens et 54 pourcents des musulmans interviewés sont optimistes quant à l’évolution positive de leur situation et attribuent leur optimisme au fait de croire que Dieu est de leur côté.
« Ce résultat reflète la religiosité de la population palestinienne » explique Varsen Aghabekian, une des auteurs de l’étude.
Seuls deux pourcents des chrétiens attribuent leur pessimisme à « l’extrémisme religieux », tandis que le pourcentage parmi les musulmans est de quatre, soit le double.
« Personne ne peut nous faire partir d’ici »
Une majorité des chrétiens et des musulmans déclarent que le conflit politique avec Israël fait qu’ils ne se sentent pas en sécurité.
« Je peux dire avec grande certitude que le départ [des chrétiens palestiniens] n’a jamais été causé par des persécutions religieuses » explique Aghabekian
L’émigration chrétienne de la Palestine commença pendant la période ottomane et était principalement due à une recherche d’opportunités économiques au nord du pays et en Amérique Latine.
Mais, selon l’étude, l’émigration récente est liée à l’instabilité de la région et au conflit avec Israël.
Entre 1860 et 1914, les chrétiens palestiniens représentaient environ 11 pourcents de la population palestinienne, qui était alors de 350 000 personnes.
À la veille de la première guerre mondiale, la population palestinienne atteint 616 000 personnes, dont 69 000 chrétiens.
Aujourd’hui les chrétiens palestiniens dans toute la Palestine historique – qui comprend Israël, la Cisjordanie et Gaza – représentent seulement 1,7 pourcents de la population palestinienne qui s’élève à 6 millions.
Iskandar El Hinn, un Palestinien chrétien dont la famille a fui la ville de Jaffa pour celle de Ramallah lorsqu’Israël fut créé en 1948, et il continue d’expliquer à Al Jazeera qu’il n’a jamais pensé à quitter la Palestine.
Au contraire, il dit encourager ses enfants et petits-enfants à rester déterminés et à protéger leur terre.
« En tant que Palestinien, je vis là où j’ai ma place, partout où je vais c’est la Palestine et Jérusalem est sa capitale » dit-il.
« Nous vivons ici depuis des milliers d’années, personne ne peut nous faire partir d’ici. »
Traduction : Lauriane G. pour l’Agence Média Palestine
Source : Al Jazeera