Par Hilo Glazer, 6 mars 2020
Plus de 200 Palestiniens ont été tués et près de 8 000 ont été blessés au cours de près de deux ans de manifestations hebdomadaires à la frontière Israël/Gaza. Des tireurs d’élite de l’armée israélienne racontent leur histoire.
« Je sais exactement combien de genoux j’ai frappé », dit Eden, qui a terminé son service dans les Forces de Défense Israéliennes comme tireur d’élite dans la brigade d’infanterie Golani il y a six mois. La plupart du temps, il était stationné le long de la frontière avec la bande de Gaza. Sa mission : repousser les manifestants palestiniens qui s’approchaient de la clôture.
« J’ai gardé les relevés de chacune de mes séances de tir », dit-il. « Je les ai dans ma chambre. Donc, je n’ai pas à faire d’estimation – je sais : 52 tirs au but certifiés. »
Mais il y a aussi tirs « non-certifiés », non ?
« Il y a eu des incidents où la balle ne s’est pas arrêtée et a également touché le genou de quelqu’un derrière [celui que j’ai visé]. Ce sont des erreurs qui se produisent. »
52 c’est beaucoup ?
« Je n’y ai pas vraiment pensé. Ce ne sont pas des centaines de liquidations comme dans le film « American Sniper » : Nous parlons de genoux. Je ne prends pas à la légère, j’ai tiré sur un être humain, mais quand même… »
Comment vous situez-vous par rapport à d’autres qui ont servi dans votre bataillon ?
« Du point de vue des tirs au but, je suis le meilleur. Dans mon bataillon, ils disaient : « Regardez, voici le tueur. Quand je revenais du terrain, ils me demandaient : « Eh bien, combien aujourd’hui ? » Vous devez comprendre qu’avant notre arrivée, les genoux étaient la chose la plus difficile à atteindre. Il y avait l’histoire d’un tireur d’élite qui avait au total 11 genoux à son actif, et les gens pensaient que personne ne pouvait le surpasser. Et puis j’ai réalisé sept-huit genoux en une journée. En quelques heures, j’ai presque battu son record. »
Voir, c’est croire
Les manifestations de masse à la frontière israélienne avec la bande ont commencé le Jour de la Terre, en mars 2018, et se sont poursuivies sur une base hebdomadaire jusqu’en janvier dernier. Ces affrontements, pour protester contre le siège israélien de Gaza, ont coûté la vie à 215 manifestants, tandis que 7 996 ont été blessés par balles réelles, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU. Malgré le grand nombre de victimes, les funestes manifestations et répressions le long de la clôture se sont poursuivies sans relâche pendant près de deux ans, jusqu’à ce qu’il soit décidé de réduire la fréquence à une fois par mois. Pourtant, même à l’époque, le rituel violent du vendredi après-midi a suscité peu d’intérêt public en Israël. De même, les condamnations internationales – les allégations d’utilisation disproportionnée de la force aux accusations selon lesquelles Israël commettait des massacres – se sont évanouies comme l’écume des vagues.
Faire la lumière sur cette tranche très récente de l’histoire implique de parler aux tireurs embusqués : Après tout, ils ont été la force dominante et la plus importante dans la suppression des manifestations à la clôture. Leurs cibles allaient de jeunes Palestiniens qui tentaient de s’infiltrer en Israël ou qui lançaient des cocktails Molotov sur les soldats, aux manifestants non armés considérés comme meneurs principaux. Les deux catégories se sont attiré la même réponse : des balles réelles tirées dans les jambes.
Parmi les dizaines de tireurs embusqués que nous avons approchés, six (tous libérés de Tsahal) ont accepté d’être interviewés et de décrire à quoi ressemble la réalité à travers leurs lunettes de visée. Cinq des brigades d’infanterie – deux de Golani et Givati, une de Kfir – plus une de l’unité antiterroriste du Duvdevan. Les noms de chacun d’eux ont été changés. Ils ne sont pas là pour « briser le silence » ou expier leurs actes, seulement pour raconter ce qui s’est passé de leur point de vue. Dans le cas d’Eden, même le fait qu’il ait aussi tué un manifestant par erreur ne l’ébranle pas. « Je crois que j’étais du bon côté et que j’ai fait la bonne chose », insiste-t-il, « parce que sans nous, les terroristes essaieraient de franchir la clôture. Il est évident pour vous qu’il y a une bonne raison pour laquelle vous êtes là. »
Eden dit qu’il a battu « le record du genou » lors de la manifestation qui a eu lieu le jour où la nouvelle ambassade des États-Unis a été inaugurée à Jérusalem, le 14 mai 2018. Il l’a fait en équipe : les tireurs d’élite travaillent généralement par paires, avec un localisateur, qui est aussi un tireur d’élite de formation, et dont la tâche est de donner à son partenaire des données précises (distance de la cible, direction du vent, etc.).
Eden : « Ce jour-là, notre binôme a réussi le plus grand nombre de tirs au but, 42 en tout. Mon localisateur n’était pas censé tirer, mais je lui ai laissé un créneau, parce que nous nous approchions de la fin de notre période, et il n’avait pas touché de genoux. En fin de compte, vous voulez partir avec le sentiment que vous avez fait quelque chose, que vous n’étiez pas un tireur d’élite lors des exercices seulement. Donc, après avoir réussi quelques coups au but, je lui ai suggéré d’échanger. Il a touché quelques 28 genoux là, je dirais. »
Eden se souvient clairement de son premier genou. Sa cible était un manifestant debout sur des bobines de barbelés à environ 20 mètres. « À cette époque [au début des manifestations], vous n’étiez autorisé à tirer sur un meneur que s’il était immobile », dit-il. « Cela signifie que, même s’il se promenait calmement, le tir était interdit, afin que nous ne le manquions pas et gâchions les munitions. En tout cas, ce meneur est sur le fil barbelé, je suis avec mon arme juste à la clôture, et il n’y a toujours pas d’autorisation d’ouvrir le feu. À un moment donné, il se tient en face de moi, me regarde, me provoque, me donne un coup d’oeil genre « Essaye pour voir ». Puis l’autorisation arrive. Debout au-dessus de moi, le commandant du bataillon, à ma gauche son adjoint, à droite le commandant de la compagnie – les soldats tout autour de moi, le monde entier et leurs femmes me regardent pour mon premier tir. Très stressant. Je me souviens de la vue du genou éclatant dans le collimateur. »
« Roy », qui a servi comme tireur d’élite dans la brigade de Givati jusqu’à sa libération il y a un an et demi, dit que le tir dont il se souvient le plus vivement est celui qui a attiré le plus grand public. « Il y avait de la pression, parce que le commandant du bataillon s’était présenté, et toute l’attention était rivée sur nous. Il y avait un Palestinien qui avait l’air d’avoir une vingtaine d’années, qui n’a pas cessé de se déplacer. Chemise rose, pantalon gris. Ce qu’ils font, c’est courir courir courir, puis se cacher derrière les barbelés. Il était vraiment bon pour ça. Dans cette situation, vous pouvez l’achever ou frapper quelqu’un derrière lui. Je me souviens clairement d’avoir manqué sa jambe, puis d’avoir ressenti un soulagement lorsque j’ai réussi un tir précis. »
Le soulagement est aussi la façon dont Itay, un ancien Haredi qui était un tireur d’élite dans le bataillon Netzah Yehuda (l’équivalent ultra-orthodoxe de la brigade Nahal). « J’ai vu un gars qui s’apprêtait à allumer un cocktail Molotov. Dans un cas comme celui-là, vous ne faites pas de calculs. Je suis monté à la radio, j’ai décrit la cible et j’ai obtenu un « autorisé ». La pression est folle. Tout ce pour quoi vous avez été formé et entraîné est distillé à ce moment. Tu te concentre, tu te rappelles de respirer et puis, « boum ». J’ai tiré sur le genou et il est tombé. Je me suis assuré que tout allait bien, que j’avais touché le bon endroit. »
Est-ce que ce genre de confirmation fait partie du protocole ?
Itay : « La directive est de continuer à regarder après le tir pour voir si l’objectif a été atteint. Vous ne signalez un coup au but qu’après vérification. Regarder la suite est la partie facile, ou plus exactement, c’est la partie qui apporte le soulagement. Parce que dans ce cas précis, le terroriste était à moins de 100 mètres de mes copains, et ça aurait pu mal finir. »
Et quand vous vérifiez et que vous voyez la blessure réelle, est-ce toujours facile ?
« Vous ne devriez pas voir des saignements massifs, parce que dans la région du genou et des os il n’y a pas beaucoup de vaisseaux. Si vous voyez du sang, ce n’est pas un bon signe, parce que vous avez probablement frappé trop haut. Le scénario idéal est censé être que vous frappez, cassez un os – dans le meilleur des cas, cassez la rotule – dans la minute une ambulance vient l’évacuer, et après une semaine, il reçoit une pension d’invalidité. »
Mais Shlomi, un tireur d’élite de Duvdevan, dit que frapper la rotule n’est pas non plus souhaitable : « L’objectif est de causer les blessures minimes au meneur, il va donc cesser de faire ce qu’il fait. J’essaierais donc, au moins, de viser un endroit plus gras, dans la région musculaire. »
Pouvez-vous être précis à ce point ?
Shomi : « Oui, parce que le Ruger [un type de fusil utilisé principalement lors des démonstrations] est destiné à une utilisation à 100, 150 mètres. De cette distance, vous voyez la jambe même à l’oeil nu, et avec une visée télescopique qui agrandit 10 fois, vous pouvez vraiment voir les tendons. »
Les gars avec des mégaphones
Qui est considéré comme un meneur à ces manifestations ? Les critères sont assez vagues. « Un meneur est un meneur », affirme simplement Amir. Commandant d’une escouade de tireurs embusqués Golani qui a vu l’action lors de la première vague de troubles le long de la clôture, il explique que « ce n’est pas si compliqué de comprendre qui organise et excite [les autres manifestants]. Vous l’identifiez, par exemple, par le fait qu’il vous tourne le dos et qu’il fait face à la foule. Dans de nombreux cas, il tient aussi un mégaphone. »
L’impression d’Itay est que « les principaux meneurs sont, par exemple, des gens qui tournent le dos, organisant les choses. Ils ne sont pas nécessairement une cible, mais pour leur faire savoir que nous voyons ce qu’ils font, je tirerais en l’air autour d’eux. Vous savez, celui qui arme les autres n’est pas une menace concrète pour moi, du moins pas directement, mais il fait bouger les choses. Donc, le frapper est un problème, mais aussi ne pas le frapper est un problème. C’est pourquoi au moment où il en aura marre d’exciter les autres et commencera à prendre une part active au chaos, il sera le premier que nous frapperons, parce qu’il est le plus important au regard du groupe autour de lui. Il est la clé pour arrêter la poussée. »
Il ajoute : « On ne frappe pas ceux qui excitent la foule à cause de ce qu’ils font. Ça n’a rien d’émotionnel. C’est celui qui est à l’origine du soulèvement, alors nous allons l’abattre. » Ce n’est pas une guerre, c’est juste un vendredi après-midi de désordre. L’objectif n’est pas d’en abattre le plus possible, mais de faire en sorte que cela s’arrête le plus rapidement possible. »
Selon le protocole de Tsahal, un mineur ne doit pas être classé comme un meneur. Selon Eden, « Il y en a dont l’âge est incertain, et donc vous n’y allez pas. »
Est-il vraiment possible de faire la différence entre un homme fluet et un adolescent bien bâti, dans le feu de l’action d’une manifestation ? « Vous essayez de savoir en fonction de leur langage corporel », dit Amir. « La façon dont il tient la pierre, s’il semble qu’il a été entraîné à la situation ou est le leader. Ces manifestations sont un peu comme un mouvement de jeunesse, de leur point de vue. Même si vous ne connaissez pas leurs « rang » précis, vous pouvez deviner à son charisme qui est le chef du groupe. »
Roy soutient que, « dans 99,9 % des cas, l’identification est précise. Il y a beaucoup d’images de la cible, et beaucoup de réticules braqués sur elle. Un drone au-dessus, des vigies, le tireur d’élite, ses commandants. Il n’y a pas qu’une, deux ou même trois personnes qui le regardent, donc il n’y aura aucun doute. »
Shlomi en est un peu moins certain : « Parfois, il est vraiment difficile de faire la différence [entre les mineurs et les adultes]. Vous regardez les traits du visage, la hauteur, la masse corporelle. Les vêtements sont également un certain indice. Les plus jeunes portent habituellement des T-shirts. Mais écoute, un jeune de 16 ans peut vous faire du mal aussi. S’il présente une menace, le paramètre d’âge n’est pas nécessairement pertinent. »
Itay est d’accord : « Le but n’est pas de frapper des mineurs, mais un cocktail Molotov est un cocktail Molotov, et la bouteille ne sait pas si la personne qui la détient est un homme de 20 ans, un adolescent de 14 ou un enfant de 8. »
Amir se souvient avoir connu un dilemme similaire. « Par exemple, il y avait un garçon dont le comportement justifiait un tir, mais nous avons estimé qu’il avait 12 ans et nous n’avons délibérément pas frappé – non seulement en raison de la façon dont ça sortirait dans les médias, mais en raison de nos propres considérations de fond. Nous avons décidé que nous devrions vraiment lui faire peur et nous avons frappé la personne à côté de lui. Ce n’était pas urgent pour nous. Il sera là la semaine prochaine, aussi. »
Pas de « tire et pleure »
Il y a 53 ans était publié « The Seventh Day », un recueil de témoignages de soldats venus de kibboutzim qui expriment leur détresse émotionnelle après avoir vu le combat dans la guerre des Six Jours. C’est un texte fondateur par sa façon de dépeindre Israël comme une société de personnes qui « tirent et pleurent ». Plus d’un demi-siècle plus tard, la lamentation des soldats de retour du champ de bataille est toujours entendue, mais au moins selon les voix citées ici, leurs fondements idéologiques et moraux se sont inversés. La réflexion sur le coût du sang a été remplacée par la critique de la faiblesse de l’armée et le sentiment qu’elle inhibe ses combattants.
« J’ai vu des meneurs qui ont franchi la clôture et je n’ai rien pu faire », dit Roy. « Ils sautaient par-dessus et nous provoquaient, puis revenaient en arrière. Bien sûr, vous n’obtenez pas l’autorisation de leur tirer dessus. Pourquoi ? Parce qu’une fois qu’ils sont en Israël proprement dit, ils ne sont pas considérés comme hostiles s’ils ne tiennent pas un couteau ou un fusil. Les restrictions qu’on nous impose sont honteuses. Vous devez comprendre : Quand il y a un jeune de 20 ans en face de moi qui incite les autres et mets le feu à des pneus, je n’ai qu’une seconde pour le frapper, sinon il va disparaître. Mais dès qu’il est dans ma ligne de mire, je dois d’abord en informer le commandant de la compagnie, qui informe le commandant du bataillon, qui s’adresse au commandant de la brigade, qui s’entretient avec le commandant de la division. Il y a eu des cas ridicules. Pendant ce temps, la cible a déjà déménagé ou s’est cachée. »
Amir dépeint la chaîne de commandement de cette façon : « Pour chaque tireur d’élite il y avait un commandant à un niveau junior [un non-com], comme moi, et aussi un commandant supérieur – un commandant de la compagnie ou un commandant adjoint de la compagnie. L’officier supérieur demandait l’autorisation de tirer auprès du commandant de la brigade du secteur. Il prenait la radio et lui demandait : « Puis-je ajouter un autre genou pour cet après-midi ? »
L’impression glanée par Daniel, un soldat qui a immigré des États-Unis et a servi dans la brigade de Givati, est que les procédures étaient plus souples que cela. « Comme tout ce qui se passe dans Tsahal, ce n’était pas tout à fait clair, du moins pas à mon époque. Mais en général, vous deviez demander l’autorisation de tirer à votre officier supérieur et il demandait l’autorisation du commandant de la compagnie ou du commandant du bataillon. Si ça marchait comme prévu, ça pourrait prendre moins de 10 secondes. Les commandants n’étaient pas particulièrement avares avec les autorisations de tir. Ils vous faisaient confiance lorsque vous aviez dit que vous aviez identifié une cible justifiable. »
Selon Eden, les maillons de la chaîne de commandement se sont desserrés au fil du temps. « Si vous regardez les premières manifestations, il y a quatre ou cinq ans, avant la vague des deux dernières années, vous constaterez qu’il était très difficile d’obtenir l’autorisation. À l’époque, ils disaient que chaque genou était une grosse affaire. Dans la période où les protestations se sont vraiment développées, il est devenu plus facile d’obtenir le feu vert. À mon époque, cela venait du niveau de commandant de bataillon ou de commandant de compagnie, selon la situation. »
L’obligation d’obtenir l’autorisation de chaque tir de sniper du commandant de la brigade a-t-elle eu un impact sur le nombre de victimes palestiniennes ? Les données indiquent que le nombre de personnes tuées a fortement diminué seulement après la transition vers le Ruger, environ un an après que les troubles hebdomadaires ont éclaté. Le Ruger est considéré comme moins mortel que les autres fusils. Eden, un vétéran du secteur de Gaza, dit qu’il a utilisé des fusils M24 et Barak (HTR-2000) : « Avec le Barak, si vous tiriez sur quelqu’un au genou, vous ne le handicapiez pas, vous arrachiez sa jambe. Il pouvait mourir en se vidant de son sang. »
En juillet dernier, après 16 mois d’affrontements à la clôture de Gaza, Tsahal a révisé ses lignes directrices pour les tireurs embusqués dans le but de réduire le nombre de morts. Un officier supérieur a expliqué les changements apportés dans un rapport de la correspondante militaire de la Kan Broadcasting Corporation, Carmela Menashe : « Au début, nous leur avons dit de tirer sur la jambe. On a vu que tu pouvais être tués comme ça, alors on leur a dit de tirer sous le genou. Par la suite, nous avons rendu l’ordre plus précis et leur avons demandé de tirer sur la cheville. »
Eden le confirme. « Il y avait une étape où l’ordre était vraiment de viser la cheville », note-t-il. « Je n’aimais pas ce changement. Croyez en vos tireurs d’élite. Pour moi, j’avais l’impression qu’ils essayaient de rendre notre vie plus difficile sans raison. »
Comment ça ?
Eden : « Parce qu’il est clair que la surface du corps entre le genou et la plante du pied est beaucoup plus grande que celle entre la cheville et de la semelle. C’est la différence entre viser 40 centimètres [16 pouces] et viser 10 centimètres. »
Roy, qui a terminé son service avant que les instructions aient été mises à jour, dit qu’il visait habituellement plus bas dans tous les cas. « De mon temps, vous étiez autorisé à tirer n’importe où, le genou et plus bas, mais j’ai visé la cheville, afin de ne pas frapper plus haut, Dieu nous en préserve, ou tout l’enfer se déchaînait. J’ai préféré agir comme ça. Je n’avais pas pitié des meneurs, mais que je savais que je ne serais pas soutenu par l’armée. Je ne voulais pas être une deuxième Elor Azariai [le soi-disant tireur d’Hébron, qui a purgé une peine de prison après avoir été reconnu coupable d’avoir achevé un agresseur palestinien blessé]. J’ai moins réfléchi à la cible et plus à moi-même et à ma famille, pour qu’ils n’aient pas à passer par la même chose que la famille d’Elor. »
Amir ajoute : « Si vous frappez par erreur l’artère principale de la cuisse au lieu de la cheville, alors soit vous aviez l’intention de faire cette erreur ou alors vous ne devriez pas être un tireur d’élite. Il y a des tireurs d’élite, pas beaucoup, qui « choisissent » de faire des erreurs [et de viser plus haut]. Pourtant, les chiffres ne sont pas élevés. [En comparaison] il y a des jours où vous collectez 40 genoux dans l’ensemble du secteur. Ce sont les proportions. »
De l’avis d’Amir, la discussion sur l’endroit où tirer – cuisse, genou ou cheville – n’a pas de sens. « Laissez-moi vous raconter une histoire. Un jour, il y a eu un grand chaos. Un de mes soldats voulait abattre un meneur qui répondait à tous les critères. Il a demandé l’autorisation, mais le commandant de la compagnie a refusé, parce que le gars était trop près d’une ambulance. La moindre déviation, même s’il venait de frapper le phare, et il y aurait eu un article dans les médias rapportant que Tsahal a tiré sur une ambulance. Mon soldat a entendu le refus, mais a tiré quand même. Il a frappé la cheville, selon la procédure, un coup de précision, chirurgical. Donc, d’une part, il a violé un ordre, mais d’autre part, il a rempli sa mission. » (Le soldat a été plus tard sanctionné et affecté à un travail subalterne.)
Et vous comprenez sa pensée ?
Amir : « Évidemment. Pour un soldat comme ça, ce tir est son but, sa justification. Ce sont des gamins de 18 ans, pour la plupart issus d’un milieu socio-économique assez pauvre. Le fait que vous en ayez fait des tireurs d’élite ne signifie pas que vous les avez transformés en gens matures et sensés. Au contraire, vous les avez transformés en machines, vous avez réduit leur capacité de réflexion, vous avez réduit leurs possibilités de choix, diminué leur humanité et leur personnalité. Quand vous transformez quelqu’un en tireur d’élite – voilà son essence. Alors maintenant tu veux lui enlever ça aussi ? Cela peut sembler radical, parce que je suis un commandant, mais il y a un endroit en moi qui dit : « Hé, vous m’avez déçu, vrai, mais vous vous en êtes sorti en homme, vous avez prouvé que la fonction [de tireur d’élite] ça marche. »
Amir, qui s’est spécialisé dans le théâtre à l’école secondaire et se dit un « boy scout du nord », décrit un autre cas d’infraction aux règles qui s’est produite dans sa compagnie.
« Même quand il n’y a pas de manifestation et que tout semble calme, ils vous envoient à la clôture avec la patrouille lorsque des bergers s’approchent. Vous devez comprendre, ce ne sont pas des bergers innocents, ils travaillent pour le Hamas et le Jihad islamique afin de vous rendre fous. Ils franchissent la ligne pour obtenir une riposte de votre part. Tu vas prendre un véhicule et aller le menacer ? Quand tu y seras, il sera parti. Tu vas tirer en l’air ? Il s’en fout. Et à cause de cette absurdité, vous ne dormez pas et toute une compagnie devient la marionnette du berger », dit Amir.
« Un jour, l’un des non-gradés m’a dit : « Assez, nous ne pouvons pas continuer comme ça, nous allons abattre un de ses moutons, ils ont de la valeur. » Pensez à ce qui conduit un soldat, un musicien d’une bonne école secondaire, le genre de type que vous penseriez le moins capable de faire couler le sang, qui appelle le mirador à la radio et dit : « Voyez-vous un mouton, au nord ? Vous allez le voir tomber. » Après ça, le berger n’est pas revenu. Quelle est la conclusion ? La dissuasion a fonctionné. »
Amir dit que ces deux incidents doivent être compris à la lumière de la nature de l’activité de son bataillon à la frontière de Gaza. « Avant même le début des manifestations, nous étions en embuscade pendant deux mois d’affilée », raconte-t-il. « Nous avons observé une escouade qui a réussi à improviser une bombe et à la coller sur la clôture. Il y avait une sorte de défaut, l’engin n’a pas explosé, et nous avions compris qu’ils viendraient le récupérer. Mais ça a duré encore et encore. Chaque jour, ils s’approchaient, et même lorsque le chef de l’équipe était debout juste au-dessus de la bombe, nous n’avions pas l’autorisation de tirer. Pourquoi ? Seulement en raison de la sensibilité des médias. Tant qu’il ne tenait pas réellement l’engin, il était impossible de prouver avec certitude qu’il avait quelque chose à voir avec lui – alors allez comprendre le genre de narration que le Hamas allait construire autour de cela. Pensez à quel point c’est frustrant pour les soldats. Nous sommes restés allongés là sous la pluie pendant deux mois et n’avons rien fait. »
Et la frustration justifie de se rebeller dans d’autres circonstances ?
Amir : « Non, mais cette affaire illustre le paradoxe des règles d’engagement. Un terroriste qui mérite de mourir est en face de moi, mais parce que nous devons nous justifier à Haaretz ou à la BBC, il s’en sort sans une égratignure. La lâcheté est créée qui ruisselle vers le bas. Au lieu de cela, vous allez détruire les genoux dans les manifestations. Non seulement cela n’a pas d’effet, mais ces gens ne méritent pas non plus de perdre leurs genoux. Je m’identifie vraiment à ce que [l’ancien chef d’état-major de Tsahal] Ehud Barak a dit un jour : s’il était Palestinien, il serait devenu un terroriste. Cela n’a résonné pour moi que lorsque j’étais dans les territoires. Vous regardez les petits enfants qui pleurent quand vous frappez leur père, et vous vous dites : Hé, je ne m’attends à rien d’autre d’eux. »
Comparaison sportive
Y a-t-il des tireurs d’élite qui ont eu du mal à continuer leur vie après leur libération ? Tuly Flint, agent de santé mentale dans la réserve et travailleur social médical spécialisé dans les traumatismes, a traité des tireurs embusqués qui ont participé à la lutte contre les manifestations à Gaza au cours des deux dernières années. Les tireurs d’élite, dit-il, manifestent des caractéristiques singulières lorsqu’il s’agit de stress post-traumatique.
« Si je suis l’un des 30 soldats qui se trouve dans la région et tire une rafale, je ne sais pas nécessairement si j’ai tué », dit-il, alors que le tireur d’élite sait quand il a atteint sa cible. « Le deuxième trait dérive du fait que le tireur d’élite est tenu de ne pas détourner son regard. Grâce à l’objectif télescopique, il voit la personne qu’il tire et l’impact du coup, et peut fixer l’image dans sa mémoire. »
Flint décrit un sniper d’une unité d’élite qui visait le genou d’un manifestant, mais a frappé trop haut, et le manifestant est mort vidé de son sang. « Ce soldat, un tireur d’élite qui était très dévoué à sa mission, décrit avoir vu le manifestant saigner à mort. Il ne peut pas oublier ses appels à ne pas être laissé seul. Il se souvient aussi très bien de l’évacuation [du corps], et des femmes qui pleuraient sur lui. À partir de là, c’est tout ce à quoi il pense et tout ce dont il rêve. Il dit : « Je n’ai pas été envoyé pour défendre l’État, j’ai été envoyé pour commettre des meurtres. » Les pensées de la petite amie de la personne qu’il a tuée continuent également de le hanter. Le résultat est qu’après deux ans il rompt avec sa propre petite amie. « Je ne mérite pas d’en avoir une », dit-il.
Daniel a des souvenirs aigus de ses copains après qu’ils ont fait un coup au but. « Les gens ont l’air malades ou choqués. Le sens de l’acte n’est pas perçu sur le champ. Il y a une seconde, j’ai tiré sur quelqu’un, et une minute plus tard, je mange du matza avec du chocolat ? C’est quoi, ça ? »
Il ajoute : « Il y a des histoires horribles et terribles sur des soldats qui visaient un manifestant et frappaient quelqu’un d’autre. Je connais quelqu’un qui a pris pour cible l’un des leaders d’une manifestation, qui se tenait sur une caisse et exhortait les gens à continuer à marcher en avant. Le soldat a visé sa jambe, mais au dernier moment l’homme s’est déplacé et la balle l’a manqué. Au lieu de cela, il a frappé une petite fille, qui a été tuée sur place. Ce soldat est une épave aujourd’hui. Il est surveillé 24h/24, 7j/7, donc il ne se suicidera pas. »
Les tireurs d’élite affectés par des expériences comme celle-là sont la minorité. Pour sa part, Amir dit que le genre de sentiments que la plupart des tireurs d’élite ont est complètement différents, et rappellent le monde du sport. « L’arène des manifestations est comme une arène sportive, un évènement pour lequel vous pouvez vendre des billets », dit-il. « Groupe contre groupe, avec une ligne au milieu et un public de fans des deux côtés. Vous pouvez totalement raconter l’histoire d’une rencontre sportive ici. »
« Sur la ligne de front, » poursuit-il, « sont les meneurs : ils marquent la ligne de départ à partir de laquelle les gens partent au sprint, seuls ou en groupe. Tout est coordonné et planifié à l’avance. Il y a ces fosses sur le terrain [pour se cacher], et cela leur permet de jouer avec nous. Ils peuvent courir 100 mètres sans que je puisse arracher leur pied. Ils sont également habiles à zigzaguer. Deux d’entre eux apparaissent, ils se cachent, l’un jette une pierre pour que l’autre puisse aller de l’avant. Ils utilisent des tactiques de diversion. C’est une sorte de jeu, vous savez. »
Quel est le but du jeu ?
Amir : « Obtenir des points. S’ils ont réussi à mettre le drapeau sur la clôture, ça vaut un point. Un drapeau piégé : un point. Jeter une grenade fumigène : un point. Même juste toucher le mur, je veux dire la clôture : un point. Il y a une bataille qui se passe ici, mais il n’est pas certain qu’elle soit décisive, personne n’a la moindre idée de comment remporter la coupe, mais en attendant les deux côtés continuent à jouer le jeu. »
Un jeu pour l’histoire. Les forces ne sont pas exactement aussi équilibrées.
« C’est vrai. Et nous n’utilisons même pas un quart de la force que nous pourrions exercer. »
En d’autres termes, nous pourrions les battre par KO, mais nous préférons gagner aux points ?
« Nous ne gagnons même pas aux points. Après un certain temps là-bas, dans un débriefing, j’ai dit : « Laissez-moi une seule fois abattre un enfant de 16 ans, pas avec une balle dans la jambe – laissez-moi lui éclater la tête en face de toute sa famille et de tout son village. Que son sang gicle. Et puis peut-être que pendant un mois je n’aurai pas à arracher encore 20 genoux. C’est un calcul choquant et inimaginable – mais quand vous n’utilisez pas vos capacités, ce que vous essayez de faire là-bas n’est pas clair. Vous me demandez quelle était ma mission ? Voilà, c’est dur pour moi de répondre. Qu’est-ce qui doit être considéré comme un succès de mon point de vue ? Même le nombre de genoux que j’ai arrachés ne dépendait pas de moi, il découlait du nombre de « connards » qui ont choisi de franchir la ligne. »
Mais tuer un gamin au hasard ? Pensez-vous vraiment que c’est la solution ?
« De toute évidence, nous ne devrions pas liquider les enfants. Je disais cela pour faire le point : si vous en tuez un, vous pourriez peut-être épargner 20 autres. Si tu me ramenais à cette situation d’il y a deux mois et me laisserais agir, j’aurais éliminé ce fils de pute qui se tenait au-dessus de la bombe, même si ça signifiait qu’il viendrait me voir dans mes rêves par la suite. La réalité d’aujourd’hui, que cinq à dix personnes seront invalides toute leur vie, auxquelles mon nom est connecté, en quelque sorte, est aussi de la merde. Et pas seulement dans le sens où ça pèse ou pas sur mon coeur. Pensez-y : il y a toute une génération d’enfants qui ne pourront pas jouer au foot. »
Juste des adolescents
Il semble que la présence d’enfants lors de manifestations suscite la réaction émotionnelle la plus puissante parmi les tireurs embusqués.
« Un jour, il y avait une fille, je pense qu’elle avait probablement 7 ans, qui tenait un drapeau du Hamas et elle a couru vers nous », dit Shlomi de Duvdevan. « J’ai vérifié à travers l’objectif qu’il n’y avait rien de suspect sur elle, que son chemisier ne sortait pas, qu’il n’y avait aucun signe de fils ou de bombes, et nous avons crié pour la dissuader. Heureusement, elle a eu peur et s’est enfuie. Il était clair pour moi que je ne tirerais pas même si elle avait franchi la ligne, mais je me souviens avoir pensé : j’espère vraiment qu’elle ne va pas continuer. »
Daniel : « Du poste de garde, vous observez un Hamasnik, son visage est en face de vous, et vous pensez à vous-même : J’espère vraiment qu’il fait quelque chose, que je puisse lui tirer dessus. Mais avec les manifestants, l’image se complique, parce que beaucoup d’entre eux ne sont que des adolescents. Ils sont minces, ils sont petits, vous ne vous sentez pas menacé par eux. Vous devez vous rappeler que ce qu’ils font est dangereux. »
Comme certaines des autres personnes interviewées, Daniel met l’accent sur la colère des soldats à l’adresse des parents. « Une mère qui amène son enfant à une manifestation comme celle-là est une mère terrible », dit-il.
Amir dit qu’il peut comprendre les enfants : « Ils y gagnent leur vie, et je n’ai pas à vous dire à quel point la situation économique est mauvaise à Gaza. Mais leurs parents, je ne comprends pas. Pourquoi les traînez-vous là-bas ? Envoyez-les se faufiler [en Israël] secrètement et travailler dans la construction, renversez le gouvernement du Hamas, peu importe, mais pas cela. »
Roy, qui se dit de droite, convient que « Ce n’est pas contre eux que nous devons nous battre, mais le Hamas, les terroristes, ceux qui organisent les bus pour amener les gens et leur jettent quelques dollars pour qu’ils brûlent des pneus. Je les plains [les enfants], ils sont vraiment malheureux. Ils me rappellent les enfants du quartier qui jouent avec des pétards. J’étais comme ces enfants aussi, donc en ce sens je m’identifie à eux. »
Mais tout en exprimant des objections aux tirs de masse, Itay, de Netzah Yehudah, pense toujours que le nombre de Palestiniens blessés par des tirs à la frontière depuis près de deux ans démontre en fait que les soldats n’ont pas la gâchette facile. « Tous les vendredis, il y a des milliers de manifestants, note-t-il, et si vous multipliez ce nombre par 52, puis que vous le doublez, vous arriverez à des centaines de milliers de personnes. Parmi eux, 8 000, c’est une infime fraction. »
Il ajoute, cependant, que « Le pouvoir que vous avez quand quelqu’un vient dans votre mire, savoir que cela dépend de vous s’il sera encore capable de marcher ou non, est effrayant. De mon point de vue, ce n’est pas une puissance enivrante. Je n’aime pas ça, mais c’est impossible à ignorer. C’est là tout le temps. Après mon tir, j’ai réalisé que c’est quelque chose que je ne voulais plus ressentir. Je suis donc allé directement à l’université et je n’ai pas pu décrocher un poste de sécurité en raison de mes antécédents au combat. »
C’est votre destin
Tout le monde ne parvient pas à contenir son sentiment d’ivresse. Un clip vidéo qui a circulé en 2018 montrait un Palestinien s’approchant de la clôture et se faisant tirer dessus par un tireur embusqué, alors que les soldats célébraient le coup au but avec des cris de « Right on! » et « Quel clip fabuleux ! » Roy dit que la réponse des soldats là-bas témoigne d’un manque de professionnalisme et de trop d’enthousiasme, bien qu’il n’ait rien vu de semblable dans son équipe.
« D’un autre côté, je pense que c’est humain », dit-il. « Quand vous avez un certain but, même si vous tirez des flèches sur une cible, évidemment il y a de la joie du tir au but. L’erreur des soldats était dans leur comportement. Qu’ils se réjouissent discrètement, mais n’en fassent pas un clip. Il faut préserver les apparences, aussi. »
Amir, aussi, fait la distinction entre la satisfaction personnelle et les manifestations publiques qui ne semblent pas convenables sur le film. « Les tireurs d’élite de l’équipe que nous avons remplacée étaient des légendes. Ils étaient champions de Tsahal et ils avaient deux ou trois X super cool [sur leurs fusils] pour avoir tenu la ligne à Gaza. Nous avons entendu l’histoire des X, et nous les voulions aussi. C’est votre métier, votre destin, l’essence de votre être à partir du moment où vous vous levez jusqu’à ce que vous alliez dormir. Évidemment, vous voulez afficher vos capacités. »
Tu dois fêter ça ? N’y a-t-il pas un autre moyen ?
Amir : « Non. Prenez le gars le plus babouin que vous connaissez – et c’est ce que fait Tsahal, transformer les enfants en babouins – et essayez de l’empêcher de parler de sa première fois. C’est le chaos là-bas, tout le monde tire, fait mouche – vous vous attendez à ce qu’il n’ouvre pas une bouteille de champagne ? Il s’est accompli tout à l’heure, c’est un moment rare. En fait, plus il le fait, plus il sera indifférent. Il ne sera plus particulièrement heureux, ni triste. Il existera. »
L’armée commente
« A la lumière du changement qui s’est produit dans la nature des troubles, il a été décidé d’équiper les forces aussi avec la balle Ruger, ce qui provoque moins de dégâts. En ce qui concerne l’utilisation de fusils M24, nous notons qu’il s’agit d’un fusil de sniper standard. En général, dans le cadre des événements en question, l’utilisation n’a pas été faite du fusil de sniper Barak. Nous avons été mis au courant de l’utilisation exceptionnelle et spécifique de ce dernier, qui a été signalée et étudiée. Les conclusions ont été transmises à l’unité de l’avocat général militaire pour un examen plus approfondi. »
« Les déclarations attribuées à un officier supérieur concernant les règles d’engagement ne reflètent pas la politique opérationnelle de Tsahal. L’officier avait l’intention d’expliquer que lorsqu’il y avait des rapports de blessures involontaires par balle qui n’étaient pas sous le genou, les commandants du secteur ont décidé de durcir les règles d’engagement dans certaines circonstances, et d’ordonner aux tireurs d’élite de viser la cheville. »
« Quant à l’affaire dans laquelle un combattant a tiré sur un perturbateur majeur, même s’il n’a pas reçu l’autorisation de son officier supérieur, le tir a été fait conformément aux règles d’engagement à l’exception de cette infraction. L’affaire a été traitée au niveau du commandement et n’a pas été transmise à l’unité de l’avocat général militaire pour le traitement. »
« De même, dans le cas où des tirs inappropriés sur un mouton ont eu lieu, cet incident a été traité au niveau du commandement et n’a pas été envoyé à l’unité de l’avocat général militaire pour enquête. Le commandant adjoint de la compagnie a été jugé pour violation de la discipline militaire et condamné à sept jours de détention. »
Traduction : AFPS-Alsace
Source : Haaretz