Par Fayha Shalash, le 12 avril 2023
L’état de santé du principal dirigeant du Jihad islamique palestinien se détériore rapidement alors qu’il en est à son 67e jour de sa cinquième grève de la faim.
Le prisonnier palestinien Khader Adnan est « mourant » dans une clinique d’une prison israélienne après 67 jours de grève de la faim, ont déclaré mercredi sa femme et son frère.
Membre influent du groupe palestinien du Jihad islamique, Adnan, 44 ans, a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention dans les prisons israéliennes depuis qu’il a été arrêté lors d’un raid israélien à son domicile le 5 février.
Son état de santé s’est gravement détérioré au cours des 67 derniers jours. Sa femme, Randa Moussa, a déclaré lors d’une conférence de presse à Ramallah mercredi qu’il s’était évanoui plus d’une fois et qu’il souffrait de graves vertiges et d’une faiblesse générale.
« Mon mari est mourant et l’administration pénitentiaire israélienne refuse de le transférer dans un hôpital civil », a déclaré Mme Moussa. « Elle le maintient plutôt dans la prison de Ramla, qui ne dispose pas des installations sanitaires minimales. Nous avons demandé plus d’une fois qu’il soit transféré dans un hôpital, mais notre demande est toujours rejetée.
Adnan a été emprisonné au moins 11 fois depuis 2004 et a été le porte-parole des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.
Sa première grève de la faim a eu lieu après son arrestation en 2004, pour protester contre sa détention administrative, une pratique controversée qui permet à Israël de détenir des Palestiniens sans inculpation pendant des périodes de six mois.
La grève de la faim est considérée par beaucoup comme un symbole de la résistance palestinienne, et c’est la cinquième qu’Adnan entreprend pendant sa détention. En 2012, une grève de 67 jours a incité une vague de prisonniers palestiniens placés en détention administrative à se joindre à lui.
Des accusations fabriquées de toutes pièces
Le Jihad islamique palestinien a été désigné comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne. Au fil des ans, Israël a placé Adnan en détention administrative à plusieurs reprises, invoquant des raisons telles que des « activités menaçant la sécurité régionale ».
Sa famille, qui a toujours nié qu’il soit impliqué dans des activités militantes, affirme que cette fois-ci, Adnan n’a pas été transféré en détention administrative, mais que les procureurs israéliens ont fabriqué plusieurs chefs d’accusation à son encontre pour l’emprisonner.
Adnan a entamé sa dernière grève de la faim dès son arrestation, chez lui, dans la ville d’Arraba, au sud de Jénine, en Cisjordanie occupée. C’était une façon de refuser l’arrestation, et son procès a été reporté à plusieurs reprises depuis lors.
Mohammed Adnan, le frère d’Adnan, a déclaré lors de la conférence de presse qu’un avocat de l’association Addameer Prisoner Support and Human Rights Association avait rendu visite à Adnan à la clinique de la prison de Ramla, où il est détenu, mardi. L’avocat a informé la famille de son état de santé.
« En plus de s’évanouir fréquemment, mon frère souffre de troubles de l’audition et de la vision, d’une forte pression dans la poitrine, de spasmes dans tout le corps et de vomissements de matières jaunes », a déclaré Mohammed Adnan.
Lundi, Adnan s’est évanoui, est tombé au sol et s’est cogné la tête et le bas de l’épaule. Il est resté allongé sur le sol pendant un long moment sans l’aide d’aucun gardien, malgré la présence de caméras de surveillance dans sa cellule, a expliqué l’avocat à la famille.
« C’est pourquoi nous demandons qu’il soit transféré dans un hôpital civil. De plus, les geôliers le perturbent délibérément et le privent de sommeil en prenant d’assaut sa cellule toutes les demi-heures et en y laissant la lumière allumée », a déclaré Mohammed Adnan.
« Israël a jusqu’à présent refusé que sa femme, ses neuf enfants et moi-même lui rendions visite, sous prétexte d’une interdiction pour des raisons de sécurité.
Adnan est considéré comme l’un des principaux dirigeants du Jihad islamique en Cisjordanie occupée. Il possède une boulangerie dans sa ville natale et a neuf enfants. Il soutient activement les prisonniers palestiniens et participe régulièrement à des événements organisés en leur faveur.
Son épouse a lancé un appel à diverses organisations de défense des droits de l’homme, notamment internationales, pour qu’elles contribuent à attirer l’attention sur son cas et à faire pression sur Israël pour qu’il soit libéré « avant qu’il ne soit trop tard ».
Qaddoura Fares, responsable du Club des prisonniers palestiniens, a déclaré qu’Israël ignorait délibérément les demandes de libération d’Adnan afin de prolonger sa grève de la faim, dans l’espoir qu’elle ait un effet dissuasif sur d’autres prisonniers palestiniens.
Les prisonniers palestiniens ont mené collectivement 25 grèves, ainsi que 410 grèves individuelles, dont la plus récente est celle d’Adnan.
Selon le Club des prisonniers palestiniens, le nombre de prisonniers détenus dans les prisons israéliennes est actuellement de 4 700, dont 1 000 sont en détention administrative, tandis que les forces israéliennes ont procédé à au moins 1 300 arrestations depuis le début de l’année.
Source : Middle East Eye
Traduction : AGP pour l’Agence Média Palestine