Des milliers de ressortissant-e-s français-es engagés dans les forces d’occupation israéliennes se rendent complices de crimes de guerre en Palestine.
Par l’Agence Média Palestine, le 22 décembre 2023
Le nombre de soldats de nationalité française mobilisés sur le front à Gaza est estimé à plus de 4 000, d’après une enquête effectuée par Europe 1 en Israël. Dans cette enquête, Ethan, 22 ans, est arrivé en Israël il y a deux ans pour s’engager dans l’armée et explique au micro d’Europe 1 qu’il voulait « vraiment passer à l’action, même si je ne suis pas un Israélien, que je n’étais jamais allé en Israël… Notre objectif, pour l’instant, est de faire face au Hamas, et on fera ce qu’il faut faire quand il faudra le faire et on le fera comme il faut… ».
Pour rappel, il existe deux manières de servir dans l’armée israélienne en tant que citoyen-ne français-e. Emigrer en Israël, en tant que juifs ou juives, – en obtenant de ce fait la nationalité israélienne, tout en conservant leur nationalité française – et effectuer un service militaire obligatoire d’une durée de 3 ans pour les garçons et de deux ans pour les filles. Les personnes dans ce cas sont donc binationaux. Deuxième cas de figure, les Françaises et les Français résidant en France – qu’ils se reconnaissent ou non comme juifs ou juives – qui s’engagent dans l’armée d’Israël en tant que volontaires, tout en ne résidant pas en Israël et en n’ayant pas la nationalité israélienne.
Comme l’indiquait l’Agence Média Palestine en octobre dernier, les ressortissant-e-s français-es occupent les rangs de l’armée israélienne depuis de nombreuses années, ils et elle représentent le deuxième plus grand contingent étranger dans les forces d’occupation israéliennes, après les États-Unis.
À ce jour Israël a déjà assassiné près de 20 000 Palestinien-ne-s dont 7 870 enfants depuis le 7 octobre. La participation de citoyen-ne-s français dans les crimes de guerre commis à Gaza constitue une atteinte au droit international. La colonisation étant reconnue comme un crime contre l’humanité, le gouvernement français se doit d’examiner l’implication de ses ressortissants dans la bande de Gaza.
Au début du mois de novembre dernier, la juriste en droit international et fondatrice de l’Observatoire des Camps de Réfugié-e-s Rima Hassan, faisait état des menaces à son encontre par des membre de l’armée d’occupation d’Israël : des missiles israéliens lui étant adressés. Aucune enquête n’a depuis été lancée afin de sanctionner les auteurs de ces menaces.
Alors que la FIDH – ainsi que d’autres organisations et personnalités internationales du droit humanitaire – affirme qu’un génocide est en cours à Gaza, la responsabilité de la France devrait être engagée contre la politique coloniale illégale d’Israël, d’autant plus aujourd’hui lorsque ses citoyen-ne-s – français-es – se rendent complices du nettoyage ethnique en cours à Gaza et des crimes de guerre perpétrés contre toute la population civile palestinienne.
Le 20 décembre dernier, le député de Seine-Saint-Denis Thomas Portes a adressé un courrier au ministre de la justice Éric Dupond-Moretti afin de lui demander d’enquêter sur les 4000 Français-es présent-e-s sur le front à Gaza au sein des forces d’occupation israéliennes. Il ajoute également qu’en cas de crimes de guerre, ceux et celles qui s’en sont rendus coupables devront être traduis devant la justice française.
L’inaction et le silence de la France quant à la responsabilité qu’elle porte vis-à-vis de l’engagement de ces citoyen-ne-s français-es dans les crimes de guerre israéliens à Gaza, ainsi que l’incapacité des médias français à traiter le sujet de manière déontologique et respectueuse du droit international, enlisent la France dans sa complicité avec la politique coloniale d’apartheid d’Israël.
De son côté, l’Afrique du Sud a annoncé le 20 décembre dernier prendre des mesures de sanction à l’encontre de ses citoyens ayant rejoint les rangs des forces israéliennes.