135 journalistes palestiniens tués à Gaza par Israël en 7 mois

Depuis le 7 octobre 2023, au moins 135 journalistes palestiniens ont été tués par Israël à Gaza, selon le Syndicat des Journalistes Palestiniens (SJP).

Par l’Agence Média Palestine, le 3 mai 2024

Photo : International Media Support

Au 209ème jour de son agression génocidaire sur la bande de Gaza, Israël a assassiné plus 135 journalistes palestiniens, déclare Shuruq As’ad, la porte-parole du SJP (dont les chiffres n’ont pas encore été mis à jour) à l’Agence Média Palestine lors d’un entretien le 2 mai dernier.

La porte-parole du SPJ a également déclaré à l’Agence qu’à ce jour, 1500 journalistes ont été déplacés vers le sud de la bande de Gaza, à Rafah, où ils font face à des coupures constantes de connexion internet. La centaine de journalistes étant restée dans le nord de l’enclave bombardée, fait face – comme 1,1 million de Gazaouis – à un degré de famine jugé « catastrophique », selon le Programme Alimentaire Mondial.

Cette journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée chaque 3 mai, marque l’apogée de la période la plus meurtrière pour les journalistes : selon le Centre de Protection des Journalistes (CPJ), qui recense ces statistiques depuis 1992, c’est la première fois qu’un État – en l’occurrence ici l’État d’Israël – est directement responsable de la mort d’autant de journalistes sur une période aussi concentrée. En effet, les 3/4 des journalistes tués dans le monde – seulement en 2023 – ont été tués à Gaza.

La directrice du CPJ, Jodie Ginsberg, déclarait en février dernier : « Chaque journaliste tué est une atteinte à notre compréhension du monde ». Cette « atteinte à la compréhension du monde » est partie intégrante de la politique de silenciation systématique de la part d’Israël des voix palestiniennes qui documentent les crimes qu’il commet dans la bande de Gaza, en Cisjordanie occupée et au Sud-Liban. Comme le rappelle Imen Habib, coordinatrice de l’Agence Média Palestine, dans une interview donnée ce vendredi 3 mai à France 24, la censure israélienne vise à pousser les journalistes palestiniens à partir de Gaza afin qu’il ne reste plus personne pour documenter ce qu’il se passe dans l’enclave gazaouie.

Alors qu’Israël a tué plus de 34 356 Palestiniens, dont au moins 14 500 enfants, et que Netanyahou annonçait le 1er mai dernier l’invasion imminente de Rafah où plus de 1,4 million de Palestiniens déplacés s’y réfugient, la Cour Pénale Internationale (CPI) serait sur le point d’émettre des mandats d’arrêt visant de hauts responsables israéliens, dont Benjamin Netanyahou. Cette initiative rejoint les plusieurs condamnations à l’encontre d’Israël d’assassinats délibérés des journalistes palestiniens depuis octobre 2023, notamment par des experts de l’ONU, et également les multiples plaintes déposées en novembre et décembre 2023 par Reporters Sans Frontières (RSF) afin d’exiger une protection par l’ONU des journalistes de Gaza, au regard de la résolution 2222 de sa charte.

Cibler et tuer délibérément des journalistes est reconnu comme l’un des moyens les plus efficaces pour effacer les preuves d’un crime commis, ou en train de se commettre. C’est également passable d’une condamnation pour « crimes de guerre » selon RSF, qui portait plainte en novembre 2023 auprès de la CPI en déclarant : « Depuis l’année 2000, il n’y a jamais eu autant de journalistes tués ».

Selon le CPJ : « Les journalistes de Gaza sont confrontés à un risque exponentiel », a déclaré Sherif Mansour, coordinateur du programme du CPJ pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Des journalistes de la BBC, d’Al-Jazeera, de RT Arabic et d’Al-Araby TV ont signalé que la police et l’armée israéliennes, entre autres, avaient entravé leurs
reportages depuis le début de la guerre. Les recherches du CPJ montrent également que plus de la moitié des journalistes recensés font l’objet d’accusations de terrorisme en réponse à leur couverture de la situation à Gaza.

Alors que les journalistes internationaux ne sont toujours pas autorisés à l’intérieur de la bande de Gaza (hormis de rares exceptions telles que Clarissa Ward pour la chaîne
américaine CNN en décembre 2023), Amnesty International déplore également un refus de laisser entrer ses enquêteurs des droits de l’homme dans l’enclave afin de rendre
compte de la situation sur place et d’être en mesure d’investiguer sur les crimes commis par Israël.

Selon le SJP, à ce jour, 73 bâtiments abritant des agences de presse ont été ciblés et détruits à Gaza, à l’image du bureau de l’AFP en novembre dernier. Les journalistes palestiniens et palestiniennes subissent un ciblage criant et sans relâche de la part d’Israël, alors que l’exercice de leur métier est déjà rendu quasi impossible à Gaza compte tenu des coupures incessantes d’accès à l’électricité, à internet et aux télécommunications. En réponse à l’attaque délibérée à la liberté de la presse que subit le journalisme palestinien, précisément gazaoui, l’UNESCO décerne le prix 2024 de la liberté de la presse aux journalistes de Gaza, le 2 mai dernier.

Le SJP actualise régulièrement cette liste des journalistes palestiniens tués par Israël dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

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