Gaza : Israël bombarde Rafah, où sont réfugiés 1,4 million de Palestiniens déplacés

Dans la nuit du 5 au 6 mai 2024, Israël lance une offensive sur la ville de Rafah, dernier lieu de « refuge » de l’enclave abritant plus de 1,4 million de personnes déplacées.

Par l’Agence Média Palestine, le 6 mai 2024

Des Palestiniens fuient Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. Photo : Hatem Khaled, Reuters.

Alors que le gouvernement de Netanyahou vient de voter l’interdiction d’Al Jazeera – principale chaîne d’information internationale continuant à rendre compte sur place de l’assaut génocidaire israélien contre Gaza – Israël a lancé son offensive sur la ville de Rafah.

Dans la nuit du 5 au 6 mai 2024, le gouvernement de Netanyahou a ordonné l’évacuation de 100 000 personnes de l’Est de Rafah, désignée comme zone « refuge » et abritant au moins 1,4 million de personnes déplacées depuis octobre dernier. À peine quelques heures après, l’offensive est lancée, comme l’avait annoncé le 26 avril dernier suite aux potentielles émissions de mandats d’arrêt de la CPI à son encontre : « Aucune décision de la CPI n’affectera les actions d’Israël ».

Par messages SMS et via les réseaux sociaux, le gouvernement israélien a annoncé aux Palestiniens se réfugiant dans le sud de l’enclave gazaouie, dans la ville de Rafah :  » Un appel urgent à tous les habitants et personnes déplacées de la municipalité d’Al-Shouka et des quartiers – Al-Salam, Al-Jeneina, Tabet Ziraa et Al-Byouk dans la région EST de Rafah dans les blocs: 10-16, 28, 270 (voir carte). L’armée israélienne agira avec une force extrême contre les organisations terroristes dans vos zones de résidence, comme elle l’a fait jusqu’à présent. Quiconque est proche d’organisations terroristes met sa vie et celle de sa famille en danger. Pour votre sécurité, Tsahal fait appel à vous. Évacuation immédiate vers la zone humanitaire élargie d’Al-Mawasi. Nous vous prévenons que la ville de Gaza est toujours une zone de combat dangereuse. Abstenez-vous de revenir vers le nord depuis Wadi Gaza. Nous vous prévenons de ne pas vous approcher de la barrière de sécurité est et sud. »

Depuis cette annonce via le compte X (ex-Twitter) du porte-parole de Tsahal pour les médias arabes, Israël bombarde lourdement Rafah, tuant de nombreux civils pris au piège dans cette zone considérée il y a quelques jours encore comme un « refuge », et sans possibilité de se protéger ou d’évacuer. L’armée israélienne attaque la partie Est de Rafah, une des zones les plus peuplées abritant plus de 250 000 Gazaouis. La zone attaquée est aussi celle où transite l’aide humanitaire et celle d’Al-Najjar, le principal hôpital toujours fonctionnel de Rafah.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’offensive sur Rafah a tué en quelques heures au moins seize personnes issues de deux familles, assassinées dans des frappes israéliennes ayant visé leurs deux maisons respectives dans l’Est de Rafah, selon des secouristes de l’Hôpital Al-Najjar de Rafah.

Après avoir tué plus de 34 622 civils palestiniens, blessé plus de 77 000 personnes, détruit plus de 80% des habitations, déplacé plus de la moitié de la population, utilisé la famine comme arme de guerre, Israël s’attaque maintenant au dernier bout de territoire de l’enclave qu’il avait lui-même désigné comme « refuge ».

Lors d’une conférence de presse le 30 avril dernier, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avait déjà mis en garde contre les conséquences « dévastatrices » et « graves » d’un éventuel assaut militaire sur Rafah. La menace d’émission de mandats d’arrêts à l’encontre de hauts responsables du gouvernement israélien, l’ordonnance de la CIJ du 26 janvier 2024 estimant qu’un « risque plausible de génocide » est en cours à Gaza, les nombreuses plaintes et alertes de différentes ONG et experts en droits humains à travers le monde n’ont pas été entendues.

L’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les Réfugiés, a annoncé le 6 mai suite à l’ordre d’évacuation de la ville, qu’ils n’évacueraient pas et qu’ils « resteraient présents à Rafah autant longtemps que possible, qu’ils continueraient à fournir une aide vitale à la population ».

Le lundi 6 mai, le Premier ministre belge Alexander De Croo a annoncé qu’il avait, il y a plusieurs semaines, décidé de mettre en place des sanctions commerciales à l’encontre d’Israël. Une initiative qui s’inscrit dans le sillon de la vice-première ministre belge Petra de Sutter, qui a elle appelé à des sanctions contre le gouvernement de Netanyahu, afin d’empêcher l’opération – maintenant en cours – à Rafah.

Alors que de potentiels mandats d’arrêts visant Netanyahou et d’autres responsables israéliens de haut rang sont en cours d’émission par la Cour Pénale Internationale, plusieurs députés français – dont le député LFI Eric Coquerel – appellent à rejoindre l’initiative belge et imposer des sanctions pénales contre Israël, le plus rapidement possible.

Ce lundi 6 mai, au cours d’une conférence de presse au Quai d’Orsay, le Ministère des Affaires Étrangères français a fait part de sa « ferme opposition à une offensive israélienne sur Rafah ». Le Ministère rappelle également que ”Tout déplacement contraint de population est un acte de guerre” via un communiqué publié ce même jour, mais n’a toujours pas communiqué sur de potentielles sanctions à l’encontre d’Israël.

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