Au jour de commémoration du 76ème anniversaire de la Nakba, Israël attaque Rafah par les airs et par la terre.
Par l’Agence Média Palestine, le 7 mai 2024, mis à jour le 16 mai
Parallèlement à l’offensive accrue sur Rafah ces derniers jours, les bombardements israéliens aériens, terrestres et maritimes se poursuivent dans la majeure partie de la bande de Gaza, entraînant de nouvelles victimes civiles, des déplacements et la destruction d’habitations et d’autres infrastructures civiles. Environ 20 % de la population de Gaza a de nouveau été déplacée au cours de la semaine dernière, notamment de Rafah vers le nord de l’enclave. Des incursions terrestres et des combats violents continuent également d’être signalés dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans la ville de Gaza et dans l’est de Rafah. Depuis le 13 mai, le point de passage de Rafah reste fermé et il n’y a toujours pas d’accès sûr et logistiquement viable au point de passage de Kerem Shalom.
Les combats se poursuivent à Rafah, Jabaliya et dans le quartier de Zeitoun. La branche armée du Hamas, les brigades Al-Qassam, a confirmé des affrontements avec les forces israéliennes dans le camp de Jabaliya. Dans le même temps, les bombardements indiscriminés du Sud de Gaza ne cessent pas. Le jeudi 16 mai, la clinique Al-Sabra, organe de l’UNRWA, a été ciblée et bombardée, tuant 14 Palestiniens s’y réfugiant. La porte-parole de l’UNRWA, Louise Wateridge, déclare qu’en une semaine, « Rafah est devenue méconnaissable ».
Les 14 et 15 mai, l’armée israélienne a émis deux nouveaux ordres d’évacuation pour tout ou partie de 19 quartiers du nord de Gaza, ce qui porte à cinq le nombre d’ordres émis depuis le 6 mai à Rafah et dans le nord de Gaza. Selon l’ONU, près de 600 000 personnes ont été déplacées de Rafah depuis le 15 mai, dont environ 150 000 au cours des dernières 48 heures. L’ONU estime qu’environ 100 000 autres personnes ont été déplacées dans le nord de la bande de Gaza. À ce jour, 285 kilomètres carrés, soit environ 78 % de la bande de Gaza, ont été placés sous ordre d’évacuation par l’armée israélienne ; cela comprend toutes les zones au nord de Wadi Gaza, dont les habitants ont reçu l’ordre d’évacuer fin octobre, ainsi que des zones spécifiques au sud de Wadi Gaza désignées pour être évacuées par l’armée israélienne depuis le 1er décembre.
L’accès aux services de santé essentiels continue de se réduire à mesure que de nouveaux ordres d’évacuation sont émis et que les opérations militaires s’intensifient dans les zones où se trouvent ces services. Le 14 mai, Médecins sans frontières (MSF) a annoncé qu’ils s’étaient retirés de l’hôpital de campagne indonésien après y avoir prodigué des soins postopératoires à des patients blessés depuis décembre 2023. L’ONG a indiqué avoir pris cette décision suite à « l’avancée de l’offensive » à Rafah et aux « attaques systématiques contre les installations médicales et les infrastructures civiles » dont elle a été témoin depuis le début du conflit, ajoutant que ses équipes ont subi 26 incidents violents depuis octobre 2023, y compris « des frappes aériennes endommageant des hôpitaux, des chars tirés sur des abris convenus et déconflictualisés, des offensives terrestres contre des centres médicaux et des convois visés par des tirs ». Tout en réduisant sa présence à Rafah, MSF a repris ses activités au complexe médical Nasser à Khan Younis, où elle propose notamment des services de chirurgie orthopédique et de traitement des brûlures.
Au jour du 76ème anniversaire de la Nakba, des Palestiniens se sont réunis par milliers mardi 14 mai dernier à l’occasion d’une marche annuelle organisée dans les ruines de villages du nord d’Israël, dont les habitants arabes ont été chassés en 1948. Parmi les slogans de cette marche, infiniment plus douloureuse cette année, on peut entendre « Gaza ne s’agenouillera pas devant les chars et les canons ».
L’armée israélienne a assassiné lundi 13 mai dernier un travailleur humanitaire de l’ONU en ouvrant le feu sur sa voiture de fonction dans la ville de Rafah, à Gaza. Au total ce sont 190 employés de l’ONU qui ont été assassinés par l’armée israélienne à Gaza depuis octobre dernier, principalement du personnel de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Depuis le 7 octobre, au moins 262 travailleurs humanitaires ont été tués à Gaza par Israël, dont 193 membres du personnel des Nations Unies.
« La guerre à Gaza est devenue une tache morale sur la conscience de notre humanité collective » et est entrée « dans une nouvelle phase d’horreur », a déclaré le 12 mai la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordinatrice adjointe des secours d’urgence, Joyce Msuya. Décrivant Gaza comme un « paysage infernal pour des millions de personnes piégées par des bombardements incessants », Mme Msuya a indiqué que ceux qui ont échappé à la mort et aux blessures « risquent maintenant de perdre la vie en raison du manque de nourriture, d’eau potable, de médicaments et de soins de santé ». Soulignant que les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom sont une « ligne de vie » pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, le chef adjoint des secours de l’ONU a réitéré « l’appel lancé de longue date par le Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza et de la libération immédiate et inconditionnelle des otages » et a ajouté : « Nous avons également besoin que les autorités israéliennes respectent leurs obligations de faciliter un accès sûr, rapide et sans entrave à l’aide humanitaire et aux travailleurs humanitaires. Cela inclut l’UNRWA, qui a été l’épine dorsale de la réponse humanitaire à Gaza ».
L’invasion israélienne du point de passage de Rafah implique l’arrêt de l’acheminement de l’aide humanitaire dans l’enclave. Gaza, dont la population assiégée est soumise à la famine depuis plusieurs mois, dépend de l’aide humanitaire et des institutions qui la distribue pour survivre.
L’acheminement sûr d’une aide humanitaire d’urgence avait déjà été exigé par la Cour Internationale de Justice à Israël le 28 mars dernier, en vain. Les 16 et 17 mai prochains, auront lieu de nouvelles audiences de l’Afrique du Sud et d’Israël à la CIJ, dans l’affaire intentée par l’Afrique du Sud à l’encontre d’Israël au titre de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Le 15 mai dernier lors d’un communiqué, le Service Diplomatique de l’Union européenne exhorte Israël de mettre fin à son invasion de Rafah et à ses bombardements indiscriminés et incessants: « L’Union européenne demande instamment à Israël de mettre fin immédiatement à son opération militaire à Rafah. Cette opération perturbe encore davantage la distribution de l’aide humanitaire à Gaza et entraîne une augmentation des déplacements internes, de l’exposition à la famine et de la souffrance humaine. Plus d’un million de civils sont réfugiés à Rafah et dans ses environs et ont reçu l’ordre d’évacuer vers des zones qui, selon les Nations Unies, ne peuvent être considérées comme sûres. (…) Si Israël poursuivait son opération militaire à Rafah, cela mettrait inévitablement à rude épreuve les relations de l’UE avec Israël. »
Au 222ème jour de l’agression génocidaire israélienne sur l’enclave, Gaza compte 34 904 Palestiniens assassinés par Israël – dont au moins 15 000 enfants, et plus de 78 500 blessés.