La famine à Gaza constitue une « forme de violence génocidaire », selon dix experts des droits de l’homme

Par la rédaction de Middle East Eye, le 9 juillet 2024

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture préparée par une association caritative après un assaut israélien sur Rafah, le 8 mai 2024 (Reuters)

Après neuf mois de blocus quasi total de l’aide humanitaire par Israël, dix experts des Nations unies ont déclaré mardi qu’ils en avaient assez vu et qu’Israël menait une « campagne de famine ciblée » à Gaza.

« Nous déclarons que la campagne de famine intentionnelle et ciblée menée par Israël contre le peuple palestinien est une forme de violence génocidaire et qu’elle a entraîné une famine dans l’ensemble de la bande de Gaza », ont déclaré les experts.

« Nous appelons la communauté internationale à donner la priorité à l’acheminement de l’aide humanitaire par voie terrestre par tous les moyens nécessaires, à mettre fin au siège d’Israël et à instaurer un cessez-le-feu », ont-ils ajouté.

Michael Fakhri, rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, ainsi que d’autres experts tels que Francesca Albanese, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, et Paula Gaviria Betancur, rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, ont publié la déclaration.

Selon le ministère palestinien de la santé, au moins 33 enfants, principalement dans le nord de la bande de Gaza, sont morts de malnutrition depuis le début de la guerre en octobre.

Le groupe de dix experts en droits de l’homme a cité les décès de trois enfants âgés de treize, neuf et six mois, dus à la malnutrition à Khan Younis et Deir al-Balah depuis la fin du mois de mai, ce qui l’amène à affirmer qu’une famine est en train de s’installer.

« Avec la mort de ces enfants par inanition malgré un traitement médical dans le centre de Gaza, il ne fait aucun doute que la famine s’est propagée du nord de Gaza au centre et au sud de Gaza », ont déclaré les experts.

La mission diplomatique d’Israël à Genève a déclaré que cette déclaration relevait de la « désinformation ». « Israël n’a cessé de renforcer sa coordination et son assistance dans l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en connectant récemment sa ligne électrique à l’usine de dessalement de l’eau de Gaza », a déclaré la mission.

La famine depuis des mois

En juin, un rapport publié par un groupe d’experts indépendants connu sous le nom de Famine Early Warning Systems Network, ou Fews Net, a averti que la famine à Gaza pourrait être en cours depuis avril et qu’elle se poursuivra probablement jusqu’en juillet « s’il n’y a pas de changement fondamental dans la façon dont l’aide alimentaire est distribuée et accessible » après son entrée dans la bande de Gaza.

Entre-temps, Israël continue de bloquer le point de passage de Rafah avec l’Égypte et de restreindre l’entrée de l’aide par le point de passage de Karem Shalom avec le sud de la bande de Gaza.

« L’accès de la population à l’aide alimentaire disponible et son utilisation ont été insuffisants pour répondre aux besoins à ce jour, et beaucoup plus doit être fait immédiatement pour s’assurer que l’aide alimentaire humanitaire est distribuée de manière efficace une fois qu’elle entre dans Gaza », indique le rapport.

L’organisation Fews Net, basée aux États-Unis, a effectué son analyse de la famine à Gaza en se basant sur trois conditions à remplir, à savoir la consommation alimentaire, la malnutrition aiguë et la mortalité.

Il a conclu que le pic des taux de mortalité dans l’enclave assiégée est directement lié aux niveaux « proches » de la famine, et que des taux « extrêmement élevés » de malnutrition chez les enfants conduiront à des impacts physiologiques sévères.

Les seuils de famine ont toutefois été atteints dans le nord de la bande de Gaza en avril.

Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine

Source : Middle East Eye

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