Au onzième mois de l’offensive génocidaire d’Israël à Gaza, plusieurs études soulignent les difficultés spécifiques auxquelles sont confrontées les femmes palestiniennes dans leur combat pour survivre.
Par l’Agence Média Palestine, le 25 septembre 2024
Les brutales attaques israéliennes ont assassiné plus de 41 272 Palestinien·nes, blessé 95 551 autres, déplacé plus de 1,9 million de personnes, détruit les infrastructures sanitaires et de santé.
Si cette situation est dramatique pour tou·tes les habitant·es de Gaza, de nombreux facteurs font que les femmes subissent des difficultés et violences spécifiques. Le rapport de UN Women « Gaza : Une guerre contre la santé des femmes », parut le 19 septembre 2024, documente les impacts spécifique de la guerre génocidaire d’Israël sur les femmes palestiniennes en s’appuyant sur des entretiens et des enquêtes menés à travers la bande de Gaza pour mettre en évidence l’intersection entre le genre, la santé et le conflit.
Par rapport aux hommes, les femmes ont signalé des taux plus élevés de conditions médicales nécessitant des réponses immédiates, des risques plus importants d’exposition aux maladies transmissibles et une capacité moindre à payer les services de santé et les médicaments.
Les difficultés rencontrées dans le secteur de la santé ont un effet dévastateur sur la santé physique et mentale des femmes dans la bande de Gaza. UN Women estime que plus de 177 000 femmes sont exposées à des risques sanitaires potentiellement mortels, dont 162 000 souffrent ou risquent de souffrir de maladies non transmissibles (MNT) telles que le diabète, le cancer et les maladies cardiovasculaires ou hypertensives.
En première ligne du soin
La forte surpopulation dans les abris, le manque d’eau et d’infrastructures d’assainissement ont entraîné des centaines de milliers de cas d’infections respiratoires aiguës, de jaunisse, de diarrhée et d’éruptions cutanées. Les femmes et les jeunes filles courent un risque accru d’exposition en raison du rôle disproportionné qu’elles jouent dans la prise en charge des membres malades de leur famille. Selon le rapport d’UN Women, deux fois plus de femmes que d’hommes ont contracté des infections cutanées, et les femmes représentent plus des deux tiers des cas de maladies gastro-intestinales et d’hépatite A.
Les femmes sont aussi les principales personnes à s’occuper de leur famille, mangeant souvent en dernier et le moins possible, alors que la famine orchestrée par Israël menace tou·tes les gazaoui·es, elles encourent donc un risque accru de malnutrition et d’inanition.
On attend également des femmes et des jeunes filles qu’elles s’occupent des membres de leur famille ayant été blessé·es ou amputé·es, ce qui peut ajouter de la pression et des sentiments d’anxiété ou de culpabilité. Dans ce rôle de prise en charge, les femmes et les jeunes filles sont sollicitées pour un soutien psychosocial, alors qu’elles ont elles-mêmes les mêmes besoins et sont donc limitées dans leur capacité à soutenir les autres.
Plus vulnérables aux situations de VSS
Les déplacements forcés répétés ont entraîné la séparation des familles, érodant les systèmes de protection sociale. Un récent rapport de l’UNFPA démontre que cette situation, aggravée par l’absence d’application de la loi, expose les femmes et les filles à des risques accrus de violence, notamment de violences sexistes et sexuelles (VSS).
Malgré la forte augmentation des besoins, les services sociaux et de soin sont confrontés à d’immenses difficultés pour atteindre les femmes et les jeunes filles. Les multiples ordres d’évacuation émis par Israël au cours des derniers mois ont contraint les points de prestation de services de lutte contre les VSS à fermer ou à déménager, tout en déplaçant les bénéficiaires, ce qui rend difficile leur localisation et retarde ou interrompt leur suivi, y compris les soins médicaux pour les survivantes de viols et d’agressions sexuelles.
La pénurie de tentes et d’installations susceptibles d’être converties en espaces sûrs entrave les possibilités de développer des services de prévention et de réponse aux VSS, notamment la gestion des cas et le soutien spécialisé en matière de santé mentale et de soutien psychosocial. Ces obstacles sont exacerbés par l’instabilité de la connexion internet et l’absence d’électricité, les restrictions de transport et le manque de liquidités, qui limitent encore plus les efforts pour s’engager avec les communautés, renforcer les voies d’orientation de la réponse aux VSS et augmenter les activités de protection.
Les femmes enceintes en grave danger
UN Women estime que 155 000 femmes enceintes et allaitantes sont actuellement confrontées à des obstacles aux soins prénatals et postnatals. Les risques de complications liés à la grossesse, à l’accouchement et à l’allaitement sont dramatiquement aggravés par le manque de structure, de personnel et de matériel médical.
De nombreuses femmes ont dû subir des césariennes pratiquées sans anesthésie, et les produits élémentaires de soin aux nouveau-nés sont introuvables. Quelque 68 % des femmes enceintes interrogées ont souffert d’infections urinaires, d’anémie, d’hypertension, de saignements vaginaux ou d’hémorragies. Le manque de services de santé sexuelle et reproductive aggrave encore cette situation.
Parmi les femmes enceintes interrogées, presque toutes ont été confrontées à des problèmes de nutrition, et sont confrontées à de graves complications et souffrent d’infections, d’anémie et d’hypertension.