En 12 mois, plus de journalistes ont été tué.e.s dans des attaques israéliennes à Gaza et au Liban que dans n’importe quelle période similaire enregistrée depuis 1992, selon le CPJ.
Par Sondos Asem, le 7 octobre 2024
La guerre israélienne contre Gaza a tué plus de journalistes au cours de l’année écoulée que n’importe quel autre conflit au cours des trois dernières décennies, selon les données du Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Selon le CPJ, un groupe basé aux États-Unis qui surveille les violations des droits de l’homme dont sont victimes les journalistes du monde entier, au moins 128 travailleurs et travailleuses des médias ont été tué.e.s dans le conflit entre le 7 octobre 2023 et le 4 octobre 2024. L’organisation enquête également sur 130 autres cas présumés de meurtres, de détentions ou de blessures.
Le groupe a déclaré qu’il s’agissait de la période la plus meurtrière pour les journalistes depuis qu’il a commencé ses activités activités de documentation en 1992.
Les données sont sujettes à caution eu égard du nombre de journalistes tué.e.s rapporté par le ministère palestinien de la santé, qui a estimé qu’au moins 175 journalistes ont été tué.e.s entre le 7 octobre 2023 et le 6 octobre 2024.
Le CPJ a fait remarquer que les journalistes ont travaillé au cours des 12 derniers mois dans les mêmes conditions humanitaires désastreuses que tous les civils à Gaza : le bombardement dévastateur de l’enclave densément peuplée qui a détruit la plupart de ses bâtiments, le siège israélien qui a conduit à la famine, et le déplacement constant de la population.
« Depuis le début de la guerre à Gaza, les journalistes paient le prix le plus élevé- leurs vies – pour produire leurs reportages. Sans protection, sans équipement, sans présence internationale, sans moyens de communication, sans eau ni nourriture, ils et elles continuent à faire leur travail indispensable pour dire la vérité au monde », a déclaré Carlos Martinez de la Serna, du CPJ.
« Chaque fois qu’un.e journaliste est tué.e, blessé.e, arrêté.e ou contraint.e à l’exil, nous perdons des fragments de vérité. Les responsables de ces pertes doivent rendre compte devant deux tribunaux : l’un en vertu du droit international, l’autre devant le regard impitoyable de l’histoire ».
La prise pour cible de journalistes pendant les conflits est un crime au regard du droit international.
Israël est actuellement jugé devant la Cour internationale de justice (CIJ), dans le cadre d’une plainte déposée par l’Afrique du Sud en décembre, pour violation présumée de la Convention de 1948 sur le génocide. La requête de l’Afrique du Sud cite parmi les preuves le ciblage de journalistes palestinien.ne.s.
« Les journalistes palestinien.ne.s sont tué.e.s à un rythme nettement plus élevé que celui que l’on trouve dans tout autre conflit au cours des 100 dernières années. Au cours des seuls deux mois qui ont suivi le 7 octobre 2023, le nombre de journalistes tué.e.s a déjà dépassé celui de toute la Seconde Guerre mondiale », indique le document.
Dans un rapport de 2022, l’organisation de défense des droits de l’homme, Euro-Med Monitor, a recensé plus de 700 journalistes et professionnel.le.s des médias tué.e.s dans la guerre syrienne entre 2011 et 2022, soit une moyenne de plus de 63 journalistes tué.e.s par an. Il s’agit du bilan le plus lourd de toutes les guerres de ce siècle.
Reporters sans frontières a recensé au moins 300 journalistes professionnel.le.s et non professionnel.le.s tué.e.s sur une période de dix ans alors qu’ils et elles couvraient le conflit syrien.
Euro-Med a déclaré que la guerre en Irak a vu la mort de 61 journalistes, soit une moyenne de six journalistes par an, tandis que la guerre au Yémen a vu la mort de 42 journalistes depuis 2014, soit une moyenne de plus de cinq journalistes par an.
Avant le 7 octobre 2023, le CPJ avait déjà documenté que 20 journalistes palestiniens et palestiniennes ont été tué.e.s par des tirs de l’armée israélienne en 22 ans, mais personne n’a été tenu responsable de ces décès.
Israël nie cibler délibérément les journalistes.
Source : Middle East Eye
Traduction BM pour Agence média Palestine