Israël poursuit sa campagne génocidaire à Gaza, assassinant au moins 52 Palestinien·nes depuis jeudi matin. Point sur la situation dans l’enclave palestinienne au jour 440, entre intensification des bombardements et espoirs de cessez-le-feu.
Par l’Agence Média Palestine, le 20 décembre 2024
CHIFFRES CLÉS
à Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
45 129 mort·es
dont 17 000 enfants
11 000 personnes coincé·es sous les décombres
107 338 blessé·es
1,9 million de déplacé·es
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens Francesca Albanese nomme le génocide d’Israel à Gaza « la honte du siècle », dénonçant la complicité des médias occidentaux et des 192 États qui « n’ont pas su l’arrêter ».
Nuit « pleine d’horreur » au nord de Gaza
Dans la nuit du mardi 17 décembre au mercredi 18 décembre, l’hôpital Kamal Adwan a subi d’importants bombardements, ainsi que des explosions à proximité de son enceinte, provoquant un incendie qui a mis hors service la dernière unité de soins intensifs en état de marche dans le nord de la bande de Gaza.
Eid Sabbah, directeur des soins infirmiers à l’hôpital Kamal Adwan, décrit une nuit « pleine d’horreur » dans l’établissement médical. Il rapporte que des bulldozers israéliens ont commencé mardi soir à encercler la zone autour de l’hôpital, détruisant les rues et les infrastructures. Des drones quadcoptères ont ensuite pris pour cible le complexe médical et ses environs. Huit Palestinien·nes ont été tué·es à l’ouest de l’hôpital Kamal Adwan, selon les forces de défense civile, et beaucoup sont encore sous les décombres.
Mercredi matin, la poursuite des bombardements israéliens a déclenché un incendie dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital. Le directeur de l’hôpital Hussam Abu Safiya raconte que « des tirs soudains et fous ont visé l’hôpital, avec toutes sortes d’armes. L’occupation a délibérément visé l’unité de soins intensifs en tirant clairement dessus ».
« Aujourd’hui, l’unité de soins intensifs est hors service et la situation est catastrophique. Cela fait plus de 75 jours que nous lançons un appel au monde entier pour qu’il protège le système de santé et son personnel, mais il n’y a pas de réponse ».
Au moins 2 500 Palestinien·nes ont été tué·es et 10 000 autres blessé·es lors de la dernière offensive israélienne dans le nord de la bande de Gaza, tandis que des centaines d’autres ont été arrêté·es et des milliers expulsé·es de force.
Dans un reportage d’investigation du quotidien Haaretz publié mercredi, de nombreux témoignages de soldat·es israélien·nes décrivent divers actes d’assassinat intentionnel de civils palestiniens à Gaza. Ces témoignages rapportent qu’une ligne au nord du corridor de Netzarim, connue sous le nom de « ligne des cadavres », a été établie par l’armée israélienne. Les témoignages indiquent que les soldat·es israélien·nes ont pour ordre de tirer pour tuer tout·e Palestinien·ne qui franchit cette ligne, qu’il s’agisse ou non de civil·es, et d’envoyer des preuves photographiques de ces meurtres à leur hiérarchie, en comptant chaque cas comme l’assassinat d’un·e combattant·e.
Israël intensifie encore ses bombardements
Au moins 51 Palestinien·nes ont été assassiné·es depuis jeudi matin, selon la Défense civile palestinienne, y compris dans des zones humanitaires abritant des réfugié·es.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les sources médicales rapportent que 13 Palestinien·nes ont été assassiné·es dans deux frappes israéliennes distinctes. La première a visé le camp de Shati dans la ville de Gaza et tué 9 personnes, et la seconde a touché des habitations au nord de Beit Lahia et tué 4 personnes.
Plus tard dans la journée de jeudi, des frappes aériennes ont tué au moins 15 Palestinien·nes et fait des dizaines de blessé·es dans deux écoles, Dar al-Arqam et Shaaban al-Rayes, abritant des familles déplacées dans la banlieue de Tuffah, dans l’est de la ville de Gaza, ont indiqué des médecins, ajoutant que la plupart des victimes étaient des femmes et des enfants. Les témoins rapportent que les frappes ont causé d’énormes destructions dans les écoles et les immeubles résidentiels voisins.
Dans la ville de Gaza, une attaque israélienne contre une maison dans le quartier de Daraj a tué au moins quatre Palestiniens, et une autre personne a été tuée lors d’une attaque contre un groupe de civils dans le quartier de Zeitoun.
Un possible cessez-le feu
Des sources israéliennes ont fait état de progrès significatifs dans les négociations sur le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas au Caire. Selon les fuites publiées, les deux parties se sont mises d’accord sur un grand nombre de questions concernant la première phase d’un cessez-le-feu de 60 jours, qui comprendrait une première vague d’échanges de prisonniers, où le Hamas libérerait un nombre non encore spécifié de prisonniers israéliens, en particulier les civils restants, tandis qu’Israël libérerait un certain nombre de détenus palestiniens.
Selon l’agence Reuters, Israël a accepté de se retirer, en partie dans un premier temps, du corridor Philadelphie le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte. En juillet et en août, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait insisté pour y maintenir une présence militaire, estimant qu’il s’agissait d’une question de sécurité nationale, malgré les déclarations des responsables de l’armée israélienne selon lesquelles l’armée n’avait pas besoin d’y maintenir sa position. L’insistance de M. Netanyahou sur ce point a été l’une des principales raisons de l’échec des négociations sur le cessez-le-feu à l’époque.
Cette nouvelle intervient alors que l’organisation internationale de défense des droits de l’homme Human Rights Watch – HRW – a accusé Israël, dans un rapport publié jeudi, d’« extermination et d’actes de génocide » à l’encontre des Palestiniens de la bande de Gaza.
Le rapport de HRW se concentre sur ce qu’il décrit comme la restriction par Israël de l’accès des Palestiniens à l’eau potable en deçà des quantités minimales nécessaires. Selon HRW, la destruction par Israël des ressources en eau et des infrastructures à Gaza a contraint les Palestinien·nes à consommer de l’eau contaminée, ce qui entraîne l’apparition de maladies mortelles, en particulier chez les enfants. HRW affirme qu’Israël a commis ces actions délibérément, ce qui constitue une intention génocidaire.
Un autre rapport, publié hier par Médecins Sans Frontières, démontre que les attaques militaires israéliennes répétées contre les civils à Gaza et le refus systématique de l’aide humanitaire détruisent les conditions de vie, ce qui constitue « des signes évidents de nettoyage ethnique ».
« La récente offensive militaire dans le nord est une illustration frappante de la guerre brutale que les forces israéliennes mènent contre Gaza, et nous voyons des signes évidents de nettoyage ethnique alors que les Palestiniens sont déplacés de force, pris au piège et bombardés » rapporte Christopher Lockyear, secrétaire générale de MSF. « Ce que nos équipes médicales ont observé sur le terrain tout au long de ce conflit correspond aux descriptions fournies par un nombre croissant d’experts juridiques et d’organisations qui concluent qu’un génocide est en cours à Gaza. »