Nous re-publions ci-dessous la traduction du rapport annuel de la Press Emblem Campaign (PEC).
Par la Press Emblem Campaign, le 3 janvier 2025
Nombre record de journalistes tués en 2024, la PEC réclame que justice soit faite
Genève, 3 janvier 2025 (PEC) Un nombre record de professionnels des médias ont été tués en 2024, a déploré la Presse Emblème Campagne (PEC) à Genève, en mettant à jour son rapport annuel. Au moins 179 d’entre eux ont perdu la vie dans 25 pays. Près des trois quarts des journalistes tués l’ont été dans des zones de conflit.
Le mois de décembre a été particulièrement dramatique avec 20 victimes. L’augmentation en 2024 par rapport à 2023, selon les mêmes critères, est de 28%. Le nombre de 179 morts équivaut à 3,4 victimes par semaine en moyenne.
Les conflits au Moyen-Orient sont responsables de plus de la moitié des victimes. Ils ont coûté la vie à 91 journalistes : au moins 80 dans la bande de Gaza, 6 au Liban, 4 en Syrie et 1 en Cisjordanie. Au total, les hostilités à Gaza depuis le 7 octobre 2023 ont tué au moins 161 professionnels des médias, un bilan sans précédent pour un conflit en si peu de temps.
En 2024, la guerre en Ukraine a causé la mort de 19 journalistes ukrainiens (dont la plupart avaient rejoint l’armée) et d’un étranger (Ryan Evans de Reuters à Kramatorsk). A cela s’ajoute la mort en détention en Russie, le 10 octobre, de la journaliste ukrainienne Victoria Rochtchina, soit un total de 21 victimes.
En dehors du Moyen-Orient et de l’Ukraine, c’est au Pakistan que le nombre de journalistes tués est le plus élevé (12), une nette détérioration. La Russie compte 7 journalistes tués (dont trois dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie et un à Koursk). Au Bangladesh, les troubles du mois de juillet ont fait 7 morts parmi les journalistes.
La situation reste très dangereuse au Mexique, où 7 journalistes ont été tués. Les hostilités au Soudan ont causé la mort de 6 journalistes. En Colombie, 4 professionnels des médias ont été tués, 4 en Inde, 3 en Irak et 3 au Myanmar (Birmanie). Deux ont été tués en Somalie, deux en République démocratique du Congo (RDC) et deux en Haïti.
Le Cambodge, le Tchad, l’Équateur, le Honduras, l’Indonésie, la Jamaïque, le Népal et les Philippines suivent avec un décès dans chaque pays.
En dix ans, la PEC a dénombré 1 159 victimes, soit une moyenne de 2,25 par semaine. Au cours des cinq dernières années, les pays les plus dangereux ont été Gaza/Cisjordanie (166), l’Ukraine (59), le Mexique (55), le Pakistan (36) et l’Inde (32).
Par continent en 2024, c’est le Moyen-Orient qui compte le plus grand nombre de victimes (92 : Gaza, Liban, Syrie, Cisjordanie et Irak), devant l’Asie (31). L’Europe suit (28 : Ukraine et Russie), devant l’Amérique latine (17) et l’Afrique (11). Outre le Moyen-Orient, l’Asie connaît une détérioration d’une année sur l’autre (31 décès contre 12). En revanche, l’Amérique latine compte moins de victimes en 2024 que l’année précédente (16 contre 20).
La PEC condamne ces crimes, commis en violation du droit international et des législations nationales. Des enquêtes indépendantes sont indispensables pour éclaircir les circonstances et les responsables doivent être traduits en justice afin de lutter contre l’impunité.
« Ce bilan très lourd, le plus lourd depuis le début du siècle renforce la nécessité d’un instrument international qui clarifie les conditions de protection de la profession de journaliste dans les zones de conflit », a déclaré le président de la PEC, Blaise Lempen. « Nous allons continuer à y travailler en 2025 », a-t-il ajouté.
Contrairement à d’autres organisations, la PEC inclut dans ses statistiques tous les journalistes tués, que leur mort soit ou non liée à leur activité professionnelle. Il est difficile de prouver qu’un crime a été commis en relation avec le travail d’un journaliste sans une enquête complète et indépendante, qui fait souvent défaut.
Avec nos meilleurs vœux pour 2025 !
Liste des victimes sur: https://www.pressemblem.ch/casualties
Source : Press Emblem