Notre point sur la situation en ce début de semaine à Gaza, où Israël perpétue et intensifie ses crimes. Alors qu’aucune fourniture médicale ou aide alimentaire n’a été autorisée à entrer dans l’enclave depuis un mois et demi, les Palestinien·nes sont confronté·es à une violence quotidienne inouïe.
Par l’Agence Média Palestine, le 22 avril 2025

Chiffres clés :
À Gaza depuis le 18 mars 2025 :
1 890 Palestinien·nes assassiné·es
4 950 Palestinien·nes blessé·es
401 000 Palestinien·nes déplacé·es
À Gaza pendant le cessez-le-feu (19 janvier- 17 mars 2025) :
170 Palestinien·nes assassiné·es
2 200 Palestinien·nes décédé·es des suites de leur blessures, ou extrait·es mort·es des décombres
À Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
51 266 Palestinien·nes assassiné·es
16 991 Palestinien·nes blessé·es
11 000 Palestinien·nes disparu·es (présumé·es sous les décombres)
283 Palestinien·nes ont été assassiné-es depuis notre dernier bilan hebdomadaire du 15 avril 2025, alors qu’Israël continue d’intensifier sa campagne brutale d’occupation et de génocide. La situation à Gaza est désastreuse, avec des déplacements massifs, de nombreuses victimes et la destruction d’infrastructures vitales.
Depuis la reprise de l’offensive israélienne sur Gaza, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a déclaré que la situation humanitaire à Gaza est désormais « la pire » depuis le début de la guerre il y a 18 mois, avec le retour de la famine, une pénurie critique de médicaments et de carburant, ainsi qu’une flambée des prix dans un contexte déjà catastrophique.
Israël assassine 24 Palestinen·es ces dernières 24 heures
Les médias locaux rapportent qu’Israël a assassiné plus de 24 personnes dans les dernières 24 heures, soit directement par des frappes aériennes, ou indirectement par la suite de leurs blessures, les hôpitaux n’étant plus en mesure de soigner.
Au petit matin de ce mardi 22 avril, une série de frappes aériennes à Khan Younis a détruit une maison résidentielle et provoqué un incendie, tuant 9 personnes, dont les corps ont été décrit comme « méconnaissables » du fait de leurs brûlures. Dans les heures qui ont suivi, deux autres personnes sont mortes des suites de leurs brûlures en raison du manque de médicaments et d’équipements et de l’incapacité du personnel médical à fournir les soins de base.
Sept membres d’une même famille ont également été assassiné·es par Israël ce matin à Gaza, dans le bombardement de la maison où ils et elles avaient trouvé refuge après avoir été déplacé·es. Dans le nord, deux missiles ont frappé une tente abritant une famille déplacée, tuant un mari, sa femme et leurs trois enfants. Au moins dix personnes se trouvant à proximité ont été transportées vers un hôpital voisin.
Brûlé·es vif·ves dans une « zone sûre »
Ces attaques sont quotidiennes et ciblent les civils de manière indiscriminée. Plus de 401 000 Palestinien·nes ont été contraint·es à évacuer leurs domiciles ou leurs abris depuis la reprise des bombardements, mais pourtant aucune zone n’est sûre.
Jeudi dernier, la « zone sûre » d’Al Mawasi, désignée par Israël comme destination possible pour les milliers de déplacés fuyant les bombardements, a une nouvelle fois été la cible de bombardements. Les tentes ont pris feu et leurs résident·es ont été brûlé·es vif·ves. Les habitant·es et les équipes de secours ont récupéré 15 corps, dont ceux de huit enfants. Tous étaient carbonisés. Parmi eux se trouvaient une mère et ses trois enfants, brûlés au point d’être méconnaissables, selon des témoins oculaires.
« Nous avons entendu le bruit d’une explosion, puis des flammes intenses et violentes ont jailli », a déclaré Abu al-Rus, un habitant témoin du drame, au média Mondoweiss. « Nous ne pouvions pas nous approcher suffisamment pour les aider. Nous nous sommes approchés autant que possible, mais nous avons vu les femmes et les enfants brûler et mourir sous nos yeux. Nous les avons vus, et nos enfants ont tout vu et tout entendu. »
Abu al-Rus ajoute que la plupart des familles voisines « sentaient l’odeur de la chair humaine brûlée » et que les missiles tirés par l’armée israélienne sur les tentes étaient d’un type qu’il n’avait jamais vu auparavant, brûlant tout, même les ustensiles métalliques à l’intérieur des tentes. « Ce sont des armes mortelles. Ils ont fait fondre les ustensiles de cuisine en aluminium à l’intérieur. Quel effet ont-ils pu avoir sur le corps d’un petit enfant de moins de trois ans ? Les corps étaient complètement carbonisés. Il ne restait que des squelettes. Même les os avaient fondu ».
Les enfants traumatisés, et en danger
Le ministère de la santé de Gaza a annoncé ce matin que le blocus continu imposé par Israël depuis mars dernier sur l’ensemble des livraisons humanitaires, dont les fournitures médicales, met en danger plus d’un demi-million d’enfants. Ce blocus, le plus long depuis le début du génocide, a en effet interrompu la mise en œuvre de la phase 4 de la campagne de prévention de la polio menée par le ministère, selon un communiqué, laissant 602 000 enfants exposés à une « paralysie permanente et à des handicaps chroniques ».
« Les enfants de Gaza risquent de souffrir de complications sanitaires graves et sans précédent en raison du manque de nourriture et d’eau potable », a ajouté le ministère. Car en effet outre l’interdiction aux camions d’acheminer tout produit essentiel dans la bande de Gaza, Israël bombarde systématiquement l’infrastructure d’approvisionnement en eau potable, or la polio est un virus qui se répand rapidement dans les eaux usées que les Gazaoui·es sont parfois contraint·es d’utiliser pour leur usage domestique, faute de mieux.
La reprise des bombardements a également des répercussions sur la psychologie des enfants. Selon les chiffres officiels du ministère de la Santé de Gaza, le nombre d’enfants tués par la guerre israélienne s’élève à 15 000. L’UNICEF a qualifié l’assaut contre Gaza de « guerre contre les enfants », mais pour ceux qui ont survécu, les conditions de déplacement et de vie sous le feu des combats ont des conséquences nouvelles et durables.
Selon une étude de l’organisation War Child, 73 % des enfants interrogés à Gaza ont montré un comportement agressif, 79 % ont déclaré faire des cauchemars, 87 % ont exprimé une peur intense et 96 % ont déclaré avoir le sentiment que la mort était imminente. « Ma fille, qui a trois ans, est devenue beaucoup plus consciente que ce qu’elle devrait être à son âge », déclare Malek, un habitant de Gaza père de deux enfants, déplacé à plusieurs reprises. « Elle pose maintenant des questions sur l’avancement des négociations de cessez-le-feu, sur l’emplacement de chaque bombardement et sur le nombre de personnes tuées », ajoute-t-il. « Je lui avais dit que la guerre était finie et que nous étions en sécurité maintenant, mais tout s’est effondré la nuit où notre campement a été bombardé pour la première fois après la reprise des hostilités. Tout ce que je lui avais dit s’est envolé. »
« Les bombes ont commencé à tomber à quelques centaines de mètres de notre tente à 2 heures du matin, nous nous sommes réveillés en panique », se souvient Malek. « Ma femme et moi avons attrapé notre fille et notre fils d’un an et avons couru hors de la tente, au milieu de la foule tout aussi paniquée, sans savoir où aller. Ma fille a vu des gens ensanglantés, certains morts. Elle a entendu les explosions, senti la fumée et vu son petit frère paniqué. Tout ce que nous avions essayé de lui faire oublier depuis le cessez-le-feu est revenu d’un coup. »
