Cisjordanie au jour le jour : Les colons et les forces israéliennes assassinent ensemble

Notre point sur la situation cette semaine en Cisjordanie, où l’armée israélienne poursuit sa brutale opération « mur de fer », assassinant au moins sept Palestinien·nes dont un enfant de 12 ans.

Par l’Agence Média Palestine, le 25 avril 2025



Entre le 15 et le 21 avril, les forces israéliennes ont tué six Palestiniens, dont un enfant, et blessé au moins 32 autres, dont 12 enfants, dans toute la Cisjordanie, selon le dernier rapport de l’OCHA. Au cours de la même période, deux Palestiniens de Cisjordanie sont morts en détention israélienne dans des circonstances peu claires.

Le 16 avril, les forces israéliennes ont assassiné et retenu les corps de deux Palestiniens à l’extérieur du village de Qabatiya, au sud de Jénine. Le 17 avril, les forces israéliennes ont tué et retenu les corps de deux Palestiniens, dont un garçon de 16 ans, qui auraient jeté des pierres sur des véhicules israéliens sur la route 90 près du village d’Osarin, au sud de Naplouse. Un autre Palestinien a été blessé. Cet incident a suivi l’annonce du décès d’un Palestinien du village détenu par les autorités israéliennes, trois jours avant sa libération prévue.

Dans la poursuite de leur opération en cours dans les villes de Jénine et de Tulkarem, les forces israéliennes ont fait des descentes dans des maisons et vandalisé des biens dans la ville de Tulkarem le 19 avril ; elles ont arrêté un garçon palestinien de 15 ans et agressé physiquement un photojournaliste, lui confisquant sa carte de presse et son téléphone. Le lendemain, les forces israéliennes ont tiré des gaz lacrymogènes sur deux journalistes palestiniens qui couvraient l’opération à l’entrée du camp de Jénine, dont l’accès continue d’être refusé par les forces israéliennes.

Le 20 avril, les forces israéliennes ont tué et retenu le corps d’un jeune homme, Suleiman Fawaz Nassar, qui avait a attaqué l’avant-poste de Homesh, au nord du gouvernorat de Naplouse Cette colonie est jugée illégale par le droit international et par les juridictions israéliennes, réputée pour abriter les groupes de colons parmi les plus violents de toute la Cisjordanie occupée.

Les colons et les forces israéliennes assassinent ensemble

Homesh est l’une des quatre colonies du nord de la Cisjordanie qui ont été évacuées en 2005 dans le cadre du plan de désengagement israélien. Malgré son évacuation, la colonie a ensuite été rétablie en tant qu’école religieuse. En mai 2023, l’armée israélienne a levé l’interdiction d’accès des Israéliens au site et a attribué des terres à un conseil régional de la colonie. Peu après, des colons israéliens ont commencé à ériger de nouvelles structures dans le cadre d’une initiative israélienne plus large visant à « régulariser » la colonie, qui est construite sur des terres palestiniennes privées. Depuis lors, les propriétaires palestinien·nes se voient refuser l’accès à leurs terres, ce qui a des répercussions sur leurs moyens de subsistance.

Le lendemain, des dizaines de colons nouvellement installés dans un avant-poste à proximité de Sinjil, ont incendié les structures agricoles, les infrastructures et les tentes d’une communauté palestinienne. Les colons étaient escortés par des troupes israéliennes qui ont tiré sur les Palestinien·nes essayant de stopper le feu. Un homme palestinien, Wael Ghafari (48 ans) est mort d’une crise cardiaque que les médecins ont attribuée aux suite de l’étouffement qu’il avait subi au cours de cette attaques, pris entre les gaz lacrymogènes des soldats israéliens et les fumées des incendies qu’il tentait d’éteindre.

Le dernier rapport de l’OCHA fait état de 23 attaques de colons contre des Palestinien·nes, causant la mort d’un Palestinien et blessant 24 autres, dont six ont été blessés par des colons israéliens à l’aide de bâtons métalliques, de spray au poivre et de balles réelles ou lors d’agressions physiques, et 18 par les forces israéliennes.

Le 17 avril, des colons israéliens ont tiré sur un Palestinien de 60 ans, Sheikh Saeed Rabaa, dans la communauté d’Ar Rakeez, à Masafer Yatta, dans le gouvernorat de Hébron, le blessant. L’homme travaillait sur ses terres avec son fils de 15 ans lorsque des colons israéliens armés sont arrivés et leur ont ordonné de partir. Lorsque le fermier a refusé, les colons ont tiré des coups de feu en l’air, puis lui ont tiré dessus à la jambe. Sheikh Saeed Rabaa et son fils ont attendu une ambulance pendant plus de 20 minutes. Des soldats sont arrivés, mais ils ont empêché les voisin·es et les passant·es de leur porter secours. Au lieu d’aider les blessés, ils ont arrêté Ilyas, le fils du blessé, lui ont passé les menottes et lui ont bandé les yeux avant de l’emmener dans une jeep militaire pour l’interroger. Son père blessé a été transporté à l’hôpital Soroka en Israël, où sa jambe a été amputée. Le père et le fils ont été libérés après trois jours.

L’armée israélienne assassine un garçon de 12 ans

Le 23 avril 2025, des soldats israéliens ont criblé de balles un enfant de 12 ans, dans la localité d’Al-Yamoun à l’ouest de la ville de Jénine. Mahmoud Mithqal Abu Al-Haija a reçu plusieurs balles à la jambe et à l’abdomen. Transféré en urgence à l’hôpital gouvernemental de Jénine, il y est mort quelques heures plus tard.

Selon Defense for Children International (DCI), Mahmoud et d’autres garçons et jeunes hommes auraient jeté des pierres en direction de soldat·es israélien·nes déployé·es autour du cimetière, tandis que d’autres soldat·es faisaient une descente dans un immeuble résidentiel voisin. Un deuxième enfant a été blessé lorsque les forces israéliennes ont ouvert le feu, recevant des éclats d’obus à la poitrine et au visage.

« Mahmoud vivait dans le nord de la Cisjordanie, où les Palestiniens, y compris les enfants, sont sans cesse pris pour cible par les forces israéliennes », a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation de DCI. « Aucun enfant palestinien n’est à l’abri de la campagne d’expansion illégale des colonies israéliennes. La communauté internationale doit exiger que les responsables rendent des comptes afin de sauver la vie des enfants palestiniens. »

Selon les chiffres publiés par DCI, les forces israéliennes ont tué 23 enfants palestinien·nes en Cisjordanie occupée en 2025. En 2024, les forces israéliennes et les colons ont assassiné au moins 93 enfants palestinien·nes en Cisjordanie occupée, dont 71 avec des balles réelles, 17 dans des frappes de drones, trois dans une frappe aérienne d’un avion de combat israélien, un par un obus tiré depuis le sol par les forces israéliennes et un par un engin non explosé (UXO) laissé par les forces israéliennes.

Les déplacements forcés augmentent encore

Les déplacements forcés des Palestinien·nes en Cisjordanie se poursuivent et sont encore en augmentation. Cette semaine, les forces israéliennes ont ordonné à 14 familles de quitter leurs maisons dans la ville de Tulkarem, tout en continuant d’empêcher des dizaines de milliers de personnes précédemment déplacées de retourner dans leurs foyers dans les camps de réfugiés de Jénine et de Tulkarem, rapporte l’OCHA. Sept autres familles ont été forcées de quitter dans le gouvernorat de Ramallah, subissant des violences des colons et la démolition de leurs maisons pour absence de permis de construire délivrés par Israël.

Les Palestinien·nes déplacé·es ne savent pas si ils et elles seront autorisé·es à retourner chez elles et eux, et craignent d’être expulsé·es à nouveau de leurs abris temporaires. « Chacun d’entre nous garde un sac de voyage rempli de produits de première nécessité à côté de lui pendant qu’il dort, juste au cas où », rapporte Mahasen Hassan, résident du camp de réfugié·es de Jénine expulsé il y a plusieurs mois. L’armée a affirmé que les habitant·es ne pourraient pas regagner leurs domiciles avant au moins un an, et semble procéder actuellement a des réaménagements pour empêcher toute résistance et saper leur droit au retour

Les préoccupations concernant les activités de colonisation s’accentuent, souligne le rapport de l’OCHA : jusqu’à présent, en 2025, les autorités israéliennes ont fait avancer leurs plans pour la construction de plus de 15 000 logements dans les colonies, renforçant ainsi un environnement coercitif qui expose de nombreux Palestinien·nes à un risque de déplacement forcé.

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