Gaza, jour 577 : « à 48h de l’effondrement total »

Notre point sur la situation en ce début de semaine à Gaza, où la famine extrême et les pénuries de carburant menacent de faire s’effondrer tout le système de santé alors qu’Israël semble intensifier encore ses attaques, prévoyant une nouvelle offensive terrestre visant à « conquérir Gaza ». 

Par l’Agence Média Palestine, le 6 mai 2025

Chiffres clés
À Gaza depuis le 7 octobre 2023 : 
52 567 Palestinien·nes assassiné·es
118 610 Palestinien·nes blessé·es
11 000 Palestinien·nes disparu·es (présumé·es sous les décombres)



Israël a assassiné au moins 54 personnes à Gaza pour la seule journée d’hier, et 11 depuis l’aube de ce jour, le mardi 6 mai (11 heures – heure de Bruxelles), tout en bombardant simultanément la Syrie, le Liban et le Yemen, faisant peser encore a menace d’une escalade régionale. 

Benjamin Netanyahu a annoncé hier sa volonté de déplacer les plus de deux millions de Palestinien·nes de Gaza, confirmant le plan annoncé la veille par son cabinet, avec l’intention de « conquérir Gaza » notamment par le « contrôle total de l’aide humanitaire ». Des sources israéliennes, relayées par l’agence Reuters, affirment que ce plan pourrait être en adhésion avec le plan proposé par Donald Trump en janvier dernier, qui promouvait le « départ volontaire » des Palestinien·nes de l’enclave. Netanyahu a confirmé que la population palestinienne de Gaza « sera déplacée, pour sa propre protection ».

Ce plan soulève de vives critiques au sein même de la société israélienne et de la communauté internationale, y compris parmi certains alliés d’Israël. Le ministre français des affaire étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé les projets d’Israël visant à conquérir et à occuper des territoires à Gaza, les qualifiant d’« inacceptables » et de « violation du droit humanitaire ». La France condamne « très fermement » la campagne israélienne prévue, a-t-il déclaré lors d’une interview à la radio. Farhan Haq, porte-parole  des Nations unies, a déclaré que le secrétaire général Antonio Guterres était « alarmé » par le plan israélien qui « conduira inévitablement à la mort d’innombrables civils supplémentaires et à la destruction accrue de Gaza ». « Gaza est et doit rester une partie intégrante d’un futur État palestinien. »

Sur place, de nombreux témoignages rapportent que les Palestinien·nes n’entendent pas accepter ce déplacement, qualifié de « nouvelle Nakba ». « Elles et ils ne répéteront pas l’erreur d’évacuer vers le sud de la bande de Gaza, comme au début de la guerre », affirme Hind Khoudary, journaliste d’Al Jazeera depuis Deir al-Balah. « Elles et ils sont très fermes sur le fait de ne pas obéir à un ordre d’évacuation. Certain·es Palestinien·nes vont même jusqu’à affirmer préfèrer mourir sur leur terre, dans leur quartier, plutôt que de subir encore et encore des déplacements. Cependant, elles et ils sont effrayé·es, stressé·es et terrifié·es… Elles et ils ont déjà vécu des expériences horribles lors des précédentes invasions israéliennes. »


« À 48h de l’effondrement total »

« Pendant ce temps, les gens suffoquent en essayant de trouver de quoi nourrir leurs enfants. Certains disent qu’ils sont obligés de manger des aliments périmés ou pourris. D’autres n’ont même pas cela et leurs enfants vont se coucher le ventre vide. Les gens sont désespérés et la situation ne s’améliore pas, » déplore la journaliste Hind Khoudary.

La Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) affirme que la situation nutritionnelle à Gaza est désormais « encore plus grave qu’au cours des 19 derniers mois », les réserves alimentaires essentielles étant « épuisées tant sur les marchés que dans les centres de distribution. Sur le plan nutritionnel, la population est à nouveau confrontée à un risque extrême de famine », a déclaré la PRCS dans son dernier rapport sur la situation. « Il est impossible de répondre aux besoins quotidiens minimaux de plus d’un million de personnes déplacées ».

Au moins 57 Palestiniens sont mort·es de faim à Gaza alors que le blocus imposé par Israël sur l’enclave assiégée, qui prive la population de nourriture, d’eau et d’autres aides essentielles, entre dans son troisième mois, sous des bombardements incessants. Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a déclaré samedi que la plupart des victimes étaient des enfants, ainsi que des malades et des personnes âgées, condamnant « l’utilisation continue de la nourriture comme arme de guerre par l’occupation israélienne » et exhortant la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il rouvre les frontières et autorise l’entrée de l’aide humanitaire.

L’une des dernières victimes, une petite fille prénommée Janan Saleh al-Sakafi, est décédée samedi 3 mai de malnutrition et de déshydratation à l’hôpital Rantisi, à l’ouest de la ville de Gaza. Selon les Nations unies, plus de 9 000 enfants ont été admis·es à l’hôpital pour être soigné·es pour malnutrition aiguë depuis le début de l’année.

Au nombre croissant de patient·es s’oppose le manque croissant de moyens de les soigner : le bureau des médias de Gaza a annoncé hier que les hôpitaux de l’enclave étaient « à 48h de l’effondrement total » en raison des pénuries de carburant, de fournitures médicales et de médicaments. « Nous avertissons avec la plus grande fermeté qu’une catastrophe imminente menace la vie de milliers de malades et de blessés dans la bande de Gaza », a déclaré le bureau. Le coordinateur des secours d’urgence de l’ONU avait alerté la semaine dernière que les travailleurs humanitaires avaient été empêchés à plusieurs reprises d’accéder au carburant. 

« Nous condamnons avec la plus grande fermeté le crime systémique que constitue l’occupation de Gaza en empêchant le carburant d’atteindre les hôpitaux », a déclaré le bureau des médias. « Nous considérons qu’il s’agit d’une violation flagrante du droit international humanitaire, d’une violation flagrante des Conventions de Genève et d’une contribution directe à l’aggravation de la catastrophe sanitaire en cours ». Ces pénuries s’ajoutent aux nombreuses attaques israéliennes ciblées qu’ont subit les hôpitaux de Gaza depuis le début du génocide.

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