Le poète palestinien Mosab Abu Toha remporte le prix Pulitzer du commentaire politique

Le célèbre poète et auteur remporte le prix pour une série d’essais publiés par le New Yorker sur les souffrances des Palestiniens à Gaza.

Par Léonie Chao-Fong, le 5 mai 2025

Le poète palestinien Mosab Abu Toha photographié à San Francisco en novembre. Photo : Marissa Leshnov/The Guardian



Le célèbre poète et auteur palestinien Mosab Abu Toha figure parmi les lauréats du prix Pulitzer de cette année.

Abu Toha a été récompensé pour une série d’essais publiés dans le New Yorker qui documentent la vie et les souffrances des Palestiniens à Gaza, où il a vécu presque toute sa vie.

« Je viens de remporter le prix Pulitzer dans la catégorie ‘Commentaire politique’ », a-t-il écrit sur X. « Que cela apporte de l’espoir / Que cela soit un conte. »

Ses essais dépeignent « le carnage physique et émotionnel à Gaza, alliant un reportage approfondi à l’intimité des mémoires pour transmettre l’expérience palestinienne de plus d’un an et demi de guerre avec Israël », a déclaré lundi le comité Pulitzer.

Abu Toha, 32 ans, a été détenu en 2023 par les forces israéliennes à un poste de contrôle alors qu’il tentait de fuir son domicile à Beit Lahia, dans le nord de Gaza, avec sa femme, Maram, et leurs trois jeunes enfants.

Pendant sa détention en Israël, les soldats « m’ont séparé de ma famille, m’ont battu et m’ont interrogé », a-t-il écrit. Il a pu partir et s’enfuir aux États-Unis après que des amis à l’étranger aient fait pression pour obtenir sa libération.

Abu Toha a écrit sur la lutte de sa famille pour trouver de la nourriture à Gaza, qu’il a juxtaposée à ses souvenirs des repas quotidiens avant la guerre.

« Je rêve de retourner à Gaza, de m’asseoir à la table de la cuisine avec ma mère et mon père, et de préparer du thé pour mes sœurs. Je n’ai pas besoin de manger. Je veux seulement les revoir », a-t-il écrit.

Il se souvient avoir vu des images de la destruction du camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de Gaza, où il rendait régulièrement visite à ses grands-parents et allait à l’école. « J’ai regardé les photos encore et encore, et l’image d’un cimetière qui ne cessait de s’étendre s’est formée dans mon esprit », écrit-il.

Il a également évoqué la suspicion et les humiliations auxquelles lui et d’autres Palestiniens sont confrontés en dehors de leur patrie. Il se souvient avoir dit à un agent de la TSA qui lui avait frotté les paumes à la recherche d’explosifs lors d’une escale à Boston : « J’ai été kidnappé par l’armée israélienne en novembre, avant d’être déshabillé… Aujourd’hui, vous venez me séparer de ma femme et de mes enfants, comme l’armée l’a fait il y a quelques mois. »

Le New Yorker a également remporté un prix Pulitzer pour son podcast d’investigation sur le meurtre de civils irakiens par l’armée américaine et pour les photographies de Moises Saman documentant la fin de la dictature de Bachar al-Assad en Syrie.

Parmi les lauréats du prix Pulitzer dans le domaine des arts figurent également Percival Everett pour son roman James, une réécriture des Aventures de Huckleberry Finn du point de vue du personnage principal, un esclave, et Branden Jacobs-Jenkins pour sa pièce Purpose, un drame sur une famille noire influente qui se détruit de l’intérieur.


Léonie Chao-Fong est journaliste et blogueuse en direct pour Guardian US, basée à Washington. Twitter @leonie_chaofong

Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine
Source : The Guardian

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