Gaza, jour 580 : Israël tue 100 personnes en 24h

Notre point sur la situation en cette fin de semaine à Gaza, alors qu’Israël continue d’intensifier ses frappes et maintient son siège meurtrier de l’enclave Palestinienne, condamnant la population à une famine extrême.

Par l’Agence Média Palestine, le 9 mai 2025

Image qui montre des Gazaouis en prière, après le nombre de morts à Gaza, tués par Israël.

Chiffres clés
À Gaza depuis le 7 octobre 2023 :
52 760 Palestinien·nes assassiné·es
119 264 Palestinien·nes blessé·es
11 000 Palestinien·nes disparu·es (présumé·es sous les décombres)


Les experts de l’ONU mettent en garde contre une « annihilation »


Plus de 20 experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies ont déclaré mercredi que le monde était confronté à un « choix difficile » : « rester passif et assister au massacre d’innocents ou participer à l’élaboration d’une solution juste ». Les experts ont imploré la communauté internationale d’éviter « l’abîme moral dans lequel nous sombrons », exigeant que des mesures soient prises pour éviter « l’annihilation » des Palestinien·nes à Gaza.

Depuis l’annonce lundi dernier du nouveau « plan » israélien de déplacement forcé de l’ensemble de la population de Gaza, de nombreuses condamnations se font entendre dans la communauté internationales, qui ne sont pour l’instant pas accompagnées d’actions.

Le président français Emmanuel Macron a qualifié mercredi la situation à Gaza de « la plus critique que nous ayons jamais connue ». Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a déclaré que Madrid présenterait un projet de résolution à l’Assemblée générale des Nations unies visant à « proposer des mesures urgentes pour mettre fin au massacre de civils innocents et garantir l’aide humanitaire » à Gaza. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré au Parlement que la situation à Gaza et en Cisjordanie occupée était « de plus en plus intolérable ». La chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a déclaré que Bruxelles avait proposé à Israël « de distribuer l’aide humanitaire s’il ne fait pas confiance aux autres acteurs sur place ».

Pendant ce temps à Gaza, plus de 100 de Palestinien·nes ont été assassiné·es dans la journée de mercredi par des attaques israéliennes, et au moins 16 le lendemain.

100 Palestinien·nes assassiné·es en moins de 24h


Ces attaques ont eu lieu en plein jour et visé des lieux très fréquentés par les civils. Une frappe de drone de reconnaissance a visé une zone située près des restaurants Thai et Palmyra, dans la rue al-Wehda, à Gaza. Deux missiles ont été tirés simultanément sur deux endroits distants de 100 mètres, l’un à l’intérieur d’un restaurant et l’autre à un carrefour, assassinant au moins 32 personnes et faisant plus de 86 blessé·es.

Le marché d’Al-Rimal, où se situaient ces restaurants, est l’un des derniers du secteurs où les Palestinien·nes, confronté·es à d’extrêmes pénuries en raison du blocus israélien, peuvent trouver de la nourriture, encore qu’à des prix exorbitants.

« Les tables et les chaises sont toutes renversées, et le sol est maculé de sang suite à des hémorragies importantes », a déclaré Hani Mahmoud, journaliste d’Al-Jazeera. Sur le site de l’attaque, Mahmoud décrit que des personnes gisent sur le sol « couvertes de sang et déchiquetées ».

Une autre attaque dans la ville de Gaza a tué 15 personnes à l’école al-Karama, dans le quartier de Tuffah, transformée en abri pour plus de 300 familles Palestiniennes déplacées.

Trois personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lors d’une frappe sur une maison à Jabalia, dans le nord de Gaza. Huit autres personnes, dont un père, ses enfants et ses cousins, ont été tuées dans la ville méridionale de Khan Younis. Cinq personnes ont été tuées lors d’une frappe sur une maison.

Trois autres personnes, dont un enfant, ont trouvé la mort lors d’une attaque contre un abri de fortune à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. Un couple a également été tué lors d’une frappe contre une maison dans le village de Bani Suheila, dans l’est de Gaza.

Parmi les morts figurent également quatre personnes dont les corps ont été retrouvés sous les décombres d’une attaque israélienne perpétrée en début de semaine contre une école qui abritait des personnes déplacées dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de Gaza. L’agence palestinienne de défense civile a déclaré que plus de 30 personnes avaient été tuées et des dizaines d’autres blessées à cet endroit.

« Nous n’avons plus de nourriture à préparer »


Mercredi, World Central Kitchen (WCK), l’un des principaux fournisseurs alimentaires de Gaza, a annoncé qu’il avait suspendu toutes ses opérations de cuisine.

« Nous n’avons plus de nourriture à préparer », a déclaré l’organisation humanitaire, après avoir épuisé ses réserves de farine et d’autres produits de base nécessaires au fonctionnement de ses soupes populaires et de ses boulangeries mobiles. WCK fournissait au moins 130 000 repas et 80 000 pains par jour.

« Les camions sont prêts en Égypte, en Jordanie et en Israël », a déclaré Jose Andres, fondateur de WCK. « Mais ils ne peuvent pas bouger sans autorisation. L’aide humanitaire doit pouvoir circuler. »

Le Programme alimentaire mondial avait précédemment averti que ses stocks alimentaires à Gaza étaient épuisés, mettant fin à une bouée de sauvetage vitale pour des centaines de milliers de Palestinien·nes. Selon les organisations humanitaires, la malnutrition est désormais généralisée et les travailleur·euses humanitaires avertissent ne plus pouvoir traiter ni prévenir les maladies liées à la faim.

Les organisations de défense des droits humains ont condamné le blocus, le qualifiant de « tactique de famine », et affirment qu’il pourrait constituer un crime de guerre. Sean Carroll, président d’Anera (American Near East Refugee Aid), a déclaré à Al Jazeera que la crise humanitaire à Gaza avait atteint un point critique, les livraisons d’aide ayant chuté de manière spectaculaire. « Nous livrions près d’un million de repas par semaine, et nous n’en avons livré que quelques milliers au cours des 66 derniers jours », a-t-il déclaré, soulignant que les stocks étaient épuisés.

« Je pense que les gouvernements doivent utiliser tous les leviers diplomatiques, politiques et économiques pour convaincre toutes les parties qu’il faut revenir à un semblant d’aide humanitaire. Nous sommes en train de perdre notre humanité ici », a déclaré M. Carroll.

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