Par Ziad Medoukh*
Depuis trois ans, et à la fin de chaque année, les Palestiniens en général, les habitants de la bande de Gaza en particulier, et avec eux, tous les solidaires internationaux, célèbrent l’anniversaire de l’agression israélienne contre la population civile en 2008.
Cette année, nous célébrons le quatrième anniversaire de ce carnage israélien qui a fait des centaines de morts et de milliers de blessés, sans oublier la destruction massive de toute une région.
C’était en décembre 2008. Quatre ans déjà, quatre années se sont écoulées, mais c’est difficile pour nous, Palestiniens de Gaza, d’oublier la guerre, les massacres et les crimes commis par cette armée d’occupation, contre nos femmes et nos enfants, contre nos maisons et nos écoles, contre nos usines et nos routes, contre notre volonté et notre résistance.
Comment pourrait-on effacer les événements dramatiques de cette guerre israélienne contre la population civile gazaouie ? Lequel d’entre nous pourrait oublier les pertes humaines, la destruction massive de nos infrastructures civiles ? Y-a-il un seul Gazaoui qui n’ait pas été touché directement ou indirectement par les attaques sanglantes d’une armée d’occupation qui visait avant tout les civils ?
Cette année, la célébration est particulière : nous ne savons pas si nous allons nous rappeler de la première agression de 2008 ou de l’agression récente de novembre 2012, car les attaques israéliennes sur Gaza se sont multipliées sans aucune réaction internationale.
En quatre ans, beaucoup d’événements se sont passés en Palestine et dans la région, mais pour la population civile de cette prison à ciel ouvert, rien n’a changé.
Quatre ans après la fin de ce carnage, la situation stagne, rien ne bouge et les gens, sur place, attendent et attendent. Ils attendent une ouverture, ils attendent la levée de ce blocus inhumain, ils attendent une vraie réaction internationale afin de mettre fin à l’impunité d’Israël et fin à leur souffrance.
Après l’admission de la Palestine comme membre observateur à l’ONU, après l’échec de la dernière agression israélienne de novembre 2012, après que le monde entier se soit mobilisé pour les habitants de Gaza, et après la visite de milliers de solidaires internationaux, les Palestiniens de cette prison à ciel ouvert pensaient que le blocus allait se lever et leur situation économique et sociale évoluer. Hélas ! Il n’en est rien !
Oui, rien ne bouge malgré ces événements internes et externes, qui ont apporté un signe d’espoir pour les Palestiniens. Oui, malgré tout cela, rien ne bouge.
Ces événements, en dépit de leur importance, n’ont pas eu d’influence sur la vie difficile de 1,7 millions de Gazaouis qui continuent de vivre dans des conditions précaires. Ils n’ont pas changé l’existence de ces jeunes qui vivent la pauvreté, le chômage et la souffrance.
L’aspect le plus grave de toute cette situation difficile des habitants de la bande de Gaza et qui marque l’esprit de la majorité des habitants, c’est l’absence de perspectives pour ces gens qui ne voient aucun changement, qui constatent que les choses n’avancent pas, ne bougent pas sur tous les niveaux : réconciliation, fin de division, amélioration de leur condition de vie, ouverture, fin d’occupation ; sentiment horrible qui va influencer l’avenir de cette génération, surtout celle des jeunes qui commencent à perdre espoir en un avenir immédiat meilleur.
Quatre ans après, Gaza la blessée, Gaza la meurtrie existe, persiste, et résiste, elle continue de souffrir, elle est toujours sous blocus. Gaza est toujours, et plus que jamais, une prison à ciel ouvert. Mais la vie continue, ses habitants s’adaptent et montrent une patience extraordinaire devant le silence complice d’une communauté internationale impuissante.
Les Gazaouis attendent toujours, ils n’ont pas d’autre choix que d’attendre, ils attendent avec un courage et une volonté remarquables. Mais surtout avec un message simple et claire : nous n’oublierons pas.
En attendant, les Palestiniens de Gaza tiennent bon, persistent, patientent, résistent, mais surtout, ils continuent d’espérer en un lendemain meilleur, un lendemain de liberté, de paix, mais, avant tout, un lendemain de justice.
* Ziad Medoukh, professeur de français à l’université d’Al-Aqsa, à Gaza.
Source: Saphirnews