Israël en tête de liste des tueurs à l’explosif

Rania Khalek – The Electronic Intifada – 30 juin 2015

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Les dégâts causés par les explosifs israéliens sont toujours visibles dans cette mosquée et dans beaucoup d’autres immeubles de Gaza.
Mohammed Asad/APA Images

Israël a tué et blessé plus de civils avec des armes explosives que n’importe quel autre État dans le monde en 2014, en raison de son agression militaire contre Gaza. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport de l’organisation Action sur la violence armée (Action on Armed Violence – AOAV), une organisation qui assure un suivi de l’impact des armes explosives sur les civils dans le monde.

Le rapport définit ainsi les armes explosives comme « des munitions telles les bombes aériennes, les mortiers, les engins explosifs improvisés et les obus d’artillerie », qui causent « la mort, des blessures et des dommages en projetant une explosion, une chaleur et souvent une fragmentation autour d’un point de détonation ».

Si tant les États que des organisations ne relevant pas d’un État ont bien contribué à des pertes civiles en 2014, les États sont les responsables de 28 % des blessés et tués civils, une brusque augmentation de 17 % par rapport à l’année précédente. Ceci est dû en grande partie à l’agression militaire israélienne contre Gaza, qui représente 44 % de toute les violences explosives en 2014.

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Appuyant les précédentes évaluations des droits humains qui accusent Israël de crimes de guerre, le rapport d’AOAV donne des éclaircissements sur l’intensité de la puissance de feu à laquelle les habitants de Gaza ont été soumis l’été dernier.

Baptisée Opération Bordure protectrice, la campagne d’Israël de bombardements de 51 jours a tué 2251 Palestiniens et en a blessé 11 000 autres, selon les chiffres des Nations-Unies. La grande majorité de ces tués sont des civils (1462), dont 551 enfants, faisant de Gaza le troisième endroit le plus dangereux au monde pour les civils en 2014, selon l’AOAV.

C’est ainsi que les Palestiniens de Gaza représentent 43 % des victimes civiles dans le monde de bombardements d’artillerie, 35 % des victimes civiles de bombardements aériens, et 40 % des enfants victimes dans le monde de la violence explosive en 2014.

Une fois la poussière retombée, les experts en neutralisation des bombes ont estimé qu’Israël avait lâché l’équivalent de 6 bombes atomiques sur Gaza.

En 2014, Gaza a représenté le troisième plus grand nombre de victimes civiles des violences explosives, au niveau mondial, dépassant le nombre de morts et de blessés au Nigéria, Pakistan, Afghanistan et Ukraine.

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Sur les 4022 blessés et tués des violences explosives recensées par l’AOAV à Gaza, 3813 sont des civils.

Cela signifie que les civils représentent une proportion alarmante de 95 % des tués ou mutilés par des explosifs à Gaza, plaçant Israël au même niveau que le groupe activiste Boko Haram, dont les attentats suicides meurtriers et par IED (Improvised explosive devices – engins explosifs improvisés) ont conduit à 97 % de victimes civiles au Nigéria. Par comparaison, le niveau de victimes civiles en Syrie, à laquelle Israël se réfère souvent pour détourner l’attention de ses propres atrocités, a été de 81 %.

Ces conclusions viennent contredire les proclamations d’Israël déclarant qu’il fait plus que toute autre force sur terre pour éviter des victimes civiles.

Israël a été le responsable de plus d’un tiers, 35 %, des civils touchés par des explosifs lâchés par voie aérienne, la Syrie de 43 % et l’Irak de 8 %, ce qui multiplie quasiment par trois le nombre mondial des victimes civiles par explosifs aériens en 2014.

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Israël a lancé plus de 6000 frappes aériennes sur Gaza, qui ont causé 53 % des victimes civiles de Gaza, selon l’AOAV. Les 47 autres pour cent des tués ou blessés l’ont été par des pilonnages terrestres ou navals.

En outre, le rapport révèle que 43 % des attaques aériennes israéliennes ont été lancées par drones, ce qui représente 29 % des victimes civiles de Gaza.

Une enquête par l’Associated Press est arrivée à des résultats similaires, estimant que plus de la moitié des civils tués dans Gaza l’ont été par des frappes aériennes sur leurs domiciles, « notamment 19 bébés et 108 enfants d’âge préscolaire, de un à cinq ans ».

Les explosifs aériens ont été particulièrement nuisibles pour les enfants dans le monde, « avec 44 % de tous les tués et blessés enregistrés comme causés par des armes aériennes », déclare le rapport d’AOAV, citant comme exemple l’agression aérienne du 29 juillet sur un immeuble d’habitations à Khan Younis, qui a tué 18 enfants et en a blessé gravement quatre autres, alors qu’ils s’abritaient avec leurs familles.

Une étude de Defense for Children Internatinal-Palestine (DCI-International/Palestine) révèle que 225 enfants palestiniens ont été tués dans les frappes aériennes israéliennes « alors que ces enfants étaient dans leurs propres maisons ou recherchaient un abri, souvent alors qu’ils étaient assis à table à manger avec leur famille, qu’ils jouaient ou dormaient ». Par ailleurs, 164 autres enfants ont été « directement pris pour cibles et tués illégalement » par des frappes de drones israéliens, sur leurs domiciles et dans la rue, alors qu’ils tentaient de fuir vers la sécurité.

Effectivement, Israël s’est révélé le chef de file du monde pour les meurtres et mutilations d’enfants par explosifs. Sur le total des enfants victimes de violence explosive en 2014, 40 % sont de Gaza, et 25 % de Syrie, révèle l’AOAV.

Un pilonnage d’artillerie

Alors qu’Israël possède un arsenal de haute technologie en matière d’armes téléguidées avec précision, il a pilonné la bande de Gaza qui est densément peuplée avec 34 000 obus non téléguidés, dont 19 000 obus d’artillerie à haute vélocité. Avec comme résultat que les Palestiniens de Gaza représentent maintenant 43 % des victimes civiles, dans le monde, de pilonnages d’artillerie.

Israël a utilisé ces armes sans discernement sur les quartiers densément peuplés de Gaza.

Les 19 et 20 juillet, Israël a ravagé le quartier de Shujaiya avec 7 000 obus à haute vélocité, tirant 4800 obus dans un laps de temps de sept heures. L’ampleur des pilonnages aveugles, qui ont tué au moins 55 personnes dont 19 enfants et 14 femmes, a été si inédite que des officiers supérieurs américains qui avaient pris part à la destruction de l’Iraq par les USA en auraient été « stupéfiés ».

Si le rapport de l’AOAV attribue le grand nombre de victimes civiles par des États à un ciblage de groupes et personnes dans des zones peuplées, il convient de noter que des déclarations de dirigeants militaires israéliens attestent d’une stratégie militaire calculée ciblant délibérément et systématiquement les civils et les infrastructures civiles.

Comme une enquête récente du Conseil des Nations-Unies pour les Droits de l’homme l’a observé, les attaques généralisées d’Israël sur les civils à Gaza « peuvent avoir constitué des tactiques militaires relevant d’une politique plus large, approuvée au moins tacitement par les décideurs au plus haut niveau du gouvernement d’Israël ».

Pourtant, les responsables israéliens et leurs bienfaiteurs américains affirment catégoriquement qu’Israël est une démocratie éclairée, entourée d’un océan hostile de dictateurs arabes impitoyables et de groupes terroristes en maraude. Cependant, la réalité à Gaza semble indiquer que les dirigeants israéliens ont bien plus en commun avec les personnages qu’ils haïssent qu’ils n’oseraient l’admettre.

En attendant, l’Administration Obama a approuvé un package d’armes de 1,9 milliard de dollars pour le gouvernement de Benjamin Netanyahu, ce qui garantit essentiellement la capacité pour Israël de répéter son agression de 2014 contre la population de Gaza. À ce stade, c’est simplement une question de temps.

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

Source : Electronic Intifada

Note : Extrait du rapport de la mission d’établissement des faits de l’ONU sur le conflit de Gaza – Conclusions et recommandations

Assemblée générale des Nations-Unies

A/HRC/12/48 (ADVANCE 2) – 24 septembre 2009

CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME – Douzième session – Point 7 de l’ordre du jour

LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME EN PALESTINE ET DANS LES AUTRES TERRITOIRES ARABES OCCUPÉS

Rapport de la Mission d’établissement des faits de l’Organisation des Nations Unies sur le conflit de Gaza

Conclusions et recommandations

1894. (page 6)

La Mission a aussi relevé avec inquiétude les déclarations publiques de représentants d’Israël, y compris de hauts responsables militaires, selon lesquelles les attaques contre la population civile et la destruction de biens civils sont des moyens légitimes de parvenir aux objectifs militaires et politiques d’Israël. La Mission estime que de tels propos, outre qu’ils minent tout le régime du droit international, sont incompatibles avec l’esprit de la Charte des Nations Unies et méritent par conséquent d’être formellement dénoncés.

http://www2.ohchr.org/english/bodies/hrcouncil/docs/12session/A-HRC-12-48_ADVANCE2_fr.pdf

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