La lettre de Bilal Kayed depuis la prison, au 48e jour de sa grève de la faim : « Vos luttes renforcent ma détermination pour la victoire »

Samidoun, 1er août 2016

Le prisonnier palestinien Bilal Kayed, au 48e jour de sa grève de la faim, a transmis la lettre suivante aujourd’hui, de l’intérieur de l’hôpital Barzilai où il est maintenu pieds et mains enchaînés à son lit d’hôpital. Kayed, 38 ans, a lancé sa grève de la faim le 15 juin ; il aurait dû être libéré le 13 juin après avoir purgé sa condamnation à 14 ans et demi dans les prisons israéliennes. Cependant, au lieu d’être libéré comme prévu, il a été condamné à six mois de détention administrative, renouvelables indéfiniment, sans inculpation ni procès.

Il a aussitôt lancé une grève de la faim pour protester contre ce qui est un précédent menaçant pour tous les prisonniers palestiniens, sa grève a reçu le soutien de tous ses camarades du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), parti de gauche, comme de tous les partis, et du Mouvement des prisonniers palestiniens. Ils sont plus d’une centaine de ses camarades prisonniers palestiniens à s’être rejoints dans une grève de la faim collective pour la liberté de Kayed, il y a le secrétaire général du FPLP Ahmad Sa’adat, des anciens grévistes de la faim comme Ghassan Zawahreh et Shadi Ma’ali, l’artiste de cirque Mohammed Abu Sakha, l’organisateur de la jeunesse Hassan Karajah, et bien d’autres encore. Des centaines d’autres se sont joints à toute une série de manifestations pour la libération de Kayed, notamment des grèves de la faim partielles et des appels à manifester ; les prisonniers ont connu la répression avec des rafles, des transferts de masse, des interdictions de visites de leurs familles, des isolements et d’autres sanctions dans le but de briser leur mouvement collectif de protestation.

Plus de 170 organisations internationales et palestiniennes ont signé l’appel à la liberté pour Kayed, et les manifestations vont s’amplifiant à travers la Palestine et à l’étranger. Samidoun, Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens, met en avant l’appel de Kayed ci-dessous : « Ce que j’ai reçu de toi (mon peuple) à travers tes luttes, tes sit-in, tes manifestations, renforce ma détermination à poursuivre jusqu’à la victoire. Ou la liberté, ou le martyre. » Et le Réseau exhorte à l’intensification des manifestations, des actions et des luttes pour soutenir Bilal Kayed et ses camarades prisonniers à ce moment crucial de leur lutte.

La lettre du gréviste de la faim Bilal Kayed

À mon peuple palestinien héroïque…

Aux peuples libres du monde…

Dans cette phase difficile que je subis à mon niveau personnel, dans la lutte contre la tentative vaine de me forcer à me soumettre à l’occupation brutale qui a pris la décision de me liquider, je n’ai fait que me tenir aux côtés des prisonniers de mon peuple, défendant mes droits, et leurs droits, et les droits de leurs familles à obtenir les conditions minimum pour la dignité humaine. Il n’est pas étrange que je me retrouve soutenu par tout mon peuple, qui m’entoure de ses cris et de ses appels, de son soutien et de ses efforts inlassables pour éliminer l’injustice qui nous a été infligée, à moi et à tous les prisonniers. Ceci s’accorde avec la compréhension nationale que je me suis élevé avec toi mon peuple, par toi, et par les peuples libres du monde, où qu’ils soient. En Cisjordanie, en se soulevant contre l’oppression ; dans les terres occupées (de 1948), fier et enraciné dans sa terre, en faisant respecter son identité ; toi, mon peuple héroïque dans la Gaza victorieuse, et tous les peuples libres du monde, de toutes nationalités et de tous horizons.

Je mets un terme ici, aujourd’hui, à la première phase de ma lutte contre cet occupant brutal, et j’ai annoncé ma deuxième phase, celle de l’unité avec tous les prisonniers de tous horizons et partis politiques, de sorte que nous pouvons, tous, collectivement, nous tenir dans l’avant-garde de la lutte nationale, à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons.

Après avoir reçu cette décision du tribunal militaire de l’occupation (comme je m’y attendais) ((décision de rejeter le recours de Bilal contre la détention administrative)) me refusant ma liberté, ma vie et ma dignité, il est nécessaire que je réagisse pour faire face à cette décision brutale. Donc, à partir d’aujourd’hui, 1er août 2016, je refuse tout examen médical auquel voudraient me soumettre les médecins de l’hôpital. Je demande de retourner immédiatement en prison malgré mon état de santé qui décline, à me trouver en première ligne dans les cellules de prison de l’occupation, côte à côte avec tous les prisonniers en révolte, criant à l’occupant de notre voix puissante : votre décision ne passera pas facilement ! Surtout après que l’occupation vient de franchir une nouvelle ligne rouge, encore plus dangereuse, en m’envoyant en détention administrative dans le but de liquider tous les instigateurs du mouvement des prisonniers et ses dirigeants, et ceux qui brandissent haut sa bannière en défendant le droit des prisonniers à la liberté et à la dignité.

Mon peuple héroïque, l’heure de la lutte est venue. Je suis rempli d’espoir. Comme je t’ai toujours connu, toi qui es le mur protecteur, défendant notre lutte. Ce que j’ai reçu de toi à travers tes luttes, tes sit-in, tes manifestations, renforce ma détermination à poursuivre jusqu’à la victoire. Ou la liberté, ou le martyre.

La victoire est inévitable.

Bilal Kayed

Hôpital Barzilai

1er août 2016

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

Source: Samidoun

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