Quels sont les éléments d’une narration et d’un discours palestiniens stratégiques?

Amjad Iraqi, Tamara Ben-Halim, Jamil Hilal, Refqa Abu-Remaileh, Samar Batrawi – 17 janvier 2019

Ces notes sont issues de la narration et du discours du cercle politique d’Al-Shabaka réuni en 2018. À cette occasion les membres d’une équipe d’analystes politiques d’Al-Shabaka ont travaillé ensemble à travers les frontières pour se saisir de la question de savoir si les Palestiniens devraient avoir une narration légitime unique et, si oui, quelle devrait-elle être1. Pour plus d’éléments sur ce cercle politique, voir l’ouvrage de Hazem Jamjoum “Reclaiming the Political Dimension of the Palestinian Narrative” (Réappropriation de la Dimension Politique de la Narration Palestinienne) et le débat de Policy Lab en ligne entre Tamara Ben-Halim, Hazem Jamjoum, et Amjad Iraqi “Palestinian Narrative: How Do We Build A Strategy? (La Narration Palestinienne, Comment Construisons Nous une Stratégie ?)

La narration et le discours renvoient aux concepts que nous utilisons pour penser et pour communiquer sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure. Ces concepts sont généralement articulés et mis en avant par des institutions et des mouvements politiques, sociaux et culturels ; ils reflètent les relations de pouvoir et leur donnent forme ; et ils influencent les valeurs, les pensées, les croyances et, finalement les actions des gens. Ils s’expriment à travers un large éventail de formes incluant la littérature, l’art, l’histoire écrite (dans des articles et des livres), la narration orale, la photographie, le cinéma, la musique, le théâtre et la peinture.

Pourquoi ces concepts sont-ils importants pour le peuple palestinien ? Pour répondre à cette question, quatre analystes politiques d’Al-Shabaka – Tamara Ben-HalimJamil HilalRefqa Abu-Remaileh, et Samar Batrawi – ont produit des réflexions et des arguments qui ont été organisés dans cette note d’analyse par le facilitateur du cercle de politique, Amjad Iraqi. Ils ont débattu des éléments clef d’une narration et d’un discours et ont échangé sur la façon d’en faire des outils stratégiques pour la lutte palestinienne. Ils ont conclu par plusieurs questions à l’attention des analystes politiques, des historiens et des artistes palestiniens, à prendre en considération dans de futurs travaux.

Avons-nous besoin d’une narration unifiée?

On pose souvent des questions sur la pertinence de consacrer du temps et de l’énergie en quantité à examiner et à développer plus avant la narration et le discours palestiniens. Certains Palestiniens avancent que ce n’est pas « notre affaire » d’avoir à convaincre d’autres personnes, notamment en Occident, de la cause des Palestiniens et qu’il vaut mieux diriger nos efforts ailleurs.

Nous pourrions néanmoins argumenter que le fait de clarifier ces concepts joue un rôle fondamental pour affûter notre pensée et notre analyse de la lutte palestinienne pour la liberté, l’autodétermination et le droit au retour. En termes politiques, une narration efficace détermine comment des publics « mainstream », donc des gens d’influence et des acteurs politiques, perçoivent et comprennent « l’histoire » palestinienne, ses expériences, ses moments historiques et ses événements actuels. Un discours efficacedétermine le « langage » ou les focales par lesquels cette narration est discutée par les publics majoritaires – par exemple des bases de dialogue et de compréhension nationalistes, féministes, juridiques ou autres.

On peut défendre l’idée que la narration et le discours palestiniens n’ont pas encore atteint leur potentiel stratégique. Comme le peuple palestinien, la narration palestinienne souffre énormément de sa fragmentation. Cela vient en partie des différences dans l’expérience de l’oppression des Palestiniens (réfugiés en exil / citoyens de seconde classe en Israël) ; des idéologies politiques (nationalisme / islamisme) ; et de l’urgence des priorités (fin de l’occupation de 1967 / retour sur les terres de 1948). Cela vient aussi en partie de débats sur la nature du cadre contemporain d’analyse à prioriser pour établir un diagnostic de la situation difficile des Palestiniens (« colonialisme de peuplement » / apartheid) et pour fixer une voie d’avenir (« un État » / « l’égalité dans la citoyenneté »).

Comme Nadia Hijab et Jaradat Gassner l’ont observé dans une note d’analyse d’Al-Shabaka, ce manque de consensus au sein des Palestiniens sur comment cadrer leur lutte collective « empêche l’adoption d’un message clair qui articule ce qui est arrivé aux Palestiniens et ce à quoi nous aspirons », et à son tour « obstrue le développement de stratégies efficaces permettant de réaliser ces aspirations ». Ainsi, la différence entre le fait d’avoir une narration et un discours unifié et le fait de ne pas en avoir du tout est la différence entre le succès et l’échec de la lutte palestinienne elle-même.

Nous suggérons donc que les Palestiniens ont besoin d’une stratégie efficace qui puisse mobiliser un large éventail de ressources de manière à consolider, articuler et amplifier leur narration et leur discours nationaux à l’échelle mondiale. En renforçant ces outils, les Palestiniens peuvent mieux influencer l’opinion publique de masse en faveur de la cause palestinienne, ce qui, avec le temps, peut pousser des acteurs puissants tels que des gouvernements et de grandes entreprises à changer leur politique en soutien aux droits des Palestiniens. De plus, l’unification de notre narration et de notre discours de cette manière, peut permettre aux Palestiniens de construire et de contribuer à la lutte d’autres peuples opprimés dans le monde et d’offrir un exemple de la façon dont une telle approche peut servir leur libération.

Enseignements de la lutte anti-apartheid

Pour comprendre la signification de la construction de la narration, les Palestiniens devraient se tourner vers les enseignements d’autres mouvements sociaux et politiques dans l’histoire récente. Un des principaux exemples est la lutte internationale contre l’Afrique du Sud de l’apartheid de 1948 à 1994. Des groupes anti apartheid ont avancé des idéologies et des discours différents (et souvent concurrents) en nombre ; le focus du Congrès National Africain (ANC) sur le non-racialisme, l’insistance du Mouvement de la Conscience Noire sur le pouvoir noir, l’attention portée par le parti communiste à la classe économique, ainsi de suite. Pour autant, la plupart des groupes sont généralement tombés d’accord sur une « histoire » commune de leur lutte, disant que l’apartheid, comme philosophie et comme régime, était un projet moralement inacceptable qui devait être complètement détruit et remplacé à tout le moins par un système démocratique donnant des droits égaux à toutes les races.

La narration a défié le régime raciste et le discours sécuritaire du régime, auxquels faisaient écho nombre de ses alliés occidentaux pour lesquels l’apartheid était un modèle de paix et de prospérité au sein d’un continent attardé et violent ; pour eux, les Noirs sous autorité blanche étaient mieux lotis que ceux qui vivaient dans des contrées voisines ; et des personnages tels Nelson Mandela et Oliver Tambo étaient des « terroristes ». Un exemple de tels sujets de discussion – dont beaucoup ont une ressemblance frappante avec ceux d’Israël aujourd’hui – est lisible dans un célèbre article de 1989 du Christian Science Monitor écrit par l’universitaire sud-africaine Anne-Marie Kriek : elle y demande : « Pourquoi l’Afrique du Sud est-elle aussi durement condamnée tandis que des normes complètement différentes s’appliquent à l’Afrique noire ? »

Les mouvements de base qui ont soutenu la lutte contre l’apartheid au niveau international ont aidé à amplifier son puissant message politique, jusque dans les centres du pouvoir en Occident. Au cours des années, des alliés de longue date du régime sud-africain tels que les États Unis et le Royaume Uni ont changé progressivement leur politique envers l’opposition à l’apartheid. La « loi globale contre l’apartheid » votée par le congrès américain en octobre 1986 – qui était passé outre le veto du président Ronald Reagan – a imposé une série de sanctions sur l’Afrique du Sud et a mis comme condition à leur retrait, « le respect par le pays du principe d’égalité de tous devant la loi pour les citoyens de toutes races » ; la libération de tous les prisonniers politiques dont Nelson Mandela ; et un calendrier pour l’élimination des lois racistes, parmi d’autres exigences.

La formulation et les objectifs de telles politiques reflètent à quel point la narration anti-apartheid et le discours de l’égalité raciale ont été adoptés et ont concerné le plus grand nombre, même parmi des décideurs. La résonnance morale de la narration de l’ANC en particulier a été vitale pour entraîner un changement populaire et politique contre le régime d’apartheid. Comme l’a observé l’érudit Adrian Guelke dansRethinking the Rise and Fall of Apartheid (2004) (Repenser l’ascension et la chute de l’Apartheid), « la raison du succès de l’ ANC fut en partie sa capacité à projeter une conception de l’avenir de l’Afrique du Sud différente de la conception désastreuse du gouvernement du Parti National fondée sur des théories discréditées de différence ethnique et raciale ».

Les enseignements de luttes comme celle de l’Afrique du Sud sont donc précieuses pour que les Palestiniens envisagent de formuler une « histoire » et un « langage » clairs, unifiés, et qui aient une résonnance pour pouvoir entraîner un changement contre la politique israélienne et soutenir les Palestiniens vers la libération, l’autodétermination et les droits humains. Les composantes particulières de ces cadres sont sujettes à de futures analyses : la suite de cette note d’analyse va traiter de quelques défis clé rencontrés dans l’effort de cristallisation de la narration palestinienne.

Distorsions de la narration palestinienne

La narration palestinienne est face à bien des obstacles externes qui freinent sa capacité à influencer l’opinion et la politique courantes. Elle a été et continue d’être sujette à de grossières formes de diffamation, de falsification et de distorsion – non seulement de la part de ceux qui promeuvent la narration sioniste mais aussi de sources locales, régionales et internationales. Les discussions politiques et publiques les plus courantes continuent à refléter prioritairement les narrations développées par Israël, qui mettent les exigences de sécurité nationale au centre du débat plus que celles des droits des Palestiniens. Ces conditions sont intrinsèquement liées à l’obstruction active de l’action politique palestinienne par Israël et par la communauté internationale, contrecarrant ainsi la capacité des Palestiniens à organiser, articuler et concrétiser leur narration.

Edward Saïd a identifié certains de ces obstacles dans l’introduction de La Question de La Palestine (1979). L’un d’eux est le rejet par les Américains, les Européens et les Israéliens de la narration palestinienne comme étant propagée par des Arabes « arriérés » et « barbares ». Un exemple complémentaire réside dans la rhétorique sécuritaire sur la « Guerre au Terrorisme » – propagée avec une force particulière après les attaques du 11 septembre 2001 – qui décrit les Palestiniens et leur résistance – violente ou non – en contradiction absolue avec la dite civilisation occidentale.

Plus particulièrement, dans une note d’analyse d’Al-Shabaka de 2013, Jamil Hilal a identifié cinq dénaturations principales qui affectent le discours aujourd’hui dominant sur la Palestine ; ce sont les suivantes : (1) les droits territoriaux palestiniens sont seulement limités à 22% de leur patrie historique ; (2) le point de départ de la lutte des Palestiniens se situe en 1967 et non en 1948 ou avant ; (3) le peuple palestinien n’est constitué que des habitants de Cisjordanie et de la bande de Gaza ; (4) la solution à deux États représente l’avenir politique le plus légitime et le plus fiable pour les Palestiniens ; et (5) les Palestiniens peuvent développer leur société et leurs institutions tout en étant sous occupation militaire.

Ces distorsions sont exacerbées par le fait que la narration sioniste s’est adaptée au fil du temps pour saper tout avancement de la narration palestinienne. Par exemple, les Arabes palestiniens ont d’abord dû lutter contre le mythe du mouvement sioniste présentant la Palestine comme « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Lorsque le nationalisme palestinien s’est redynamisé dans les années 1960 – soutenu en grande partie par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) – Israël a rejeté l’identité palestinienne comme fabriquée, à l’instar du premier ministre Golda Meir lançant l’infâme provocation selon laquelle « Les Palestiniens n’existaient tout simplement pas ». Lorsque la première Intifada (1987-93) a porté la narration palestinienne sur la scène mondiale, Israël s’est concentré sur la représentation des revendications des Palestiniens pour leurs droits comme des menaces existentielles (et antisémites) contre l’État juif.

Dissocier les narrations palestinienne et israélienne

Du fait des conditions discursives négatives décrites ci-dessus, les Palestiniens sont souvent forcés à se concentrer sur la réinterprétation et la réfutation des narrations sionistes/israéliennes – un processus laborieux qui détourne l’attention des Palestiniens de la possibilité de narrer leur situation à leur manière (ou du « droit à la narration », comme le dit Edward Saïd). Les Palestiniens découvrent même parfois qu’Israël s’est approprié des éléments de leur propre narration afin de se décrire comme la victime ; ainsi lorsque Benjamin Netanyahou a associé l’idée de démanteler les colonies israéliennes situées en Cisjordanie à un « nettoyage ethnique ». L’interaction des Palestiniens avec le discours dominant tend ainsi à être réactive et défensive, contrainte qu’elle est souvent de se définir en relation ou en réponse aux positions israéliennes.

Un exemple récent de cette dynamique a pu s’observer durant la Grande marche du Retour à Gaza en 2018. De nombreux défenseurs de la Palestine, s’exprimant sur les plateformes de média internationaux, se sont régulièrement trouvés dans l’obligation de répondre à l’affirmation d’Israël selon laquelle les manifestations étaient orchestrées par Hamas et cherchaient à porter atteinte, de façon violente, à la « souveraineté » israélienne. C’est cette narration sécuritaire, centrée sur Israël, qui a souvent contraint les Palestiniens à expliquer que la marche était un mouvement non-violent issu de la base qui visait à la libération d’un blocus brutal et à réaliser leur droit au retour dans leur pays. Comme Noura Erakat l’a expliqué dans une vidéo de commentaire pour le Washington Post : « L’abomination, c’est que nous osons exister et que nous ne disparaissons pas, et cela est souvent considéré comme une réponse à Israël plutôt qu’un désir de vivre… Nous ne cherchons pas à dire quoi que ce soit à propos d’Israël. Nous voulons vivre. Et le fait [est] qu’Israël est… la raison principale du fait que nous ne vivons pas ».

Au vu de ce qui précède, un défi stratégique majeur est de dissocier la narration palestinienne de ses liens négatifs avec la narration israélienne. Pour ce faire, la narration palestinienne doit constituer son propre locus en définissant son point de départ, et rester fidèle à sa propre histoire. Comme Hazem Jamjoum l’a souligné, il est particulièrement important d’être fidèle à la « dimension politique » de la narration palestinienne. En insistant, comme on l’a fait au cours de ces dernières décennies, pour inscrire le combat palestinien dans des cadres légalistes internationaux, avertit-il, on « risque de perdre de vue la nature fondamentalement politique [du combat] ».

En même temps, en exposant la propagande qui sous-tend la narration israélienne, les Palestiniens doivent prendre garde à ce que leur propre narration ne tombe pas elle-même dans le piège de la propagande. Non seulement cela pourrait créer de nouvelles distorsions autour de leur combat, mais leurs propres leaders pourraient s’approprier un tel discours et en faire une arme pour atteindre des objectifs corrompus et/ou autoritaires dans le futur. Ce schéma s’est observé à des degrés divers dans de nombreux pays sortis de la domination coloniale ou impérialiste, tels que l’Algérie, l’Iran, la Syrie, le Vietnam, le Venezuela, le Zimbabwe et de nombreux autres. Aujourd’hui, l’OLP semble suivre la même voie.

Entre stratégie et idéologie

À mesure que nous avancerons, une importante distinction devra être faite entre inscrire la narration et le discours palestiniens dans l’ « idéologie » et les inscrire dans la « stratégie ». Si l’idéologie pousse les gens à défendre leurs croyances comme ils le désirent sans se préoccuper des résultats (à savoir échouer ou réussir à convaincre les gens), la stratégie est une démarche pragmatique, qui permet de mettre ses idéologies de côté dans le but de trouver le moyen le plus efficace pour atteindre un but désiré, ou une solution à un problème. Ainsi, le défi est de trouver le meilleur cadre pour maximiser l’impact stratégique d’une narration et d’un discours palestiniens unifiés, sans faire de compromis grave sur les principes idéologiques essentiels.

Un défi supplémentaire est de transformer la fragmentation des Palestiniens et de capitaliser sur elle car, malgré ses effets négatifs, elle crée également de la diversité, une variété de perspectives, des réseaux d’influence et d’accès élargis, etc. Il faut en faire une force pour les Palestiniens et en tirer une stratégie. Ceci est particulièrement difficile vu le manque d’institutions fortes et légitimes – comme celles qu’aurait un État – pour coordonner, consolider et nourrir un processus de construction de la narration d’une manière organisée et représentative. On pourrait d’ailleurs arguer qu’un discours unifié ne signifie pas un consensus absolu entre toutes les composantes palestiniennes. De fait, il faudrait trouver un cadre au sein duquel puissent se rassembler et être prises en compte les différences comme les convergences ; en d’autres mots, un cadre qui puisse intégrer plutôt que rejeter sa nature multiforme.

Sur ces questions, trois niveaux de cadrage peuvent guider la construction d’un discours stratégique, inspirés par la littérature sur le cadrage de l’identité et les mouvements sociaux. Le premier niveau, le « cadrage de diagnostic », se réfère à la manière dont nous identifions les causes et les catalyseurs clé de la situation difficile dans laquelle se trouvent les Palestiniens. Par exemple, quels sont les problèmes essentiels qui doivent être résolus par le combat ? Qui est responsable de leur création ? Quelles définitions et terminologies utilisons-nous pour les expliquer ?

Le deuxième niveau, celui du « cadrage de pronostic », concerne les résultats et les solutions que nous visons. Ceci inclut la définition des stratégies et des tactiques nécessaires, ainsi que des obstacles et opportunités que nous allons rencontrer en appliquant ces stratégies et tactiques. Le troisième niveau, le « cadrage motivationnel », se réfère à la façon de construire le diagnostic et le pronostic pour qu’ils attirent et mobilisent les différents publics. Pouvons-nous adopter une approche unique ? Est-il suffisant de promouvoir la justice selon nos croyances idéologiques, ou devrions-nous être plus fins et nous adapter à différentes perspectives ?

Questions à discuter 

Cette note d’analyse a cherché à soulever les problèmes clé et les questions qui entourent la narration et le discours palestiniens. Plus de débats sont nécessaires pour avancer et Al-Shabaka y participera. Pour le moment, nous vous soumettons une série de sujets de réflexion :

  • Quels sont les éléments clé et les priorités d’une narration commune sur lesquels toutes les composantes palestiniennes peuvent s’accorder ?

  • Est-il nécessaire que les Palestiniens s’accordent sur le « but ultime » de notre combat pour construire et entretenir une narration unifiée ?

  • Comment nous assurons-nous que notre discours soit efficace stratégiquement, sans pour autant le rendre étroit ou excluant ?

  • Notre discours se rattachera-t-il aux modèles traditionnels du nationalisme, ou peut-il trouver de nouveaux cadres de rassemblement des communautés palestiniennes fragmentées ?

  • Notre narration peut-elle mettre l’accent sur ce que nous combattons – le colonialisme de peuplement et l’apartheid israéliens – et notre discours se centrer sur une vision de ce que nous voulons – la liberté, la justice et l’égalité ?

  • La reconnaissance du droit d’Israël à exister (telle qu’elle s’est produite dans le cadre des Accords d’Oslo) implique-t-elle l’acceptation de la narration et du discours sionistes ?

  • Comment la narration et le discours palestiniens prennent-ils en compte les droits historiques et contemporains des Israéliens juifs dans une vision politique du futur ?

Voilà certaines des questions qui doivent être abordées, non seulement par les Palestiniens mais aussi par leurs alliés, en partageant les expériences et les leçons tirées d’autres combats.


Amjad Iraqi

Amjad Iraqi, membre d’Al-Shabaka, est coordinateur du plaidoyer à Adalah – The Legal Center for Arab Minority Rights (Centre juridique pour les droits des minorités arabes), où il travaille depuis 2012. Il est aussi rédacteur pour +972 Magazine, et a publié des articles dans la London Review of Books et Le Monde diplomatique, parmi d’autres médias. Il est consultant auprès de plusieurs groupes sur les politiques et les droits humains en Israël-Palestine. Amjad a un Master en politiques publiques du King’s College de Londres, et a obtenu avec les honneurs une Licence en études sur la paix et les conflits de l’Université de Toronto.

 

Tamara Ben-Halim

Membre du réseau d’analyse politique d’Al-Shabaka, Tamara Ben Halim a un Master en droits humains de la London School of Economics et un Master en langues européennes modernes de l’Université d’Edinburgh. T. Ben-Halim travaille depuis plus de six ans dans le secteur associatif et la société civile, dans la recherche de solutions créatives aux problèmes d’injustice sociale, la mobilisation sociale, la communication et la diffusion. Elle a co-fondé et dirigé l’initiative internationale Cycling4Gaza pendant de nombreuses années. Elle a produit plusieurs court-métrages, dont son documentaire Ain El Hilweh, qui avait été nominé au California Arab Film Festival en 2011.

 

Jamil Hilal

Conseiller en politique d’Al-Shabaka, Jamil Hilal est un sociologue et écrivain palestinien indépendant. Il a publié de nombreux livres et articles sur la société palestinienne, le conflit israélo-arabe et les problématiques du Moyen-Orient. J. Hilal occupe et a occupé des postes de chercheur associé dans un certain nombre d’institutions palestiniennes de recherche. Ses publications récentes incluent des travaux sur la pauvreté, les partis politiques palestiniens et le système politique après Oslo. Il a dirigé la publication de Where Now for Palestine: The Demise of the Two-State Solution (Z Books, 2007) et de Across the Wall (I.B. Tauris, 2010) en coordination avec Ilan Pappé.

 

Refqa Abu-Remaileh

Membre du réseau d’analyse politique d’Al-Shabaka, Refqa Abu-Remaileh a actuellement une bourse post-doctorale Alexander von Humboldt et est affiliée au Forum Transregionale Studien de l’Université libre de Berlin et de l’Université de Marburg. Elle a obtenu son doctorat en Études orientales et son Master en Études du Moyen-Orient à l’Université d’Oxford (en 2010 et 2004) et sa Licence en littérature anglaise à l’Université de Colombie britannique (en 2002). Ses recherches académiques portent sur l’intersection entre la littérature arabe moderne et le cinéma. Pendant plusieurs années, après l’obtention de son doctorat, R. Abu-Remaileh a travaillé avec l’Oxford Research Group (Groupe de recherche d’Oxford), ou ORG, en tant que Chargée de programme pour le Moyen-Orient et elle est maintenant consultante pour Palestine-Israel tracks.

 

Samar Batrawi

Membre du réseau d’analyse politique d’Al-Shabaka, Samar Batrawi est une doctorante néerlando-palestinienne et une assistante en théorie des relations internationales au département des études de la guerre au King’s College à Londres. Elle s’intéresse à la politique des identités et aux mouvements sociaux au Moyen-Orient, en particulier à ceux qui sont en lien avec la question de la Palestine. Sa recherche de doctorat explore la manière dont le mouvement salafiste-jihadiste a formulé les griefs des Palestiniens et la question de la Palestine plus généralement. Elle a travaillé auparavant pour l’Institut Clingendael des relations internationales à La Haye, et pour le Women’s Centre for Legal Aid and Counselling (Centre d’assistance juridique et de soutien psychologique pour femmes) de Ramallah. Ses travaux sont apparus dans Foreign Affairs et Strife Journal.

 

Traduction : SF et MUV pour l’Agence Media Palestine

Source : Al-Shabaka, The Palestinian Policy Network

1 Un cercle  politique Al-Shabaka est une méthodologie spécifique qui engage à plus long terme un groupe d’analystes dans l’étude et la réflexion sur une question d’importance-clef pour le peuple palestinien

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