Une réflexion pascale depuis la Ville sainte de Jérusalem

Par l’Archevêque Atallah Hanna, le 4 avril 2021

Nous prions pour que le monde s’unisse pour combattre la pandémie et affronter ensuite toutes les autres pandémies —en particulier le racisme, la haine, l’injustice, l’occupation, l’oppression, et la dégradation de la dignité humaine.

Des chrétiens orthodoxes participent à la bénédiction du feu la veille du dimanche de Pâques, le 23 avril 2011, à l’église du Saint Sépulcre, édifiée sur les sites où les chrétiens pensent que le Christ a été crucifié et enseveli dans la Vieille Ville de Jérusalem, dans Jérusalem-Est annexée par Israël. (Photo: Sliman Khader/APA Images)

“La Fête de toutes les fêtes, la Saison de toutes les saisons”

Jérusalem est la ville vénérée pour les trois religions monothéistes : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. Aucune foi, aucun peuple ne peut prétendre avoir sur Jérusalem un droit qui en ferait sa ville exclusivement. C’est la Ville de la Paix.

Mais la paix est refusée aux peuples parce qu’il n’y a pas de justice dans la ville. À la place, il y a l’injustice et les attaques contre les Palestiniens chrétiens et musulmans visant nos sites sacrés, notre patrimoine, et notre présence historique, profondément enracinée dans ce lieu saint. Nous, les Palestiniens, nous voyons en Jérusalem notre capitale. Mais nous sommes traités comme des étrangers dans la ville sainte, berceau des plus importants des sites sacrés de la chrétienté.

La déclaration de Trump désignant Jérusalem comme la capitale d’Israël, sa décision de déplacer à Jérusalem l’ambassade des États-Unis, et sa suppression de l’aide étasunienne aux Palestiniens ont mis en évidence les mesures iniques et arbitraires prises contre notre peuple au fil des décennies, dont les conséquences affectent tous les aspects de notre vie quotidienne. Nous ne savons pas si le nouveau président américain annulera ces décisions injustes, mais la situation n’est pas prometteuse. Nous ne devrions pas être trop optimistes à l’égard de changements spectaculaires des positions étasuniennes sous la nouvelle administration, qu’il s’agisse de Jérusalem en particulier ou de la question palestinienne en général.

Au-delà de la politique, je lance un message depuis Jérusalem pendant la sainte saison de Pâques : Jérusalem est la Ville de la Résurrection pour les Palestiniens, notre foyer bien-aimé. Aucun lieu dans notre foi n’est plus remarquable ou plus sacré que la ville qui accueille le Saint Tombeau, l’église du Saint Sépulcre —le lieu de la mort de Jésus et de sa résurrection. La résurrection de Notre Seigneur est un pilier central de notre foi. Nous nous rappelons comment notre Seigneur a porté Sa croix, comment il a gravi le Golgotha, où il a été crucifié et enseveli. Pourtant, il a vaincu la mort et il a ressuscité des morts le troisième jour.

Telle est la fête que nous célébrons. Dans notre liturgie, nous l’appelons “la Fête de toutes les fêtes, la Saison de toutes les saisons”. En ce jour glorieux, la plus marquante des célébrations chrétiennes, nous nous agenouillons devant le tombeau vide et nous saluons notre Seigneur qui est ressuscité des morts.

Nous prions Dieu pour que la justice—absente depuis si longtemps—l’emporte dans notre pays, pour que la paix que nous désirons si fortement l’emporte, pour que toutes les injustices que notre peuple a subies et continue à subir soient abolies.

Les Palestiniens méritent la liberté, ils méritent la vie. La grande majorité d’entre eux sont instruits, ils ont un fort sentiment d’appartenance à notre patrie, et ils ont toujours été de loyaux défenseurs de notre juste cause, acceptant de lourds sacrifices pour la faire progresser. Nos sacrifices ne seront pas vains, quel que soit le temps qu’il faudra.

Des chrétiens palestiniens de l’église orthodoxe grecque psalmodient et chantent dans les rues en tenant des cierges et des croix pendant le rite de la bénédiction du feu, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 14 avril 2012. (Photo: Mahfouz Abu Turk/APA Images)

Voici notre message de Pâques aux chrétiens de notre pays et à notre peuple en général : ne perdez jamais l’espoir, quelle que soit la sévérité des épreuves, des complots, des intrigues suspectes et des propositions creuses visant à liquider notre cause.

Notre message de Pâques est un message d’espérance en des temps difficiles, en particulier dans cette période où nous affrontons les circonstances de la pandémie, et malgré toute l’injustice et la dégradation de la dignité humaine subies par notre peuple.

Inspiré par la sainte fête de la résurrection, je dis aux Palestiniens : “N’ayez pas peur, n’abandonnez pas le combat, et refusez d’être contraints à la frustration, au désarroi et au désespoir. Gardez le moral, restez volontaires, et aimez-vous les uns les autres. Rejetez toutes les divisions et soyez unis pour défendre votre cause, la cause des hommes et des femmes libres dans le monde entier.”

Je salue tous les chrétiens qui célèbrent Pâques en leur disant : “Cette journée, c’est celle que le Seigneur a créée, réjouissons-nous et ressentons sa joie.”

Puissions-nous connaître une résurrection nouvelle, renouvelée, pour cette terre sainte et pour toute l’humanité. Nous prions Dieu pour que le monde entier s’unisse pour combattre la pandémie et qu’il reste uni pour affronter toutes les autres pandémies de notre univers— en particulier le racisme, la haine, l’injustice, l’occupation, l’oppression, et la dégradation de la dignité humaine.

Christ a ressuscité ! Il est ressuscité ! 

L’archevêque Atallah Hanna est archevêque de Sebastia et du Patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem. Il a été ordonné moine en 1990. Il est co-auteur de “A Moment of Truth” (Un moment de vérité) dans le cadre de l’initiative Kairos Palestine, et fait partie de son conseil de direction.

Source : Mondoweiss

Traduction SM pour Agence média Palestine 

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