Palestine & Praxis, universitaires pour la liberté des Palestiniens : lettre ouverte et appel à action

En tant qu’universitaires, nous affirmons que la lutte des Palestiniens est un mouvement de libération d’autochtones confrontés à un Etat colonial de peuplement. La bataille acharnée à Sheikh Jarrah est la poudrière la plus récente dans la Nakba continue qu’est la condition des Palestiniens. Israël a étendu et enraciné sa souveraineté coloniale par une politique guerrière, d’expulsion, de précarité des droits de résidence et de planification discriminatoire. Le prétendu processus de paix a perpétué ses confiscations de terres et ses déplacements forcés sous les fictions d’une temporalité et d’une nécessité militaire. Ces politiques réunies constituent l’apartheid, étayées par une force brutale qui entérine le vol du territoire et la suprématie raciale des nationaux juifs-sionistes. Et maintenant, comme c’est le cas depuis plus d’un siècle, les Palestiniens continuent de résister à leur suppression et à leur effacement.

La résistance des Palestiniens à cette violence éliminatoire à Sheikh Jarrah et aux raids sur la mosquée Al-Aqsa a déclenché des manifestations à travers un paysage violemment séparé. Les Palestiniens de Lydd, Nazareth, Acre, Haïfa et ailleurs ont brandi des drapeaux palestiniens dans des manifestations massives affirmant le caractère national et singulier du peuple palestinien et son appel collectif à sa libération. Israël mène une fois de plus une campagne de bombardements à grande échelle contre la Bande de Gaza sous  blocus depuis quatorze ans, tuant quantité de Palestiniens et faisant des milliers supplémentaires de sans abri.

Pendant ce temps, aux Etats Unis, la mort des Palestiniens est traitée comme un sous-produit de la vulnérabilité des Israéliens. Les tentatives pour transformer le discours sur la violence d’État d’Israël en une série de sujets de discussion éculés sur les roquettes du Hamas reflètent la totale déshumanisation des Palestiniens et l’indifférence absolue envers l’agression militaire israélienne. Depuis des décennies, les Palestiniens ont fait l’objet de recherches académiques dont les chercheurs se servent pour comprendre les fonctions du pouvoir de l’État colonial de peuplement. Cependant, dans les moments de crise, nous réalisons humblement que la recherche et l’écriture ne suffisent pas.

Comme les universitaires palestiniens écrivent sous la menace de l’effacement colonial de peuplement et l’imposition de l’exil, on comprend que leurs idées et leurs expériences sont inextricablement liées au projet et à la tradition intellectuels que sont les études palestiniennes. Vivant dans un contexte politique que défie leur existence même, il est impératif que nous ne décrétions pas leur remplacement et leur effacement dans nos propres recherches, alors que les Palestiniens ne sont pas admis à l’académie. S’intéresser à la Palestine en tant que champ de connaissances, plutôt que comme une étude de cas ou un lieu d’extraction théorique, exige de s’engager dans le travail intellectuel de sa population en tant que généalogie d’un savoir soumis à la praxis. Résister à leur effacement du registre historique requiert une pratique qui fasse que l’on parle à la fois des Palestiniens comme des sujets intellectuels et qu’on mette au défi le discours très intellectuel qui les relègue dans les marges.

Nous reconnaissons notre rôle et notre responsabilité en tant qu’universitaires qui est de théoriser, lire et écrire sur les questions mêmes qui sont en cours en Palestine et dans toutes les nations aujourd’hui opprimées. L’érudition sans l’action normalise le statu quo et renforce l’impunité d’Israël.

L’érudition doit également être éthique en se centrant sur la décolonisation et en faisant entendre la voix des universitaires, ainsi que celle d’autres interlocuteurs, afin qu’elle demeure source de compétence et non simplement des objets d’étude. Nous pensons que la théorie critique que nous suscitons dans nos écrits et dans nos amphis doit être soutenue par des actes. Par conséquent, nous affirmons qu’il n’est plus acceptable de mener des recherches en Palestine ou sur les Palestiniens sans une composante claire d’engagement politique. Il n’est plus acceptable d’étudier un seul fragment de la Palestine et prétendre la connaître en son entier. Il n’est plus acceptable de parler des Palestiniens, ou de publier, sans citer les chercheurs palestiniens. En bref, il n’est plus acceptable de traiter la Palestine comme un terrain de jeu pour la curiosité des intellectuels tandis que sa nation fragmentée continue de lutter pour sa libération.

Par conséquent, nous affirmons notre engagement dans les actions suivantes, et nous appelons nos collègues à nous rejoindre dans notre affirmation des droits et de la dignité du peuple palestinien et des principes fondateurs de l’intégrité académique.

* Dans la salle de classe et sur le campus, nous nous engageons à

* Faire pression sur nos institutions et organisations académiques pour qu’elles respectent l’appel des Palestiniens au Boycott Désinvestissement et Sanctions contre Israël en instaurant des mesures qui suppriment la complicité et le partenariat avec des institutions militaires, académiques et juridiques impliquées dans l’implantation de la politique israélienne.

* Soutenir le militantisme étudiant sur les campus, y compris, mais sans s’y limiter, le parrainage d’événements conjoints et la dénonciation de la responsabilité de nos universités dans des violations de la liberté académique.

* Mettre en avant les études palestiniennes sur la Palestine dans les programmes, nos écrits, et en invitant les universitaires palestiniens et les membres de la communauté à s’exprimer lors d’événements dans les départements et les universités.

* Étendre la démarche ci-dessus à tous les chercheurs indigènes sans exception à l’intérieur de l’université et à toutes les communautés indigènes du voisinage.

* Centrer les analyses indigènes dans l’enseignement et en traçant des liens avec l’oppression généralisée et les mouvements de libération transnationaux.

* Dans nos recherches, nous serons très attachés à

* Inclure la Palestine en tant qu’espace et lieu digne d’une intégration dans la théorie critique, pas seulement en tant que cas dans une liste d’exemples coloniaux.

* Travailler à engager des méthodes qui mettent en valeur et promeuvent la voix et les expériences des endroits et des moments que nous étudions de notre propre point de vue.

* Dans les endroits où nous résidons, nous nous engageons à

* Soutenir les efforts et la législation de la communauté pour faire pression sur nos gouvernements pour qu’ils mettent fin au financement de l’agression militaire israélienne.

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Source : Palestine and praxis

Traduction  J. Ch. pour l’Agence média Palestine

                    

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