Le poète Mohammed El-Kurd détenu à Sheikh Jarrah après avoir condamné l’apartheid israélien sur la télé américaine

Le 13 mai 2021

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Lundi, nous avons parlé avec l’écrivain et poète Mohammed El-Kurd, dont la famille fait face à une expulsion forcée du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem. Il s’est également exprimé sur CNN et MSNBC. A la suite de ces interviews, les forces israéliennes l’ont arrêté et l’ont fait sortir de force de Sheikh Jarrah. L’événement a été filmé dans une vidéo dramatique largement partagée sur les réseaux sociaux. « Ils m’ont tout simplement jeté à la rue et m’ont dit que je ne pouvais pas revenir dans le quartier », dit El-Kurd. « Ils nous ont fait ça plein de fois, à plein de membres de ma famille, à quantité de mes voisins. Ils font ça routinièrement. » El-Kurd a été l’une des voix les plus éminentes ces dernières semaines pour décrire ce qui se passe dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem, où l’éviction prévue par les autorités israéliennes de plusieurs familles palestiniennes afin de donner leurs maisons à des colons juifs a été amplement décrite comme du « nettoyage ethnique ».

Il s’agit d’une transcription non revue. Cet exemplaire peut ne pas être sous sa forme définitive.

AMY GOODMAN : C’est Democracy Now !, democracynow.org, The Quarantine Report. Je suis Amy Goodman, avec Nermeen Shaikh.

Lundi, nous avons parlé à Mohammed El-Kurd, dont la famille fait face à une expulsion forcée du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem Est. Il s’est alors exprimé sur CNN et MSNBC. A la suite de ces interviews, les forces israéliennes l’ont arrêté et l’ont fait sortir de force de Sheikh Jarrah. L’événement a été filmé dans une vidéo dramatique largement partagée sur les réseaux sociaux.

Pour en savoir plus, nous allons à Jérusalem pour parler avec Mohammed El-Kurd, écrivain et poète de Palestine occupée, qui s’organise pour sauver la maison de sa famille dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem.

Mohammed, nous avons parlé avec vous lundi. Décrivez nous ce qui s’est passé ensuite.

MOHAMMED EL-KURD : Salut, Amy. Heureux d’être de retour.

Oui, j’étais dans mon quartier la nuit et les forces israéliennes, alors qu’elles étaient en train de disperser, de violemment disperser et d’opprimer les manifestants et de les agresser et de les frapper, me sont tombées dessus. Et, alors qu’elles savaient que je vis dans ce quartier, bien qu’elles me connaissent, elles m’ont emmené de force hors du quartier. Je voudrais aussi dire que cela m’est déjà arrivé, le même jour, le matin, mais il n’y avait pas de caméra pour le filmer.

Je ne suis pas certain de savoir si j’étais visé ou pas, ou si c’est à cause de ce que j’ai dit à la télévision nationale. Ce que je sais vraiment, c’est que les Palestiniens son la cible constante de la violence israélienne, qu’ils s’expriment franchement ou non. Aussi, pour mes frères et sœurs palestiniens, notre silence ne nous protégera pas. Nous devrions tous nous exprimer ouvertement contre les atrocités israéliennes et [inaudible].

AMY GOODMAN : Mais, où vous emmenaient-ils ? Ils vous faisaient sortir de chez vous. Je veux dire, il y a cette autre vidéo virale de votre sœur jumelle qui dit à un colon juif de quitter votre maison. Où étaient ces soldats israéliens que nous montrons maintenant en train de vous emmener ?

MOHAMMED EL-KURD : Ils m’ont simplement jeté à la rue et m’ont dit que je ne pouvais pas revenir dans le quartier. Et ils nous ont fait ça plein de fois, à plein de membres de ma famille, à nombre de mes voisins. Ils font ça routinièrement.

NERMEEN SHAIKH : Et pourriez-vous également nous parler, Mohammed, des rapports sur la collusion tout à fait flagrante entre colons et forces de sécurité israéliennes ?

MOHAMMED EL-KURD : Grâce à dieu, il y a les réseaux sociaux, parce que, non seulement à Sheikh Jarrah, mais à Haïfa, à Lyd, à Jaffa, dans la Bande de Gaza, nous voyons les colons israéliens encouragés par l’État israélien. Et il existe de nombreuses vidéos qui ont montré les policiers israéliens agressant les Palestiniens, et le faisant avec une force brutale, et le faisant avec agressivité, le faisant comme s’il s’agissait d’une vendetta à leur encontre, c’est ce qu’ils font. Ce n’est rien d’autre que du terrorisme. Mais encore une fois, comme je l’ai dit, Dieu merci, il y a les réseaux sociaux, parce que il me semble que le monde s’éveille finalement au fait qu’Israël est un État d’apartheid et qu’il traite les Palestiniens avec une telle déshumanisation. Il traite les Palestiniens à la façon dont les colonisateurs traitent les colonisés.

NERMEEN SHAIKH : Et aussi, comme vous le faites remarquer, le rôle des réseaux sociaux, avec pour résultat que le monde entier sait ce qui se passe. Et il y a eu des manifestations dans quantité de villes dans le monde. Quelle importance a la solidarité des militants et autres dans ces différentes villes, dont beaucoup en Europe, et aussi quelques unes aux États Unis ?

MOHAMMED EL-KURD : Absolument. Je pense que ces manifestations, organisées dans des centaines de villes, en fait, sont également menées par les Palestiniens dans la diaspora, tout comme les manifestations organisées dans toute la Palestine historique.

La première signification des ces manifestations, c’est qu’elle nous ont montré que ces fragmentations coloniales qu’Israël a mises en œuvre inlassablement, explicitement et implicitement, pour installer parmi les Palestiniens ces tactiques d’intimidation, ne marchent pas, que nous sommes tous le peuple palestinien, quelle que soit la géographie et quel que soit, vous savez, le statut juridique. Nous sommes tous le peuple palestinien, et nous nous élevons contre cela.

Je pense aussi que les citoyens ordinaires sur le terrain dans le monde entier réalisent qu’ils ont les moyens de mettre fin à l’agression israélienne contre les Palestiniens, de mettre fin à l’occupation israélienne une fois pour toute, de mettre fin au colonialisme de peuplement en Palestine.

Source : Democracy Now !

Traduction J. Ch. pour l’Agence média Palestine

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