Le groupe de musique Sol de Gaza déterminé à poursuivre ses rêves en Turquie

Par Mousa Tawfiq, le 1er juillet 2021

Le groupe Sol s’est formé à la suite d’une attaque israélienne sur Gaza en novembre 2012 (Via Facebook)

Le groupe Sol a longtemps souhaité répandre la joie par des mélodies accrocheuses.

Mener à bien cette tâche peut parfois s’avérer être un grand défi. L’attaque israélienne de 11 jours sur leur Gaza natale en mai en a été un.

Horrifiés par la violence infligée à leur patrie, les musiciens ont laissé leurs instruments de côté et ont écouté les nouvelles sans relâche.

« Nous ne pouvions pas dormir » a dit Ahmed Haddad, le guitariste solo du groupe. « Nous avions peur de perdre un ami ou un parent. Les images de Gaza étaient choquantes. Gaza ville est devenue méconnaissable. Pleine de ruines ».

Le groupe Sol est principalement localisé en Turquie désormais. Être loin de Gaza pendant qu’elle était sous les bombes, c’était pour eux être sains et saufs physiquement mais considérablement angoissés.

Faris Anbar, le percussionniste du groupe, a rappelé comment ses nièces ont assisté à la destruction d’un bâtiment.

« Elles regardaient dehors par la fenêtre de leur chambre lorsqu’un immeuble entier s’est effondré » dit Anbar. « Ma plus jeune nièce a 5 ans. Elle n’a ni joué ni parlé pendant plusieurs jours ». 

Résilience

Les membres du groupe Sol se trouvent chanceux que personne de leurs familles n’ait été tué ou blessé durant l’attaque. Lorsqu’elle s’est terminée, le groupe s’est remis à faire de la musique.  

Leur résilience ne va pas être une surprise pour les fans du groupe.

Après tout, le groupe Sol s’est formé à la suite d’une autre attaque importante contre Gaza, celle de novembre 2012.

Le groupe a accumulé un grand nombre de partisans. Un de ses projets ayant eu le plus de succès a été l’enregistrement d’une série de folk songs arabes pour la chaîne de Télé Falastini.

Les vidéos qui l’accompagnent – filmées dans des squares à Gaza – ont été vues par des millions de gens sur internet. 

Pour autant, tout le monde n’a pas été impressionné. Les vidéos, qui montrent la chanteuse Rahaf Shamaly entourée de musiciens hommes, ont été critiquées par « certains lettrés et religieux », selon Hamda Nasrallah, le chanteur principal du groupe. 

Nasrallah a ajouté que le groupe n’avait pas l’intention de mécontenter les gens « non habitués à voir des filles chanter dans les rues de Gaza ».

« Nous voulions seulement chanter et ranimer notre patrimoine » a-t-il dit. Et nous y avons réussi ». 

Gaza étant sous blocus complet depuis 2007, le groupe a d’abord été dans l’impossibilité de se produire en dehors de la bande côtière.

Une rupture s’est produite en 2019 lorsque le groupe Sol a été invité à l’Expo de la Musique de Palestine. L’événement se déroulant dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, le groupe avait besoin de visas délivrés par Israël pour s’y rendre. 

Les membres du groupe s’attendaient à ce que leurs demandes soient rejetées lorsqu’ils ont fait la démarche pour obtenir ces visas. « Mais, miraculeusement, nous avons eu les permis » a dit Farel, le claviériste.

« Nous ne pouvions pas y croire » a-t-il ajouté. « Nous jouions à Ramallah pour nos compatriotes palestiniens. On dansait et on chantait tous ensemble. Et nous avons eu une sono et des lumières de pointe – choses que n’avions jamais eues à Gaza. Un rêve devenait réalité ». 

Depuis la création du groupe ses membres ont la plupart du temps été à l’université. Après que plusieurs d’entre eux ont été diplômés, ils ont décidé de se consacrer à plein temps à la musique.

Les opportunités pour des musiciens étant limitées à Gaza, le groupe Sol a décidé qu’il vaudrait mieux partir. Vers la fin de 2019, l’essentiel du groupe s’est rendu à Istanbul.

“Une épreuve de chaque jour”

Le groupe n’aurait pas pu prévoir qu’ils émigraient juste avant que la COVID-19 se répande dans le monde. 

Au début, ils ont pu s’adapter. Il y avait un peu de travail pour des musiciens dans les hôtels et restaurants de Turquie.

Cela a dû changer lorsque des restrictions ont été introduites dans le secteur de la restauration. Sans aucun concert, le groupe a lutté pour payer son loyer.

La technologie a cependant permis au groupe de continuer à travailler pour deux de ses membres qui sont encore à l’université à Gaza. 

Rahaf Shamaly (voix) et Mohammed Shoman (guitare et basse) sont restés à Gaza. Ils ont contribué à des enregistrements d’une vidéo de Ramadan l’an dernier. 

Le groupe prépare maintenant un album. « C’est notre objectif principal », a dit le guitariste Ahmed Hadad.  « C’est difficile à réaliser étant donné que nous sommes confrontés à des épreuves au quotidien ». 

« Mais nous ne pouvons pas revenir en arrière » a-t-il insisté. « Nous sommes passés par beaucoup de difficultés pour en arriver là. Donc nous n’allons pas laisser nos rêves s’effacer ».

Mousa Tawfiq est journaliste, anciennement établi à Gaza, qui vit désormais à Paris.

Source : The Electronic Intifada

Traduction SF pour l’Agence média Palestine

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