Le cas d’Ahmad Manasra met en lumière la cruauté d’Israël envers les enfants palestiniens

Par Omar Karmi, le 13 avril 2022

Des manifestations ont eu lieu dans toute la Cisjordanie pour soutenir Ahmad Manasra au moment où il devait comparaître au tribunal pour faire appel de sa condamnation. Ici, devant le siège de la Croix rouge/Croissant rouge à Hébron (Samar Bader/APA images)

Un tribunal israélien a jugé que le cas d’Ahmad Manasra devait être soumis à un comité de libération conditionnelle, ce qui ouvrirait la voie à une libération anticipée, selon ses avocats.

Manasra, âgé de 14 ans en 2016 lorsqu’il a été condamné à 12 années d’emprisonnement pour sa prétendue implication dans une attaque à l’arme blanche contre deux Israéliens dans Jérusalem-Est occupée, a comparu mercredi [13 avril] au tribunal, ses avocats s’efforçant d’interjeter appel.

Une vidéo circulant sur les médias sociaux montre Manasra amené au tribunal. On y entend sa mère qui l’appelle.

Selon Khaled Zabarqa, un de ses avocats, il ressort de l’arrêt du tribunal que le comité doit de nouveau examiner son cas, bien qu’aucune date ne soit fixée actuellement pour une réunion de ce comité.

Des militants soulignent que le réexamen par le tribunal intervient après une campagne mondiale qui a fait pression sur Israël.

Cette campagne demande instamment la libération immédiate de Manasra.

Pendant les quatre derniers mois, Manasra, qui a maintenant 21 ans, a été maintenu à l’isolement. Selon sa famille et des militants, sa santé mentale serait sérieusement atteinte.

Il a été roué de coups lors de son arrestation, affirme la famille, et il souffre toujours de cicatrices physiques et psychologiques causées par les mauvais traitements subis en prison.

Comme il a déjà passé un tiers de sa vie derrière les barreaux, sa mère disait à des journalistes en février que le jeune homme reste “un enfant dont l’état ferait pleurer une pierre”.

Le cas de Manasra a attiré l’attention du grand public en 2015 quand, à la suite d’une fuite, une vidéo de son interrogatoire a été diffusée par les médias palestiniens.

Sur cette vidéo, on voit un interrogateur israélien hurler des insultes au jeune garçon et l’accuser à plusieurs reprises de tentative de meurtre, alors que le jeune homme répétait qu’il ne se souvenait pas du tout d’une attaque à l’arme blanche.

Manasra avait à peine 13 ans lorsqu’il se serait rendu avec Hassan, un cousin âgé de 15 ans, à la colonie de Pisgat Zeev dans Jérusalem-Est occupée dans l’intention, précise son avocate Lea Tsemel,  de “faire peur à des Juifs pour qu’ils arrêtent de tuer des Palestiniens.”

Selon l’acte d’accusation, Hassan a poignardé un agent de sécurité, qui a été légèrement blessé. Puis ils ont pourchassé un jeune Israélien âgé de 13 ans, que Hassan a poignardé en le blessant grièvement.

Quand ils ont essayé de s’enfuir, Hassan s’est fait tirer dessus par des policiers israéliens, actifs à Jérusalem-Est occupée, et a été tué.

Quant à Manasra, il a été renversé par une voiture au cours de sa fuite.

Une vidéo troublante mise en ligne ultérieurement montrait Manasra, gisant sur le sol et sérieusement touché, entouré d’Israéliens qui criaient des invectives au jeune garçon.

L’acte d’accusation le concernant ne suggère nullement que Manasra ait lui-même poignardé quelqu’un, et le jeune homme a nié avoir eu l’intention de tuer, alors que les magistrats instructeurs auraient voulu le lui faire avouer.

En 2017, la peine de Manasra a été réduite de deux ans et demi, des juges de la plus haute juridiction d’Israël ayant estimé ne pas pouvoir “ignorer qu’il avait joué dans cet incident un rôle secondaire par rapport à celui de son cousin”.

Cependant, des militants demandent sa libération sans délai soulignant que des dommages irréparables ont déjà été infligés à un jeune homme qui a passé six ans à subir “des abus systématiques et profonds” dans une prison israélienne.

Des groupes comme le Réseau palestinien et global de santé mentale espèrent aussi que le cas de Manasra va braquer un projecteur sur les traitements infligés par Israël aux enfants palestiniens dans leur ensemble.

Selon Defense for Children International-Palestine, entre 500 et 700 enfants palestiniens de 12 à 17 ans sont incarcérés chaque année. Nombre d’entre eux sont soumis au régime de détention administrative – ou détenus sans inculpation ni procès.

En ce moment, selon Addameer, groupe de défense des droits des prisonniers, Israël maintient en détention 160 enfants palestiniens.

Source : The Electronic Intifada

Traduction SM pour l’Agence média Palestine

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