Lettre de Randa Mousa, la femme du prisonnier politique Khader Adnan en grève de la faim depuis 76 jours

Nous avons publié cet article il y a quelques jours faisant état de la situation du prisonnier politique palestinien Khader Adnan actuellement mourant et en grève de la faim depuis 76 jours dans une prison israélienne.

Hier, nous avons reçu la lettre ci-dessous de sa femme, que nous relayons et vous invitons à diffuser:

Mon mari, Khader Adnan Mousa, est un prisonnier palestinien en grève de la faim dans les prisons israéliennes depuis le 5 février 2023 pour protester contre son arrestation. Khader (45 ans) est père de neuf enfants, le plus jeune d’entre eux a un an et demi et le plus âgé 14 ans. Mon mari est un gréviste de la faim de longue date ; c’est en se confrontant publiquement aux forces d’occupation qu’il a, à de multiples reprises, gagné sa liberté.

Lundi 17 avril, le tribunal militaire d’occupation israélien (Salem) a reporté sa demande de libération sous caution, demande faite en raison de son état de santé critique après 72 jours de grève de la faim. Le tribunal avait déjà retardé sa réponse jusqu’à aujourd’hui (20 avril), et voilà que l’audience a de nouveau été reportée au 23 avril malgré la situation dangereuse dans laquelle il se trouve. D’ici là, Khader Adnan, s’il est encore en vie, aura atteint le 78e jour de sa grève de la faim. Au cours de l’audience, le procureur a menacé de nourrir Khader de force contre sa volonté clairement exprimée. 

Nous ignorons dans quel hôpital/prison Khader Adnan, habitant la ville d’Arraba près de Jénine, est maintenant détenu. Jusqu’à hier, 18 avril, il était détenu au centre de détention de Ramleh, où il refusait tout examen médical ou alimentation malgré une détérioration continue de son état de santé. Il éprouve des douleurs dans tout son corps, présente une vision floue, une hémoptysie, des vomissements de bile, des étourdissements constants, des évanouissements intermittents, une peau jaunâtre et une tachycardie. Bien que les médecins préviennent que Khader pourrait subir un accident vasculaire cérébral soudain ou perdre la vie, les services pénitentiaires israéliens (IPS) ont refusé pendant 74 jours de le transférer dans un hôpital civil. Dans la soirée du mercredi 18 avril, on m’a informé de son transfert dans un lieu tenu secret. Nous avons contacté Physicians for Human Rights, mais ils n’ont pas été en mesure de le localiser.

Mon message aux peuples libres du monde et aux Nations unies est d’agir et de faire pression sur les forces d’occupation afin de les obliger à respecter les droits humains, à mettre fin au traitement inhumain des détenus palestiniens, à obtenir l’autorisation pour mes enfants et moi de rendre visite à Khader, à sauver la vie de mon mari, leur père, de cette mort lente et de le libérer avant qu’il ne soit trop tard.

Je remercie tous ceux et toutes celles qui ont soutenu mon mari depuis le premier moment de sa grève de la faim.  Mon mari, Khader Adnan, est porteur du message d’une nation et mène cette lutte au nom de son peuple. Il n’aime ni la faim ni la mort mais refuse une vie d’humiliation et se bat pour la liberté et la dignité.

Trad. B.M pour l’Agence Média Palestine

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