Suivi des bombardements à Gaza : 27 morts, 70 blessés et fermeture des points de passage depuis le mardi 9 mai 2023

Par l’Agence Média Palestine, le 11 mai 2023

Dans la nuit de mardi à mercredi, comme rapporté dans cet article de l’Agence Média Palestine, Israël a rompu un cessez-le-feu avec le Jihad islamique qui avait été conclu une semaine auparavant, après la mort de Khader Adnan, cadre du Jihad islamique, des suites d’une grève de la faim en détention israélienne.

Israël a opéré une série de frappes aériennes surprises, tuant trois hauts commandants du Jihad islamique délibérément pris pour cible à leur domicile, alors que leurs familles étaient présentes et endormies.

En tout, le bilan provisoire affichait mardi 9 mai au moins 13 Palestiniens tués dans l’attaque, dont 10 civils, parmi lesquels 4 enfants et 4 femmes.

Actualisation du bilan provisoire des victimes et dégâts recensés à Gaza

Aujourd’hui 11 mai, d’après les tous derniers chiffres publiés par Al Jazeera , d’autres frappes aériennes ont porté à 27 le nombre de victimes palestiniennes. De 4 enfants, l’addition monte désormais à 7, avec 3 décès supplémentaires : Dawood, 5 ans, est mort après une grave crise de panique provoquée par les frappes aériennes israéliennes. Layan Midwekh, 10 ans, et Rami Shady Hamdan ont été tués lors des bombardements ciblés d’Israël. Enfin, 70 blessés ont été dénombrés pour le moment côtés palestiniens.

Dawood, Layan Midwekh et Rami Shady Hamdan

Parmi les autres victimes de ces attaques lors des dernières quarante-huit heures, Middle East Eye précise qu’y figurent un dentiste réputé, président du conseil d’administration de l’hôpital Wafa, et Wafa News Agency ajoute qu’un agriculteur travaillant dans son champ fait aussi parti des victimes.

Par ailleurs, Ziad Medoukh, responsable du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza, relève que plusieurs raids israéliens ont lieu partout dans la bande de Gaza, endommageant des immeubles, et un centre médical et provoquant la destruction complète de maisons et d’une usine. Il ajoute que tout ceci se produit alors que des puits d’eau et des terrains agricoles et des quartiers populaires sont régulièrement visés et que les foyers palestiniens ne bénéficient que de quatre heures d’électricité par jour.

Au cours d’un entretien accordé aujourd’hui à l’Agence Média Palestine, Haidar Eid, écrivain et professeur de littérature postcoloniale à l’université Al-Aqsa à Gaza, a expliqué que les bombardements avaient commencé en même temps à 2 heures du matin le mardi 9 mai dans la ville de Gaza et à Rafah, où les dirigeants visés se trouvaient avec leurs familles. Il affirme que les bombardements se sont ensuite propagés partout, à Khan Younus, Qarara, Beit Hanoun. Aujourd’hui, toute la bande de Gaza n’est plus sûre.

Le Al Mezan Center for Human Rights rapporte de son côté que l’armée israélienne a considérablement augmenté l’utilisation de drones au-dessus du ciel de Gaza. Leur bruit peut être entendu « clairement et de manière irritante » dans toute la bande de Gaza. La documentation d’Al Mezan montre qu’entre 2000 et 2023, au moins « 2 148 Palestiniens, dont 378 enfants et 86 femmes, ont été tués par des drones israéliens. 349 d’entre eux ont été tués à l’intérieur de leur maison, dont 103 enfants et 54 femmes ».

Les exécutions extrajudiciaires, ainsi que le ciblage de bâtiments résidentiels et d’autres infrastructures civiles, constituent de graves violations du droit international. L’ONG palestinienne Al-Haq a déclaré que l’attaque du 9 mai « pourrait constituer le crime de guerre de l’homicide volontaire ».

Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations Unies, a déclaré sur Twitter à propos de cette attaque que « le bombardement d’immeubles résidentiels la nuit semble disproportionné et aveugle » et qu’il s’agit d’un « possible crime de guerre ».

Rappelons que les exécutions extrajudiciaires sont interdites par le droit international.

Aujourd’hui, mercredi 11 mai, après plusieurs séries de frappes aériennes meurtrières, les militants du Jihad islamique ont fini par répondre en tirant plus de 400 roquettes sur Israël, dont la plupart ont été interceptées par les défenses anti-missiles israéliennes. Ali Ghali, commandant de l’unité de lancement de roquettes du groupe, a été tué aujourd’hui lors d’une attaque menée avant l’aube par les forces israéliennes à Khan Younis.

Au cours de notre entretien, Haidar Eid a attesté que, du côté israélien, Benjamin Netanyahu était « sous la pression des autres ministres fascistes de son gouvernement qui voulaient « donner une leçon » aux Palestiniens de Gaza et relancer la politique d’assassinat politique des dirigeants. Il a ainsi détourné l’attention des manifestations internes qui se déroulaient contre son gouvernement extrémiste ».

Il assure également que l’assassinat délibéré du gréviste de la faim Khader Adnan est une des raisons qui a poussé les mouvements de résistance palestiniens à réagir depuis Gaza.

Middle East Eye précise que l’Égypte, le Qatar et les Nations unies mènent des efforts de médiation pour parvenir à une trêve entre Israël et la Bande de Gaza.

Fermeture des points de passage par Israël

Dans le même temps, Israël a fermé de manière punitive les points de passage de Gaza, empêchant mardi, premier jour de la fermeture, 142 patients atteints de cancer de se déplacer pour recevoir et achever leur traitement, dont 5 cas graves et vitaux.

Mercredi 10 mai, 136 patients n’ont pas pu se déplacer pour recevoir leur traitement, dont 3 cas graves.

Le Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR) souligne que le maintien de la fermeture des points de passage menace la vie de centaines de patients et affaiblit le système de santé déjà fragile de la bande de Gaza, en raison du blocus imposé par Israël depuis 15 ans et rappelle que ces fermetures sont une punition collective interdite par le droit international.

D’après le PCHR, la fermeture du point de passage Beit Hanoun « Erez » « a empêché des centaines de patients atteints de cancer et d’autres maladies graves, dont le traitement n’est pas disponible à l’hôpital de la bande de Gaza, de se rendre dans des hôpitaux de Cisjordanie, y compris Jérusalem occupée, ou en Israël, pour y terminer leur traitement, mettant ainsi leur vie gravement en danger ».

Cette fermeture délibérée continue du passage de Beit Hanoun « Erez » risque de tuer sciemment des dizaines de patients atteints de maladies graves. Aussi, l’incapacité du système de santé de Gaza à fournir des services de santé à ces patients en raison du manque de personnel médical spécialisé et de la pénurie chronique de médicaments et de fournitures médicales, est dramatique.

Le PCHR précise en outre dans son suivi qu’il est également à craindre que des scénarios similaires à ceux qui ont déjà vus le jour par le passé se reproduisent si la situation ne s’apaise pas rapidement. En effet, la coupure de l’approvisionnement en eau des citoyens pendant de longues périodes et la fermeture des usines de dessalement et des stations d’épuration des eaux usées pourraient entraîner un grave risque sanitaire.

Lors de notre entretien, Haidar Eid est également revenu sur le vécu des Palestiniens face à ces traumatismes constants et la solidarité palestinienne qui s’organise actuellement à Gaza :

« Il s’agit d’un traumatisme permanent que les Palestiniens ont intériorisé. Mais je ne dirais pas que nous nous y habituons. On attend de nous que nous normalisions cette forme d’oppression, mais ce n’est pas le cas. Nous développons des stratégies pour y résister. Je dirais que nous avons développé des formes de Sumud, de fermeté, face aux politiques génocidaires du régime d’apartheid israélien. Littéralement, pour nous, l’existence est une résistance et vice versa. »

Haidar Eid ajoute :

« La solidarité est présente partout ici. Dans l’heure où une famille est attaquée, les gens se précipitent pour aider et offrir tout ce qu’ils peuvent : de la nourriture, un abri, etc. Les premiers à se précipiter sont généralement les membres de la famille proche, les voisins et les amis… Le système social est fort et offre un soutien relatif mais important.

Les habitants de Gaza en ont assez de la complicité de la soi-disant communauté internationale, de l’Occident en particulier. Ils vivent un siège permanent depuis 2007 et ont dû traverser quatre guerres criminelles lancées par le régime d’apartheid israélien. »

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