Les Palestinien.ne.s ne peuvent pas compter sur la communauté internationale, nous avons besoin de la société civile pour agir. La voie à suivre pour notre lutte est la résistance sur le terrain, soutenue par la solidarité internationale à travers le boycott, le désinvestissement et les sanctions.
Par Haidar Eid, le 9 octobre 2023
Alors que l’apartheid a commencé son assaut sur Gaza, des récits d’atrocités émergent et confirment la barbarie inhumaine de l’attaque menée jusqu’à présent. Plus de 40 % des personnes tuées sont des enfants et des femmes. Les chiffres que j’ai ici, qui sont provisoires et proviennent du ministère de la santé, indiquent que le nombre de morts s’élève à ce jour à 436, dont 91 enfants, et à plus de 2 250 blessé.e.s. Et cela ne veut pas dire que les autres morts sont des combattant.e.s de la liberté ou des membres d’organisations militantes. Ce sont des hommes ordinaires, jeunes et vieux.
Mais les avertissements et les messages envoyés par Netanyahou et le reste de la bande fasciste sont clairs. « Les Gazaouis doivent partir MAINTENANT », a déclaré un Netanyahou fou le premier jour de l’attaque, après avoir reçu le feu vert de « Joe l’endormi » qui a décidé de se réveiller ce jour-là uniquement pour réitérer son soutien total au « droit » d’Israël de se venger des 2,4 millions d’habitant.e.s de Gaza assiégée. À l’heure où j’écris ces lignes, des appartements et des tours sont pris pour cible. Ils éliminent des familles entières. 8 familles, comptant 54 membres, ont été éliminées jusqu’à présent, la dernière étant celle des Abu Helals de Rafah. Les corps de 14 membres de la même famille sont encore sous les décombres.
Le message est donc très clair pour nous. Ils s’en prennent aux civils parce qu’ils ne peuvent pas faire face à nos combattant.e.s. C’était la même chose en 2021, en 2014, en 2021 et en 2009. C’est pourquoi nous ne pouvons plus compter sur la communauté internationale. Le Conseil de sécurité des Nations Unies et la communauté internationale en général reflètent l’équilibre des forces, et cet équilibre est toujours en faveur des États-Unis et d’Israël. Et les régimes arabes réactionnaires sont occupés à normaliser avec l’Israël de l’apartheid au détriment des droits fondamentaux des Palestinien.ne.s.
L’impérialisme américain est indissociable d’Israël et du sionisme. La guerre qui nous est menée aujourd’hui fait partie intégrante des plans américains pour le Moyen-Orient, avec des liens « normaux » entre les Arabes et l’Israël de l’apartheid. Les Palestinien.ne.s doivent accepter leur statut d' »esclaves domestiques » qui doivent accepter les miettes de pain que leur jettent les généreux maîtres.ses blanc.he.s de l’Israël fasciste.
Il est temps que les organisations de la société civile traduisent leurs paroles de soutien en actes. En raison du déséquilibre des pouvoirs entre les Palestinien.ne.s et Israël, nous pensons que c’est la seule façon d’avancer. La voie à suivre pour nous et pour notre lutte est la résistance sur le terrain, soutenue par la solidarité internationale à travers le boycott, le désinvestissement et les sanctions. Nous avons besoin d’une intervention internationale – et cette intervention internationale ne peut pas venir d’organismes officiels.
C’est exactement ce qui s’est passé après le massacre de Sharpeville en 1960, lorsque 69 Noir.e.s ont été tué.e.s par le régime raciste blanc de l’Afrique du Sud de l’apartheid. Ce massacre a donné lieu à la campagne BDS contre l’apartheid d’Afrique du Sud, qui a finalement abouti à la libération de Nelson Mandela en 1990 et à son élection en tant que premier président noir de l’Afrique du Sud multiculturelle, multiraciale, laïque et démocratique telle que nous la connaissons aujourd’hui.
« Gaza pourrait être l’étincelle qui déclencherait un « nouveau Moyen-Orient » différent de celui que les États-Unis, Israël et les régimes arabes réactionnaires nous préparent. »
Gaza pourrait être l’étincelle qui déclencherait un « nouveau Moyen-Orient » différent de celui que les États-Unis, Israël et les régimes arabes réactionnaires nous préparent. Pas un « nouveau Moyen-Orient » caractérisé par l’hégémonie américaine et israélienne. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, c’est à la naissance d’une nouvelle Palestine caractérisée par le début de la fin de l’hégémonie sioniste.
Pour atteindre ce stade, nous avons besoin que toutes les personnes éprises de liberté soutiennent l’appel que les organisations de la société civile de Palestine ont lancé en 2005, demandant à la communauté internationale de les soutenir en boycottant, en désinvestissant et en imposant des sanctions à Israël. Il s’agit d’une responsabilité éthique de chaque personne qui croit en la liberté pour tous. Il leur incombe de veiller à ce que l’horreur infligée à Gaza ne se reproduise plus jamais.
Cela s’est déjà produit lors de la Seconde Guerre mondiale pour le peuple juif. C’est arrivé aux Noire.e.s africain.e.s en Afrique du Sud, et les peuples épris de liberté ont dit « plus jamais ça ». Mais nous le permettons aujourd’hui en Palestine.
La responsabilité du mouvement BDS incombe non seulement aux organisations de la société civile, mais aussi à chaque individu. Voici ce que vous pouvez faire.
C’est pourquoi nous disons aujourd’hui que le BDS est la responsabilité non seulement des organisations de la société civile, mais aussi de chaque individu. Voici ce que vous pouvez faire. Vous pouvez boycotter les marchandises, les sports et les produits culturels israéliens. Vous pouvez demander à votre représentant.e d’exiger des sanctions. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’Israël commencera à reconsidérer ce qu’il fait aux Palestinien.ne.s de Gaza.
Haidar Eid est professeur associé de littérature postcoloniale et postmoderne à l’université al-Aqsa de Gaza. Il a beaucoup écrit sur le conflit israélo-arabe, notamment dans des articles publiés par Znet, Electronic Intifada, Palestine Chronicle et Open Democracy. Il a publié des articles sur les études culturelles et la littérature dans un certain nombre de revues, notamment Nebula, Journal of American Studies in Turkey, Cultural Logic et Journal of Comparative Literature.
Source: Mondoweiss
Traduction ED pour l’Agence Média Palestine